samedi 25 mai 2019

Etienne Thévoz : Le bio tunisien souffre d’un déficit de communication

Par : WMC avec TAP

“La Tunisie a un énorme potentiel en bio, mais elle accuse un déficit en matière de promotion de ses produits et de son savoir-faire en la matière, en Europe et particulièrement en Suisse. Venez donc nous montrer ce que vous savez faire ! Venez séduire nos consommateurs”, tel est le message de l’ambassadeur suisse en Tunisie, Etienne Thévoz, aux responsables et professionnels tunisiens du BIO.
L’ambassadeur, qui participait à un débat autour du thème ” Le marché Bio en Suisse et en Europe et le potentiel tunisien, organisé vendredi à Tunis, par le Conseil des chambres mixtes de Tunisie, a aussi, fait savoir que la Suisse est le pays qui consomme le plus de produits bio par habitant et que le chiffre d’affaires du marché bio s’y établit à 2,4 milliards d’euros.
Il a rappelé que ce marché est des plus exigeants en termes de conformité aux normes.
Intervenant, le consultant international en produits Bio, Udo Bürk, a souligné que “chez plusieurs suisses, la Tunisie est toujours associée à l’image du désert, des chameaux et des plages. Parmi les produits Bio que vous commercialisez, on ne connait pratiquement que l’huile d’olive et les dattes. Un effort en marketing est nécessaire pour améliorer le positionnement de la Tunisie, sur le marché bio mondial en général et suisse en particulier”.
Ce constat de déficit d’image n’était pas très partagé par les responsables tunisiens présents. Ainsi le ministre de l’agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche, Samir Taïeb, a tenu à rappeler que “la Tunisie est le premier pays africain et arabe ayant mis en place une réglementation spécifique à l’agriculture biologique depuis 1999. Elle occupe, par ailleurs, le 1er rang africain en superficies agricoles biologiques et le 23ème rang mondial sur 181 pays pratiquant le bio”.
Elle est aussi le 1er pays mondial en terme de superficies oléicoles biologiques”.
Il a encore affirmé que “la Tunisie est aussi l’unique pays africain et arabe qui bénéficie de la reconnaissance d’équivalence avec l’Union européenne pour l’exportation des produits biologiques et ce depuis 2009. Elle bénéficie également de la reconnaissance avec la Suisse depuis 2011 et de la reconduction indéterminée sur ce marché depuis juin 2015”.
Et de poursuivre “avec près de 8.000 intervenants dans le secteur de l’agriculture biologique et plus de 336.000 ha de superficies certifiées bio, la Tunisie a réussi à réaliser un chiffre d’affaires de près de 700 millions de dinars à travers l’exportation notamment de l’huile d’olive et de dattes, mais aussi de 60 autres produits bio”.
“La vision 2030 et la stratégie 2016-2020 pour le bio visent à bâtir un modèle bio tunisien via le développement de 5 bio territoires pilotes, de 20 filières de l’agriculture biologique et de 24 circuits de bio-tourisme”.
De son côté, le président de la chambre syndicale des exportateurs de l’huile d’olive, Abdessalem Eloued, a affirmé que ” l’image folklorique des chameaux et des plages est une fierté pour les tunisiens, mais elle ne traduit aucunement le présent du pays qui enregistre des avancées énormes notamment en matière d’agriculture biologique”.
Il a, toutefois, considéré que le renforcement des exportations bio vers le marché suisse dépend fortement de la révision de certains accords commerciaux notamment celui qui régit l’exportation de l’huile d’olive.
“Nous avons négocié avec les suisses un contingent annuel de 1.000 tonnes d’huile d’olive mais nous n’arrivons à exporter réellement que 200 à 300 tonnes à cause de certaines barrières tarifaires relatives notamment à l’emballage. Nous avons revendiqué depuis 2012, la révision de cet accord qui engendre un manque à gagner pour nous, de plus de 10 millions de dinars annuellement mais rien n’a été fait dans ce sens”.
Eloued a également exhorté les professionnels du bio à se regrouper dans des chambres et des groupement professionnels à l’instar des filières de l’huile d’olive et des dattes, à travailler plus sur la certification et à veiller à une meilleure valeur ajoutée de leur produits.

samedi 18 mai 2019

SÉCURITÉ SOCIALE BERSET SIGNE UNE CONVENTION AVEC LA TUNISIE

Créé le 25 mars 2019


La convention conclue entre Berne et Tunis garantit aux assurés une large égalité de traitement et un accès facilité aux prestations sociales, ainsi que le versement des rentes à l'étranger.



Alain Berset a signé une convention de sécurité sociale lundi à Tunis avec le ministre tunisien des affaires sociales Mohamed Trabelsi. Le conseiller fédéral a été reçu par le président tunisien Béji Caïd Essebsi et le chef du gouvernement Youssef Chahed.

