Paru le 18 novembre 2017
KEYSTONE/AP/FRANCOIS MORI
(sda-ats)
Le couturier franco-tunisien Azzedine Alaïa est décédé à l'âge de 77
ans. Il s'est fait connaître dans les années 1980 avant de poursuivre
son travail hors système, loin des calendriers de défilés et de la
presse, grâce à un réseau de clientes très fidèles.
Son décès, annoncé par l'hebdomadaire le Point, et confirmé par la
Fédération de la haute couture et de la mode, a entraîné de multiples
hommages.
"C'est un couturier de grand talent qui s'en va", a déclaré le
couturier Pierre Cardin. "Petit par la taille mais immense dans la mode.
Adieu Azzedine Alaïa", a réagi la créatrice et ancien mannequin Inès de
la Fressange sur Twitter.
Pour l'ancien ministre de la Culture et président de l'Institut du
Monde Arabe (IMA) Jack Lang, "Azzedine savait mieux que quiconque
sublimer les femmes". "Il les aimait et elles, en retour, lui vouaient
une vénération infinie", a-t-il déclaré sur son compte Facebook.
Défilés en petit comité
Allergique à la promotion, ce petit homme discret, invariablement
vêtu d'un costume chinois passe-partout, avait le luxe de se passer de
publicité. Ses rares défilés se déroulant en petit comité dans son
atelier-boutique du Marais.
"J'aime les femmes. (...) Je ne pense pas toujours à faire des
nouveautés, à être créatif, mais à faire un vêtement pour que les femmes
soient belles", avait expliqué le couturier en 2013, à l'occasion d'une
rétrospective de son oeuvre au Musée Galliéra.
Alaïa concevait ses vêtements en trois dimensions, se servant peu du
dessin. Il faisait beaucoup de sur mesure, en haute couture, mais aussi
du prêt-à-porter, contournant le diktat du renouvellement systématique à
chaque saison: il lui arrivait de proposer la même robe "indémodable"
deux ans d'affilée.
Jeune homme au pair
Le créateur était né en Tunisie autour de 1940 mais cultivait la
coquetterie quant à sa date de naissance précise. "J'ai l'âge des
pharaons. Les dates, je les ai effacées", disait-il.
Etudiant la sculpture aux Beaux-Arts de Tunis, ce fils d'agriculteurs
commence à travailler pour une couturière de quartier. Débarquant à
Paris à la fin des années 1950, il travaille brièvement chez Dior et
chez Guy Laroche.
Jeune homme au pair, il commence à habiller des femmes du monde dont
il devient souvent le confident. Elles lui présentent Arletty, l'une de
ses muses, et même "la" Garbo.
Silhouette des années 1980
Le couturier contribue largement à définir la silhouette féminine des
années 1980, à l'assurance sexy, en inventant le body, le caleçon noir
moulant, la jupe zippée dans le dos, des modèles copiés à l'infini. Ses
robes seconde peau sont à la fois provocantes et distinguées.
Les célébrités se l'arrachent, notamment la sculpturale Grace Jones
qui pose dans ses vêtements sous l'objectif de Jean-Paul Goude. En 1989,
c'est lui qui commande à Alaïa la toge-drapeau portée par la cantatrice
Jessye Norman pour le défilé du Bicentenaire de la Révolution
française.
Avec le géant suisse Richemont
En 2000, il signe un accord avec Prada qui lui permet de se
développer, mais dont il se dégage sept ans plus tard, préférant
s'adosser au géant suisse du luxe Richemont.
Son ultime défilé avait été présenté en juillet et ouvert par Naomi
Campbell, protégée du couturier, qui l'appelait affectueusement "papa".
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