vendredi 25 janvier 2019

Un tribunal refuse de marier une retraitée suisse avec un jeune Tunisien

Le 20 mai 2016 



Le tribunal du canton suisse de Vaud a refusé d'enregistrer le mariage d'une retraitée suisse, âgée de 71 ans, et d’un jeune Tunisien, âgé de 21 ans. Selon le tribunal, le Tunisien n’a pas de sentiments amoureux pour la Suissesse et son objectif est de déménager en Suisse.

Selon la retraitée, elle avait déjà été mariée à un Camerounais de 13 ans son cadet, rapporte The Local.

"Je me suis déjà mariée en 1988 avec un Camerounais de 13 ans mon cadet. Un de ses cousins est venu et a semé la pagaille. Il battait sa femme et a entraîné mon mari dans une vie débridée. Nous avons divorcé", a-t-elle déclaré au journal suisse 20 minutes.

La Suissesse est rentrée en contact avec le Tunisien sur Facebook quand il avait 18 ans.

"On aime le rap, les balades dans la nature. Nous avons les mêmes idées", a-t-elle souligné.

 Ils se sont rencontrés pour la première fois lorsque la retraitée est allée en Tunisie pour fournir des documents à l'ambassade suisse en Tunisie pour enregistrer le mariage.

"Je ne peux pas vivre sans lui. Je veux l'épouser", a-t-elle déclaré.

Cependant, les juges suisses ne partagent pas la joie de leur concitoyenne. Fin avril, ils ont rejeté la demande d'enregistrement du mariage, en le considérant comme "une escroquerie sentimentale à but migratoire". D'après la législation suisse, ceux qui veulent se marier doivent soumettre leur demande à l'instance, selon le lieu de résidence, qui est chargée d'examiner s'il est possible d'enregistrer le mariage. D'après les lois suisses, un couple ne peut enregistrer un mariage pour "contourner la législation concernant la migration".




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samedi 19 janvier 2019

Un policier m’a dit : "Pour vous les Arabes, c’est fini la Suisse".

 28 octobre 2014 par Laure Siegel (Texte et Photos)

De Sfax à Strasbourg, l’odyssée d’un haraga tunisien

On les appelle les haragas, ceux qui "grillent" la mer. Z. est l’un d’entre eux : il a 38 ans, une mémoire des dates et des chiffres incroyable et une passion pour le sudoku. Ce Tunisien est arrivé en France au printemps 2011, quelques semaines après la révolution et le délitement du régime Ben Ali, et depuis vivote dans la capitale européenne. Cette chronique a été publiée initialement en novembre 2013 sur l'ancien site d'ARTE Journal et rien n'a vraiment changé en un an : Z. accepte toujours n'importe quel boulot, se fait réexpulser à l'occasion vers l’Italie et vit de café-clopes en rêvant de mariage et de voyage. De Sfax à Strasbourg en passant par Lampedusa, l’histoire d’un migrant qui pourrait être votre voisin. 



Je viens de Sfax, j’ai arrêté l’école à 17 ans parce que ça me faisait de la peine de voir mes parents trimer et je voulais les aider. Je détestais aller à l’internat aussi. J’étais seulement bon en histoire et en mathématiques, peut-être que j’aurais dû aller jusqu’au baccalauréat. Après, j’ai travaillé dix ans à l’université où j’étais responsable de la cafétéria des étudiants puis j’ai cumulé avec des courses de taxi pendant le Ramadan, les vacances, les week-ends. Les dernières années, je n’ai plus fait que chauffeur de taxi, ça payait mieux et j’aimais bien. 

Il y a quinze ans, j’ai commencé à faire des demandes de visas, mais ça ne marchait pas parce que je n’avais ni bon salaire, ni hébergement sûr, ni promesse d’embauche, … donc la France n’a aucun intérêt à m’accueillir. Un jour, un type dans un café m’a dit : "Tu me donnes 1 000 euros, je te fournis un faux visa". Je lui ai donné l’argent, mais il m’a carotté, je ne l’ai plus jamais revu. Normalement un visa ça coûte juste un timbre, autour de 45 dinars (20 euros) à l’époque. 