Alain Berset a été reçu par le président tunisien Béji Caïd Essebsi Image: Twitter @alain_berset

La convention signée à Tunis règle les relations entre la Suisse et la Tunisie en matière de sécurité sociale, a indiqué lundi le Département fédéral de l'intérieur dans un communiqué. Elle couvre la prévoyance vieillesse, survivants et invalidité, et répond aux normes internationales en matière de coordination des systèmes de sécurité sociale.

Ce texte garantit aux assurés une large égalité de traitement et un accès facilité aux prestations sociales. Elle permet encore le versement des rentes à l'étranger. Comme auparavant, les ressortissants tunisiens qui quittent définitivement la Suisse pourront renoncer à toucher une rente et demander à la place le remboursement de leurs cotisations.
Enfin, la convention facilite la mobilité des ressortissants des deux pays: elle permet d'éviter un double assujettissement aux systèmes de sécurité sociale respectifs. Elle entrera en vigueur dès qu'elle aura été approuvée par les parlements des deux États.
Alain Berset a également rencontré lundi le président Béji Caïd Essebsi et le chef du gouvernement Youssef Chahed. Ces rencontres ont permis de passer en revue divers aspects des relations bilatérales et de discuter de l'évolution politique et économique de la Tunisie.
Coopération culturelle
Lundi soir, après avoir rencontré le ministre des affaires culturelles Mohamed Zine El Abidine, Alain Berset devait lancer un programme régional de coopération culturelle pour l'Afrique du Nord. Le but de ce programme de la DDC est de promouvoir les échanges entre les acteurs culturels de la région.
Mardi, le conseiller fédéral va visiter deux projets qui s'attaquent aux difficultés économiques et sociales favorisant l'extrémisme violent et la radicalisation des jeunes. L'objectif de ces projets soutenus par la Suisse est d'offrir des perspectives d'avenir aux jeunes des banlieues défavorisées de Tunis, en leur proposant par exemple des activités culturelles.
Ces programmes sont mis sur pied en étroite collaboration avec les écoles, les autorités et les forces de sécurité locales. La Suisse investit chaque année près de 20 millions de francs dans la coopération au développement en Tunisie. (ats/nxp)

samedi 11 mai 2019

ENTREPRISE TUNISIENNE DE SPORTS D'HIVER Des snowboards dans le désert

Par Antoine Harari et Valeria Mazzucchi, Tunis, le 4 janvier 2019

Ancienne propriété de la marque suisse de snowboard Nidecker, la société tunisienne Meditec travaille aujourd’hui avec plus de 20 marques. Parmi elles, l'entreprise helvétique West.
Une employée de l'usine tunisienne de snowboards Meditec. (Antoine Harari) + vidéos disponibles sur l'article original source en bas de page. 
Arrivé en lisière d’une zone industrielle, à une dizaine de kilomètres de Tunis, le chauffeur de taxi s’arrête d’un coup. «Meditec, c’est ici», nous lance-t-il. Un bâtiment en tôle bleu s’élève derrière un mur d’enceinte. Le responsable de projet de l’entreprise, Rami Oueslati, vient à notre rencontre. 
Ce trentenaire dynamique s’empresse de nous montrer les différents ateliers où les snowboards sont conçus. Il nous emmène ensuite dans les bureaux du directeur, Ali Kouki. «Cette entreprise était en mains de Nidecker jusqu’en 2011. J’ai eu l’idée de la reprendre l’année suivante, en partenariat avec d’autres investisseurs. Mais l’usine existe depuis 1993 et nous avons gardé la plupart des employés historiques», explique cet ancien champion de kitesurf en Tunisie. Ici, une septantaine d’employés s’affairent autour des planches en bois qui seront transformées petit à petit en engins de glisse.

Un savoir-faire, sans neige

«Ici, même si nous avons des machines, la plupart des étapes se font à la main, explique Rami Oueslati. Au début, nos clients se méfiaient un peu, vu qu’il ne neige pratiquement jamais en Tunisie. Mais très vite, ils ont pu constater notre savoir-faire et notre rigueur». Quant aux employés, Rami Oueslati assure: «Nous leur montrons souvent des vidéos des snowboards qu’ils construisent. Même s’ils n’en ont jamais fait, ils sont très fiers de voir leurs créations à la télévision».

Tout en se dirigeant vers la presse qui permettra au snowboard d’épouser sa forme finale, le responsable de projet continue sa présentation: «Nous produisons près de 30’000 pièces par an. Si 70% des commandes restent liées à notre client historique Nidecker, nous utilisons le reste pour travailler avec des petites marques. Cela nous permet de leur donner un coup de pouce».
Parmi ces petites entreprises, on trouve West, une marque de snowboard romande née des rêves de quatre amis. David Lambert, ancien snowboardeur professionnel, Michel Kropf, Ferdinand Muraglia et Matthieu Rouiller. Chacun a partagé une expérience avec l’entreprise de ski Movement et le marché du ski. Hasard des choses, l’usine Meditec se trouve à quelques centaines de mètres de l’usine Movement. En pleine rénovation, ses propriétaires n’ont pas pu nous recevoir.

Davantage de créativité

Contacté par téléphone, David Lambert explique: «Notre entreprise est née de conversations que nous avions sur le milieu du snowboard et son manque de créativité. On trouvait également dommage qu’à part Nidecker, il n’y ait pas d’autre marque suisse qui produise des planches de snowboard».
D’environ 120 planches en 2014, la firme romande produit aujourd’hui plus de 1000 unités par an. «Nous avons fait le tour de ce qui a été fait lors de ces 30 dernières années. On y a ajouté les techniques les plus modernes et le matériau le plus haut de gamme pour arriver à un produit de qualité. Nous restons suisses, donc très pointilleux», explique David Lambert. 
Avouant sans peine avoir été «très exigeant au début de la production», il est conscient du paradoxe de fabriquer un pur produit de sports d’hiver dans le désert africain. «C’est la première remarque que nous font nos clients suisses allemands, confie-t-il en souriant. Nous produisons également des planches en Suisse, mais la pièce coûte près de 2000 francs au lieu de 600 francs! Il n’existe pas d’industrie pour ces produits chez nous, uniquement des artisans qui n’arriveraient jamais à délivrer la quantité de planches dont nous avons besoin».
Les quatre Romands pensaient d’abord ouvrir une entreprise en Suisse, mais les coûts étaient trop élevés. «Nous avions quatre solutions en tête, initialement plutôt en Europe. Mais la Tunisie nous a plu et l'environnement francophone était un vrai plus».
S’il ne peut pas encore vivre complètement de la vente des snowboards West, David Lambert est satisfait de leur croissance: «Cette année, nous produirons environ 1000 planches. Pour pouvoir s’y consacrer à 100%, on devrait être aux alentours des 5000, mais ce n’est pas forcément le but. On prend notre temps».

Développer la confiance

Du coup, les locaux suisses de l’entreprise sont pour l’instant installés dans un petit bureau de sa propre maison. Et les planches sont entreposées au magasin Lévitation à Martigny, propriété de Matthieu Rouiller, l’un des quatre partenaires. «En 2018, tout ce dont tu as besoin pour ouvrir ta boîte, c’est d’un téléphone et d’un ordinateur. Le reste, tu le fais à distance», observe David Lambert. En effet, en raison d’une relation de confiance toujours plus renforcée avec Meditec, le natif de Châtel-Saint-Denis, dans le canton de Fribourg, ne se rend en général qu’entre deux et trois fois par an en Tunisie.
Pourtant, petit à petit, la notoriété de West dépasse les frontières. Au printemps dernier, la marque a reçu la visite de l’ambassade helvétique à Tunis. Suisse Tourisme a également invités ses responables à la World Winter Sports Expo de Pékin cette année, où la Suisse était hôte d'honneur. En parallèle, de plus en plus de riders représentent la marque dans des compétitions. Parmi eux, la Suissesse Elena Koenz, qui a amené West sous le feu des projecteurs lors des derniers Jeux olympiques d'hiver à Pyongchang l'hiver dernier.

vendredi 3 mai 2019

La marque vaudoise Movement Skis slalome sur un nuage

Par Jean-Marc Croset, le 13 novembre 2016

Série: "des entreprises multiculturelles"Reprise par la société d’investissement Airesis, Wild Duck SA, à Puidoux, affiche de nouvelles ambitions.


En scrutant le ciel au dessus des Préalpes vaudoises, ces derniers jours, les gens de la marque Movement Skis avaient le sourire aussi large qu’un grand écart de saut freestyle. Après trois années de disette, les premières neiges abondantes de ce mois de novembre laissent présager un hiver radieux pour la société Wild Duck SA propriétaire de la marque, basée à Puidoux.


Dans les locaux à Puidoux, les collections de la marque Movement vont rapidement prendre le chemin des pistes.
Image: Patrick Martin


Wild Duck est un nom de légende pour toute une génération d’ados en sweat à capuche et «frocs XXL» qui ont découvert la glisse sur un snowboard. La marque s’est imposée au début des années 90 comme l’une des plus grandes au monde face au rollois Nidecker. «On a produit jusqu’à 30 000 planches la meilleure année», raconte Serge Baud, directeur général de l’entreprise fondée en 1981. Au départ, ce passionné de sport de glisse les fabriquait avec deux amis dans une ferme à Bussigny. Il n’avait pas 20 ans. L’aventure du «canard sauvage» dans le snowboard a duré 18 ans. Sentant le vent tourner dans ce marché qui comptait plus de 400 fabricants en période d’euphorie, Serge Baud et son investisseur de longue date, qu’il appelle «mon business angel», Richard Cattanéo, se tournent vers le ski.

La pomme de Guillaume Tell
La nouvelle gamme de skis, issue de trois ans de développement, est lancée en 2001 sous le nom de Movement. Son symbole: une pomme, en référence à Guillaume Tell, avec une croix suisse. Inspiré par les planches à neige, le design des skis rompt avec les canons traditionnels. Il permet au skieur un nouveau pilotage des lattes en courbes plus chaloupé. Après un essai infructueux de production en France, la société s’installe au Nord de l’Italie chez un fabricant traditionnel. Mais un incendie la contraint à s’exiler en Tunisie où ce dernier possède une seconde usine en zone franche, où elle retrouve... Nidecker!.
L’entreprise vit un nouveau tournant depuis l’an dernier. Elle a été rachetée par la société d’investissement Airesis, basée à Montreux, qui possède la marque Le Coq Sportif. et qui a déjà fait une expérience dans le domaine du windsurf et kitesurf. Actionnaire minoritaire, Serge Baud est resté à la tête du fabricant de skis avec de nouvelles ambitions.
Chaussures de ski
Sans vouloir s’engouffrer dans la piste des géants mondiaux, il ambitionne d’accroître les ventes à 40 000 paires de skis par année contre 25 000 à 30 000 ces dernières années. Le marché de Movement Skis est européen avec une quinzaine de pays. Mais la Suisse représente encore près de 40% des ventes. Depuis 3 ans, la société se développe également dans les chaussures de ski ainsi que les «produits satellites», casques et fixations. Elle compte aussi lancer un produit outdoor estival.
Wild Duck SA s’est allié dans les chaussures de ski à un petit fabricant italien indépendant, à qui elle fournit les moules, explique Serge Baud qui relève qu’il n’y a que huit entreprises au monde maîtrisant la fabrication des plastiques dans ce domaine.
En matière de skis, le fabricant veut aujourd’hui redynamiser le secteur freeski après s’être beaucoup développé dans le freerando (montagne). Il vient ainsi d’engager un nouvel ambassadeur de la marque, le double champion du monde de ski freeride Aurélien Ducroz, multiple vainqueur de l’Xtreme de Verbier, qui est aussi navigateur de voile. Le sportif originaire de Chamonix rejoint d’autres champions au sein du team Movement Skis et de l’équipe recherche et développement.
Si elle ne fait pas de ski pour enfants, la société - qui réalise près de neuf millions de chiffre d’affaires - dit couvrir 95% des pratiques du ski, de la piste à la randonnée, avec des modèles de course ultralégers. Un ski qui a gagné la Patrouille des Glaciers pèse 600 grammes pièce sans fixation (949 francs la paire) et le modèle des dévaleurs de pente de l’Xtreme (899.-) 2,2 kg par ski!
Les prix de l’ensemble de la collection - que l’on trouve uniquement dans des magasins spécialisés - se situent dans une fourchette de 499.- à 1100 francs pour un ski «customisé» de série limitée. Des prix que le directeur de la société veut maintenir accessibles dans une période marquée par plusieurs hiver sans neige, l’arrivée de nouveaux acteurs ainsi que les achats par internet qui attisent la concurrence et la guerre des prix. Un environnement qui a conduit la société a baisser ses prix débuts 2015 de 18% à 30% à la suite du nouvel envol du franc.
Materiel de Authier
Wild Duck SA conçoit ses nouveaux produits dans ses ateliers de Puidoux, où se situe également son centre logistique pour la Suisse. 23 personnes y travaillent, partagées entre une entité de vente (également d’autres marques) et l’unité de développement produits. L’usine de production en périphérie de Tunis, rachetée en 2004, emploie 80 à 100 employés selon la saison, avec un management local et italien. A noter qu’une partie des machines proviennent de l’ancienne usine Authier à Bière, qui, à l’époque, voulait reprendre Wild Duck et son activité snowboard. Une société suisse lui fournit les variétés de bois - d’essences multiples - pour les noyaux des lattes. La production s’est automatisée grâce à de nouveaux équipements, mais certaines tâches, telles que les contrôles de qualité et de cambrure des lattes se font encore sous l’oeil d’ employés... qui n’ont généralement jamais vu de neige. Sur les bords du Léman, leur collègues ne pourraient s’en passer.(TDG)