Chaque semaine, L'illustré rencontre une personnalité au coeur de l'actualité culturelle romande. Aujourd'hui: la chanteuse Soraya Ksontini, qui sort un second CD électro-délicat.
Jean-Blaise Besençon
En 2012, la chanteuse avait confié à Maxime Steiner la réalisation de son premier EP, Soraya and Me, quatre titres de chansons folk, dont une ballade belle à pleurer, Ya Weldi.
Le nouveau a été réalisé avec la complicité d’un autre magicien du
studio, Christophe Calpini; mais Soraya Ksontini signe cette fois toutes
les compositions et tous les textes, «sauf un parce que je n’écris pas
en arabe».
Joliment, le disque s’appelle Monsieur. «Monsieur tout
court, dit-elle en riant! C’est un disque porté par des figures
masculines, celle de mon père bien sûr, dont je suis très proche, mais
aussi d’autres hommes que je vois comme des muses, des inspirateurs. On
dirait des chansons d’amour, mais ce qu’il y a vraiment derrière, ce sont des quêtes personnelles.» Ainsi vont Les fantômes de l’exil,
chanson clé de l’album, qui pose la question: «Est-ce que l’on peut
vivre un exil heureux?» «Ça m’intéresse énormément, explique Soraya, née
en Suisse en 1982 de parents tunisiens. Ce n’est pas un hasard si je me
suis orientée vers l’anthropologie, qui recouvre tout ce qui me
passionne.» Et maintenant qu’elle a achevé ses études par un master,
elle se réjouit d’avoir davantage de temps («un grand luxe») à consacrer
à la musique. Quinze ans de cours de piano au Conservatoire ont formé
sa culture classique et chanter semble aussi naturel que son rire: «A 5
ans, je m’enregistrais déjà, sur minicassette! J’aime davantage faire de
la musique que d’en écouter.»
Douée d’une voix douce, vive et sensuelle, Soraya s’était retrouvée
en 2007 en finale de la Star Academy Maghreb. «Une aventure
extraordinaire même si, côté médiatique, face à cette célébrité
immédiate qu’apporte l’émission, je me sentais un peu décalée…»
L’univers de la chanteuse est sans doute plus personnel, moins formaté.
«Je ne veux plus chanter en anglais, ce que je fais, c’est de la chanson
arabo-française, avec un petit peu d’électro pop. Pour la production,
j’aime bien le son des Anglais.» Côté inspiration, «je compose dès que
j’ai une idée, tout par oral, je fredonne une musique, une phrase, mon
téléphone est un grand puits plein d’idées. En réécoutant je me dis: là
il y a une chanson, parfois c’est le premier jet.»
Avant les concerts prévus à l’automne, Soraya Ksontini se réjouit
de voyager toujours à la découverte d’une moitié de sa culture. «A
Beyrouth, à Rabat, il se passe plein de choses musicalement. Et puis
j’ai envie d’améliorer ma lecture de l’arabe et ma connaissance de cette
musique aussi. Je veux vraiment enrichir ma culture arabe. La création,
c’est une recherche de liberté.» 
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