En 2001, j’ai pris un vol de Tunis pour Abidjan avec escale à Zurich. En Suisse, j’ai voulu partir pour prendre un train vers la France mais je n’ai pas réussi à sortir de la zone de transit. Un policier m’a dit : "Pour vous les Arabes, c’est fini la Suisse". C’était un mois après les attentats du 11 septembre. J’ai dû prendre le vol pour la Côte d’Ivoire où je suis resté dix jours puis je suis rentré chez moi. 

En juillet 2002, j’ai essayé d’obtenir un visa pour l’Allemagne, ça n’a pas marché non plus. J’ai commencé à m’intéresser aux bateaux même si sous Ben Ali, on risquait minimum deux ans de prison si on se faisait attraper en train de prendre la mer. Pour le passeur, la peine était encore bien plus lourde. Le président recevait de l’argent de la France pour arrêter les candidats à la migration. 
Début 2011, j’ai commencé à oublier cette idée de bateaux puis les manifestations ont éclaté. Elles ont commencé le 12 janvier à Sfax. C’était violent, je devais continuer à faire le taxi pendant les affrontements avec la police. Et puis la police a disparu, plus personne ne la commandait, il ne restait plus que les militaires le long des côtes. Dans un café, j’ai trouvé quelqu’un qui m’a dit "C’est 1000 dinars (450 euros) pour passer"



Fin mars, j’ai dit au revoir à ma mère, mon frère et ma sœur et je suis parti pour la plage de Djerba avec juste un peu d’eau et de lait. Je n’ai surtout pas emmené de papiers, pour ne pas risquer de les perdre et pour ne pas qu’on m’identifie à l’arrivée. Nous avions rendez-vous à 21h30, nous avons chacun donné l’argent au passeur qui l’a remis à son frère avant de monter avec nous. Nous étions 64, que des hommes, serrés comme des sardines, sur un petit bateau en bois de moins de 10 mètres. 
Quelques kilomètres après Djerba, un bateau de l’armée nous a arrêtés et les militaires nous ont ordonné de faire demi-tour. Ils nous ont aussi dit qu’il y allait avoir du vent une fois en pleine mer, et pour ça ils avaient raison, nous avons subi la houle plus tard. Mais nous ne voulions pas retourner sur la côte tunisienne, nous avons menacé de mettre le feu au bateau s’ils ne nous laissaient pas repartir. Nous avons commencé à balancer du gasoil au sol et ils nous ont dit "Ok, allez-y, faites ce que vous voulez".
Au milieu de la route, nous sommes tombés en panne à cause de la pompe à eau qui a lâché. L’eau a commencé à remplir le bateau, nous avons écopé avec les bidons de gasoil vides, et heureusement le passeur a réussi à réparer la pompe. Le voyage a duré 25 heures. On s’est raconté nos vies et nos rêves sur l’Europe.
Un bateau qui est parti en même temps que nous transportait 45 personnes. Il est aussi tombé en panne mais n’a pas réussi à repartir. Seuls trois gars ont été sauvés en s’accrochant à des bouts du bateau et ont été récupérés par le dernier bateau parti le même soir. Je les ai vus à Lampedusa, ce n’était pas beau à voir, ils avaient tout le corps, le visage troués parce qu’ils s’étaient fait bouffer par les petits poissons. Nous avons perdu beaucoup de gens dans la mer, c’est une catastrophe. 



Nous sommes arrivés à Lampedusa à 22h45 le lendemain. A 100 mètres du rivage, les bateaux des pompiers nous ont cherché. La police a détruit notre embarcation. Les malades ont été pris en charge par les ambulances puis ils nous ont emmenés au centre de rétention. La Croix-Rouge s’est bien occupée de nous, nous a donné à manger, des vêtements, des cigarettes mais le centre était plein à craquer. Tous les lits étaient occupés, les gens dormaient par terre et même sur les flancs de la montagne autour du centre. En 2011, 25 000 Tunisiens sont passés par Lampedusa, c’est énorme. 
Au bout de huit jours, ils nous ont dispatché dans plusieurs centres de l’Italie. J’ai été placé à Foggia avec un des copains de Sfax avec qui j’étais parti, j’ai eu de la chance. Il est à Paris maintenant. C’est un vrai copain, je ferais tout pour lui. A Foggia, il n’y avait pas beaucoup de monde, nous n’étions que deux par chambre, c’était plus vivable. Ils nous ont donné un permis de séjour pour l’Italie valable six mois. 

La journée, nous avions le droit de nous balader en ville puis le soir nous devions rentrer. Au bout de trois jours, je ne suis pas revenu au centre, j’ai pris le train pour Milan puis pour Lyon. Mais la police frontière est montée dans le train, m’a contrôlé et m’a fait descendre à Modane, juste à la frontière. Deux autres sans-papiers se sont faits choper dans le train, un autre Tunisien et un Turc. La police ferroviaire a pris nos empreintes, une photo et nous ont donné un papier d’obligation de quitter le territoire français. J’ai demandé au policier où je devais aller, il m’a dit "En Italie ou en France, je m’en fous." Ils nous ont donné à manger et nous ont relâché dans la nuit. 



J’ai appelé un ami qui habite à Strasbourg, je lui ai décrit le village où je me trouvais, il a trouvé sur Google Maps et il m’a dit de l’attendre, qu’il partait tout de suite et serait là au petit matin. Je suis resté toute la nuit dans la montagne, loin de la route, sous la pluie et dans le froid. A 7 heures, mon ami est arrivé et m’a ramené en France. 

Je n’ai pas demandé de papiers en France parce que je suis sûr à 100% que je ne les aurais pas : je n’ai pas de fiche de paie, ni de promesse d’embauche fixe, ni de mariage en vue et je n’ai pas les moyens de me payer un avocat. J’ai quelques amis tunisiens et un docteur français qui m’aide. 
Je savais que ça allait être dur mais je ne pensais pas que la loi serait aussi difficile à comprendre. Comme on dit chez nous, c’est comme "un mariage impossible" ce problème de papiers. J’aime la liberté plus que tout et je n’y ai pas droit. Je ne peux pas me balader près de la gare, à Homme de fer (la station de tram centrale de Strasbourg) ou au marché de Noël, il y a trop de policiers. Ce qui me fait le plus mal c’est de ne pas être libre. Vous êtes des gens, vous vous baladez comme vous voulez en Tunisie et nous ici on est quoi ? On est des animaux. 

J’ai d’abord passé six mois à Paris. A Pantin, une journaliste d’Al-Arabiya nous a proposé de l’argent pour répondre à une interview filmée sur les chantiers illégaux. Nous avons refusé. Je vivais dans un squat, bossais avec un Turc dans un magasin qui fournissait du matériel de chantier aux entreprises. Puis je suis revenu à Strasbourg, où je travaille sur des chantiers de démolition dans des petites entreprises, au black. 

Depuis que je suis en France, je me suis fait arrêter six fois. Mais en mai, j’ai été envoyé au centre de rétention de la région. J’y suis resté cinq jours, je suis passé devant le juge puis ils m’ont expulsé en Italie par avion. A Rome, ils m’ont à nouveau relâché, je suis allé à Milan et j’ai repris le bus pour Strasbourg. La douane en Suisse m’a laissé passer avec le permis de séjour italien périmé, le récépissé correspondant et mon passeport tunisien. C’est n’importe quoi, j’avais prévenu le juge que je reviendrais tout de suite après mon expulsion et qu’ils dépensaient de l’argent pour rien. 
Du mois de juin au mois d’août, je n’ai pas trouvé de travail, c’était difficile. En plus c’était le Ramadan, je ne mangeais pas, je n’avais pas d’argent mais je devais quand même fumer mon paquet et demi par jour. En Tunisie, je ne fumais que la chicha une fois par semaine, ici avec tout ce stress, je me suis mis à fumer énormément. J’ai l’aide médicale mais pas l’aide au logement, je vis dans un foyer de travailleurs. Je sais que je vais me faire expulser à nouveau, si ce n’est pas aujourd’hui, c’est demain. J’ai franchement une vie de merde en ce moment mais je suis quand même content. Je voyage, je veux construire ma vie et ça me fait tenir. 
J’aime la difficulté. Je me suis acheté des carnets de sudoku de plus en plus durs. Ça m’a même sauvé un jour. J’étais dans le tram en train de remplir une grille et des policiers sont montés dans la rame. Je suis resté concentré, ne laissant pas transparaître ma panique et ils ont passé à côté de moi sans me contrôler, sûrement parce que j’avais l’air d’un mec normal qui allait au travail.

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samedi 12 janvier 2019

Tunisie : Ode à la figue de Djebba au restaurant le Baroque



Le restaurant le Baroque a organisé,  mercredi 12 septembre, une réception afin de présenter aux gourmets la figue de Djebba, premier et unique fruit AOC de Tunisie.  La réception  a été offerte par l’ONUDI et l’Académie Nationale de Cuisine.




Rappelons que la figue de Djebba a obtenu le label AOC en 2012, par arrêté du Ministre de l’agriculture. Un nouveau dynamisme s’est développé aussi bien dans la zone de production elle-même que dans toute la région qui ne vit désormais plus que par et pour son précieux fruits.




Cette dynamique fait l’objet d’un soutien et d’un appui sans faille notamment pour  la production, la commercialisation et la promotion de ce fruit phare de la part des autorités et des organismes  d’appui à savoir la Direction Générale de la Production Agricole du ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, chargée de la mise en place et la promotion des Appellations d’origine contrôlée et des Indications de provenance en Tunisie , le GIFRUITS, Groupement Interprofessionnel des Fruits, chargé de la promotion des fruits labélisés ainsi que du projet PAMPAT, financé par le Secrétariat d’Etat à l’Economie Suisse et mis en œuvre par l’Organisation des Nations Unies pour les Développement Industriel et de l’ONTT, chargé de la promotion du tourisme alternatif dans les zones touristiques non traditionnelles.

« Il s’agit d’un projet de mise en valeur et de promotion des produits du terroir. Il est mis en œuvre par l’organisation des Nations Unies pour le développement industriel et est financé par la Suisse. On est aujourd’hui ici pour valoriser la figue de Djebba, avec l’aval du ministère de l’agriculture. On a choisit ce fruit parce qu’il s’agit du seul en Tunisie qui est d’appellation d’origine contrôlée (AOC). Il s’agit d’une variété unique dénommée Bouhouli qui est le seul fruit contrôlé, ayant un système de traçabilité. Cet événement est organisé en collaboration avec l’académie nationale de cuisine en Tunisie pour montrer au consommateur comment utiliser la figue de Djebba dans la cuisine» a déclaré à cette occasion Nuria Ackermann, Coordinatrice du projet PAMPAT Tunisie (ONUDI).




Les invités ont ainsi eu le privilège  de déguster des hors d’œuvre et des mets à base de figue, tous concoctés par de grands Chefs à l’instar de Mounir El Arem, Propriétaire du Baroque et  président de la délégation tunisienne de l’Académie nationale de cuisine française, Rafik Tlatli Co-fondateur de l’association des professionnels de l’art culinaire ou encore Michael Kargi, Chef cuisinier de l’ambassade de France.

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samedi 5 janvier 2019

Décès d’un pilier de l’armée, Béchir Turki

La Tunisie vient de perdre l’un des pères de l’armée tunisienne, le colonel Béchir Turki, ingénieur en électronique spécialiste des systèmes de transmission et radars, né à Mahdia le 21 Mars 1931.

Ancien du Collège Sadiki, Béchir Turki avait reçu une formation d’officier à l’école militaire spéciale de Saint-Cyr, à l’école pratique de renseignements de Montargis, à l’école supérieure technique de renseignements de Pontoise et enfin à l’Ecole de guerre de Paris. Egalement ingénieur en radar, il a été à la tête de la direction des renseignements généraux au ministère de la Défense, puis à celui de l’Intérieur.
Major de promotion, il a eu pour mission de bâtir avec ses compagnons la jeune armée nationale de la Tunisie indépendante dès 1956, ainsi que l’implantation des premiers systèmes de transmission sans fil militaires et civils de la Tunisie ERTT, de Bizerte à Borj Khadhra.
Suite à des divergences politiques avec sa hiérarchie, il fut contraint à l’exil en Suisse, comme réfugié politique. Il est, depuis, consultant international pour les questions de sécurité et de guerre électronique.
Ancien militaire atypique, Béchir Turki est l’auteur du livre “Ben Ali le ripou” et d’un autre ouvrage intitulé “Eclairage sur les recoins sombres de l’ère Bourguibienne”.
Suite à une complication cardiaque chronique, le colonel Béchir Turki est décédé le matin du 23 octobre 2018. Il sera inhumé demain mercredi 24 octobre 2018 à Sidi Daoud.
Que Dieu ait son âme !
Ameni Fraj