samedi 10 novembre 2018

La brutale dérive nocturne d’un Tunisien jugée à Lausanne

Par Fati Mansour. Publié lundi 28 septembre 2015 à 21:52.





Une victime qui résistait a eu le visage tailladé avec un couteau. Le prévenu, accusé de cinq brigandages aggravés commis durant la même nuit, voulait son téléphone. Récit d’audience

Les stigmates d’une violente nuit lausannoise
Vaud Une victime a eu le visage tailladé avec un couteau. Le prévenu voulait son téléphone

Devant la justice
On lui donnerait le bon Dieu sans confession. Poli, timide, tout en rondeurs. Et pourtant. Tarek, de son prénom d’emprunt, comparaît, tête très baissée, devant le Tribunal criminel de Lausanne pour une brutale virée nocturne. Une des victimes de cette série de cinq brigandages, le visage lacéré par plusieurs coups de couteau, porte encore les stigmates de ce déchaînement. «Je ne suis pas un ange, ni un diable», explique le prévenu qui ne se souvient pas de grand-chose mais veut bien tout avouer et tout regretter. «Ça fait du bien d’entendre des excuses», dira un plaignant quelque peu soulagé.

Les péchés

Né il y a 25 ans à Tunis, Tarek, habitué du séjour illégal et consommateur de stupéfiants de toutes sortes, cumule déjà des condamnations pour lésions corporel­les et bagarres. A Milan, notamment, où il a agressé un prêtre qui priait dans la rue. Dans la capitale vaudoise, il reconnaît avoir sévi avec un comparse – arrêté et détenu en Italie – durant cette nuit du 3 novembre 2013 à la recherche de téléphones portables et d’argent. Les victimes, menacées avec un couteau, ont été bousculées ou rouées de coups et délestées de leurs biens. «Ils étaient agressifs mais aussi assez affolés», explique un des molestés.
La deuxième cible de ce duo infernal, qui cheminait pour aller dormir chez sa grand-mère, ose la résistance. Le jeune homme, qui avait eu de récentes mésaventures tardives, s’était armé de deux poings américains et d’un cran d’arrêt apparemment oublié dans une poche. Ces objets interdits lui vaudront une procédure pénale qui est pour l’instant suspendue. Et ce n’est pas tout. Frappé à la tête, Tarek explique avoir réagi en faisant des «mouvements de balayage» avec son couteau. L’acte d’accusation du procureur Christian Buffat retient plutôt que le prévenu a poignardé sa victime à réitérées reprises à la main, au front, au nez, à la gorge et à l’arrière du crâne. Les plaies ont nécessité une quarantaine de points de suture.
A la demande du tribunal, le miraculé, représenté par Me Miriam Mazou, s’est approché des juges pour montrer ses cicatrices. Une longue balafre sur sa joue gauche et une autre sur son nez. Déjà fragilisé par une dépression et par la perte de sa place d’apprenti laborantin, le jeune homme a très mal vécu cette agression. La peur de sortir, la méfiance envers les étrangers, la gêne quand les enfants pointent du doigt son visage, tout lui est encore difficile. «Je vous souhaite du fond du cœur un bon rétablissement», répète le prévenu. La présidente lui suggère de lever la tête et de regarder sa victime lorsqu’il veut s’excuser.
L’alcool et la drogue aidant, Tarek, défendu par Me Pierre Charpié, assure qu’il ne se rappelle pas les détails de sa dérive. Il sait que les substances le rendent assez mauvais alors il doit bien admettre que tout cela est possible. En prison, il a continué à fumer du cannabis et s’est attiré quelques mises au cachot. Aujourd’hui, sa carrure massive et son esprit conciliant se dépensent dans la poterie et la cuisine. Après sa peine, que le tribunal fixera ce jeudi, le jeune homme veut rentrer au pays. Mais ça, c’est encore une autre histoire.


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