Créé: 29.03.2019
GenèveMoncef Kartas enquêtait, pour l’ONU, sur des trafics d’armes à la frontière entre la Tunisie et la Libye.
Un chercheur de l’Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID) a été arrêté à Tunis. Moncef Kartas a été mis en détention mardi soir à sa sortie de l’aéroport international de Tunis-Carthage. Il aurait été appréhendé par une douzaine d’agents des services de sécurité, selon le site tunisien «Univers News».
Image: DR
Le gouvernement tunisien a indiqué vendredi que Moncef Kartas est soupçonné d’espionnage. Tunis aurait ordonné l’arrestation de plusieurs personnes travaillant pour un pays européen, dont Moncef Kartas, suite à une longue filature et la saisie d’équipement pouvant intercepter des communications et suivre les mouvements de plusieurs personnalités.
Des sources estiment que cette arrestation serait plutôt liée au fait que Moncef Kartas enquête pour l’ONU sur les trafics d’armes à la frontière tuniso-libyenne. Le secrétaire général de l’ONU l’a nommé en 2016 membre du groupe d’experts des Nations Unies sur la Libye. Le rapport que prépare Moncef Kartas indiquerait que le blocus onusien sur les armes en Libye aurait été violé par la Turquie et le Qatar, via la Tunisie. Il épinglerait des leaders politiques tunisiens.
Moncef Kartas se trouvait régulièrement à Genève de 2005 à 2016. Le citoyen allemand, d’origine tunisienne, est titulaire d’un doctorat en relations internationales de l’IHEID depuis 2010. Il a par la suite collaboré avec Keith Krause, professeur du même institut, sur un projet financé par le Fonds national suisse portant sur les transformations des institutions sécuritaires dans le sillage du Printemps arabe en Tunisie, terminé en 2016. Moncef Kartas a aussi collaboré avec une ONG genevoise, Small Arms Survey, établie dans la Maison de la paix.
«Moncef est un chercheur reconnu et respecté de longue date. Je suis très surpris par les accusations d’espionnage à son encontre», estime Keith Krause. «Les autorités tunisiennes doivent le relâcher immédiatement ou au moins lui donner accès à un avocat», dénonce la directrice de Human Rights Watch pour l’Afrique du Nord, Sarah Leah Whitson.
«Nous sommes en contact avec les autorités tunisiennes pour connaître les raisons de son arrestation et de sa détention et les conditions dans lesquelles il est détenu. Les experts en mission pour les Nations Unies, comme Monsieur Kartas, sont couverts par la Convention sur les privilèges et immunités des Nations Unies», signale un porte-parole de l’ONU. Une source ajoute que le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, sera ce week-end à Tunis dans le cadre du sommet de la Ligue arabe et qu’il va demander des explications sur cette affaire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire