vendredi 30 novembre 2018

Suisse: Un étudiant tunisien reçoit le prix de la meilleure moyenne à l’EPFL de Lausanne

Par W.J Publié le 17 septembre 2018 - 12:57:15




L’Ambassade de Suisse en Tunisie a rendu hommage ce lundi 17 septembre 2018 à un jeune étudiant tunisien, prénommé Wassim Dhaouadi récompensé par la prestigieuse Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), après avoir reçu le Prix de la meilleure moyenne toutes sections confondues avec une moyenne de 5,87 sur 6.


Wassim Dhaouadi est Bachelor en Génie Mécanique. Il a été honoré à l’EPFL au cours d’une cérémonie à laquelle l’ambassadeur de Tunisie en Suisse, Mourad Bourehla a pris part.


« Investissez de l’effort, Plus vous investissez plus vous serez récompensés:
-La motivation, peut nous porter loin, la même où nous imaginons inatteignable. 
-Le travail, seul chemin légitime de la réussite et de l’accomplissement.
-La passion, source d’épanouissement, rien ne s’accomplit sans.
Mes remerciements a tous ceux qui m’ont instruit et supporté ces dernières années.
Mes remerciements à son Excellence l’Ambassadeur de Tunisie en Suisse Mr. Mourad Bourehla pour sa présence et ses félicitations.« Ainsi étaient les paroles de reconnaissance de l’étudiant après sa réussite.










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samedi 24 novembre 2018

Qui est le nouvel Ambassadeur de Suisse en Tunisie, Etienne Thévoz

Publié le 15 octobre 2018


C’est un diplomate de carrière, Etienne Thévoz, arabisant et africaniste que la Confédération suisse a désigné pour succéder à Rita Adam, en tant qu’ambassadeur à Tunis. A 62 ans, il aligne une expérience de 30 ans au sein de la diplomatie suisse. Originaire de Missy dans le Canton de Vaud, natif de Lausanne (1956) et titulaire d’une Licence ès Lettres de l’Université de Genève, il rejoindra dès 1988 le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) et se verra confier après une année de stage le dossier Monde arabe.
De 1993 à 1996, Etienne Thévoz a suivi les dossiers politiques et la IVème Commission des Nations auprès de la Mission suisse d'observation à New York. En 1997, il a été transféré à Ryad en qualité de Premier collaborateur du Chef de mission, activité qu’il a également exercée de 2001 à 2004 à l’ambassade de Suisse en Belgique. Nommé Ministre en 2004, M. Thévoz est retourné à Berne pour y occuper le poste de Suppléant du Chef de la Division politique II Afrique/Moyen Orient.
En 2007, M. Thévoz est parti à Yaoundé en qualité d’Ambassadeur de Suisse au Cameroun, RCA et Guinée équatoriale. Après cette affectation en Afrique sub-saharienne, il ira dans les pays du Golfe. C’est ainsi qu’il sera successivement avant Ambassadeur de Suisse au Koweït et Bahreïn de 2011 à 2015, au Qatar jusqu’à l’été 2018.
M. Thévoz est marié et père de deux enfants. De langue maternelle française, il maîtrise l’allemand, l’anglais et est également arabisant.

samedi 17 novembre 2018

Un Suisse heureux au milieu de ses vignes et de ses oliviers bio

Publié le 17. SEPTEMBRE 2018 - 17:33 par Rachid Khechana, Tunis
Au départ, il cherchait juste un ancrage pour son bateau. Aujourd’hui, avec ses deux associés, il exploite un domaine agricole bio. Histoire d’un coup de cœur pour la Tunisie.
David Rachex (à gauche), avec ses associés tunisien, français et suisse.
(swissinfo.ch)
Lorsqu’ils arrivent pour la première fois en Tunisie, à Hammamet, David Rachex, sa femme abPeggy et leurs deux garçons aujourd’hui âgés de 15 et 18 ans, ne cherchent rien d’autre qu’un anneau pour l’hivernage de leur bateau.
Mais très vite, la famille succombe au charme de la région. En partenariat avec deux autres promoteurs, un Tunisien et un Suisse, elle décide de valoriser un domaine agricole, à Takelsa, et d’y développer un projet d’arboriculture fruitière biologique.
Quatre ans après, les affaires ont prospéré. Aujourd’hui, la société «Bio Natura», chargée de la gestion de cette exploitation, exporte, avec succès, des produits de terroir bio. David Rachex raconte son parcours d’investisseur.

swissinfo.ch: Pourquoi avez-vous choisi de venir en Tunisie?

David Rachex: Quand nous sommes arrivés en 2007, c’était un peu par défaut. Nous cherchions une place pour l’hivernage de notre bateau, et nous ne l’avions pas trouvée en France à l’époque. Tout le monde nous disait de venir tenter notre chance en Tunisie, à la marina d’Hammamet.
Après quatre journées passées ici, nous sommes repartis enchantés. Il y a vraiment eu un coup de cœur. Nous avons compris que ce pays est complètement différent de l'image qu’on pouvait en avoir depuis l'Europe.
David Rachex en famille.
(swissinfo.ch)

Comment vous en êtes venu au projet agricole à Takelsa?

Notre ami Chiheb Khiari, qui est un promoteur à Tunis, m’a emmené un jour au Cap Bon [province agricole à l’est de la capitale] et m’a dit: «écoute, je te présente ce terrain, c’est le mien. Je voudrais y développer un projet agricole avec toi».
En arrivant sur place, j'ai eu un autre coup de cœur. L’emplacement est magnifique, mais ni moi ni notre partenaire suisse Jean Follonier n’avions la moindre expérience dans ce domaine. J’ai dit: «l'idée me plait beaucoup, mais je ne suis pas capable, je n'ai pas les compétences pour cela». Chiheb m’a répondu que faire du vin, cela pouvait s’apprendre, comme tout le reste.
On avait le terrain et les hommes, ne restait que l'envie. Nous sommes donc partis sur ce projet un peu fou, à Takelsa. Le terrain fait 90 hectares au total et à ce jour, nous en exploitons 25, dont 14 de vignes. C'est un environnement vraiment privilégié pour l'agriculture.

Comment se sont passés les premiers pas?

On a commencé à zéro. On a constitué la société, puis on a équipé les routes d'accès, installé un système d'irrigation et, bien sûr, planté des arbres: trois ans de travail.

Combien d'arbres avez-vous planté?

8000 oliviers, des grenadiers, des figuiers de barbarie, des amandiers et trois cépages de vigne sur la totalité des 14 hectares. On a également développé toute une filière par rapport à la stevia [plante dont on tire un édulcorant naturel] qui a le vent en poupe au Japon et aux Etats-Unis et même en Europe en ce moment.

Avez-vous souffert des tracasseries administratives en Tunisie?

En général, l'administration tunisienne est très compliquée, même si les individus en eux-mêmes font tout ce qu’ils peuvent pour vous aider. Le mécanisme demeure très lourd. C’est vraiment fatigant quand on n’y est pas habitué.
Par exemple, quand on a affaire à la douane pour importer ou exporter, c'est très compliqué. Avant la révolution, on était facilement approchés par des fonctionnaires corrompus du régime de l’ancien président.
Nous sommes une société et je ne suis pas le seul investisseur. Notre credo est de faire les choses avec rigueur et dans la légalité. C’est pourquoi, je m’étais interdit d’être tenté par tout recours aux moyens illégaux. Je ne pouvais pas engager mes associés dans de telles voies, car à mon avis c'est une vision à court terme. Parce qu’un jour ou l'autre il y aura un retour de manivelle.
Derrière la haie, le domaine des vignes et des fruits.
(swissinfo.ch)

Donc, vous avez résisté et refusé de jouer le jeu des corrupteurs?

Oui bien sûr, mais c'est dommage que la corruption ait été si répandue avant la révolution. Il y a beaucoup d'investisseurs qui ont essayé de lancer des projets ici mais ils ont très vite jeté l’éponge à cause de ce fléau. Car quand on veut exporter, la coopération avec des services administratifs et douaniers professionnels et intègres est capitale pour le succès de tout projet.

samedi 10 novembre 2018

La brutale dérive nocturne d’un Tunisien jugée à Lausanne

Par Fati Mansour. Publié lundi 28 septembre 2015 à 21:52.





Une victime qui résistait a eu le visage tailladé avec un couteau. Le prévenu, accusé de cinq brigandages aggravés commis durant la même nuit, voulait son téléphone. Récit d’audience

Les stigmates d’une violente nuit lausannoise
Vaud Une victime a eu le visage tailladé avec un couteau. Le prévenu voulait son téléphone

Devant la justice
On lui donnerait le bon Dieu sans confession. Poli, timide, tout en rondeurs. Et pourtant. Tarek, de son prénom d’emprunt, comparaît, tête très baissée, devant le Tribunal criminel de Lausanne pour une brutale virée nocturne. Une des victimes de cette série de cinq brigandages, le visage lacéré par plusieurs coups de couteau, porte encore les stigmates de ce déchaînement. «Je ne suis pas un ange, ni un diable», explique le prévenu qui ne se souvient pas de grand-chose mais veut bien tout avouer et tout regretter. «Ça fait du bien d’entendre des excuses», dira un plaignant quelque peu soulagé.

Les péchés

Né il y a 25 ans à Tunis, Tarek, habitué du séjour illégal et consommateur de stupéfiants de toutes sortes, cumule déjà des condamnations pour lésions corporel­les et bagarres. A Milan, notamment, où il a agressé un prêtre qui priait dans la rue. Dans la capitale vaudoise, il reconnaît avoir sévi avec un comparse – arrêté et détenu en Italie – durant cette nuit du 3 novembre 2013 à la recherche de téléphones portables et d’argent. Les victimes, menacées avec un couteau, ont été bousculées ou rouées de coups et délestées de leurs biens. «Ils étaient agressifs mais aussi assez affolés», explique un des molestés.
La deuxième cible de ce duo infernal, qui cheminait pour aller dormir chez sa grand-mère, ose la résistance. Le jeune homme, qui avait eu de récentes mésaventures tardives, s’était armé de deux poings américains et d’un cran d’arrêt apparemment oublié dans une poche. Ces objets interdits lui vaudront une procédure pénale qui est pour l’instant suspendue. Et ce n’est pas tout. Frappé à la tête, Tarek explique avoir réagi en faisant des «mouvements de balayage» avec son couteau. L’acte d’accusation du procureur Christian Buffat retient plutôt que le prévenu a poignardé sa victime à réitérées reprises à la main, au front, au nez, à la gorge et à l’arrière du crâne. Les plaies ont nécessité une quarantaine de points de suture.
A la demande du tribunal, le miraculé, représenté par Me Miriam Mazou, s’est approché des juges pour montrer ses cicatrices. Une longue balafre sur sa joue gauche et une autre sur son nez. Déjà fragilisé par une dépression et par la perte de sa place d’apprenti laborantin, le jeune homme a très mal vécu cette agression. La peur de sortir, la méfiance envers les étrangers, la gêne quand les enfants pointent du doigt son visage, tout lui est encore difficile. «Je vous souhaite du fond du cœur un bon rétablissement», répète le prévenu. La présidente lui suggère de lever la tête et de regarder sa victime lorsqu’il veut s’excuser.
L’alcool et la drogue aidant, Tarek, défendu par Me Pierre Charpié, assure qu’il ne se rappelle pas les détails de sa dérive. Il sait que les substances le rendent assez mauvais alors il doit bien admettre que tout cela est possible. En prison, il a continué à fumer du cannabis et s’est attiré quelques mises au cachot. Aujourd’hui, sa carrure massive et son esprit conciliant se dépensent dans la poterie et la cuisine. Après sa peine, que le tribunal fixera ce jeudi, le jeune homme veut rentrer au pays. Mais ça, c’est encore une autre histoire.


samedi 3 novembre 2018

Riadh Bezzargha : «Les opérateurs tunisiens doivent aller à l’international en conquérants et non en concurrents»

Par : Amel BelHadj Ali 

Réconcilier le Tunisien avec l’Administration ! Un vœu pieux tant notre administration, jadis des plus performantes dans le monde arabo-musulman, a été vicié et gangrené par des partis omniprésents, intervenant dans tout, se mêlant de tout et dont l’une des premières tâches auxquelles ils se sont attelés a été la marginalisation des compétences pour y mettre les parvenus grâce aux allégeances. 


 Fort heureusement, il y en a qui échappent au lot, qui ont fait du travail leur religion et de la Tunisie leur foi.
Riadh Bezzarga, directeur coordinateur du Fonds d’appui à la compétitivité et au développement des exportations “TASDIR+“, financé par la Banque mondiale, est décidé à consolider la présence de l’entreprise tunisienne à l’international pas en Afrique seulement -où le taux de croissance atteint les 8% par an- mais sur les marchés lointains tels le Brésil, la Chine, le Japon ou encore l’Indonésie.
En fait, partout où les produits tunisiens peuvent être convoités et où les opérateurs économiques peuvent identifier des niches, s’implanter et se projeter ne se limitant pas à des actions ponctuelles.





WMC : Tasdir+, c’est la phase finale du programme de soutien à l’export financé par la Banque mondiale (BM). Quelle est l’approche de Riadh Bezzarga pour la mener à terme et optimiser ses résultats ?

Riadh Bezzarga : Tout d’abord plantons le décor. Tasdir+ pèse 17 millions d’euros. C’est un programme financé par la Banque mondiale. Son objectif principal est de soutenir nos opérateurs privés à diversifier leurs marchés à l’export.
Exporter oui, mais il ne s’agit pas que de cela, il est aussi important de varier les marchés et de bien positionner nos entreprises à l’international à travers des antennes commerciales et surtout de manière très étudiée pour ne pas rater le coche.
Donc, en ce qui nous concerne, nous accompagnons les entreprises en réalisant des business-plan que nous leur proposons, pour qu’elles adoptent les meilleures stratégies sur les marchés porteurs.
Contrairement au FOPRODEX (‘Fonds de promotion des exportations, NDLR) et aux actions du CEPEX (Centre de promotion des exportations), programmes d’opportunités que l’entreprise sollicite pour un soutien financier et technique sur le court terme, nous, nous proposons un programme technique qui s’étale sur une année.
Nous intervenons également au niveau de la certification des produits à exporter et facilitons l’accès au réseau d’acheteurs.
Les opérateurs qui réussissent à identifier les personnes ressources et à tisser des liens professionnels solides sur place peuvent réussir la gageur de s’installer durablement sur un marché.
Pour nous, s’attaquer à tous ces axes avant de convoiter un marché est indispensable. C’est cette ceinture qui permet de sécuriser l’investissement.

Quand vous dites ceintures, il s’agit de quoi exactement ?
Nous ne sommes pas dans la logique du menu mais dans celle des programmes à la carte. Nous avons, pour chaque entreprise, deux types de ceintures. La première est individuelle. L’entreprise vient à nous et nous sollicite pour l’accompagner sur tel ou tel marché. Nous lui offrons une subvention et un appui technique. La subvention peut atteindre les 150.000 dinars pour chaque entreprise ; ensuite, nous assurons le suivi pour que, une fois son business-plan bouclé, elle puisse atteindre ses objectifs.
L’autre ceinture touche les filières. Nous appuyons les secteurs par filières (agroalimentaire, textile, services, composants automobiles, etc.).

Pensez-vous que l’adhésion de la Tunisie au COMESA pourrait offrir de nouvelles opportunités à nos exportateurs avec votre soutien ?
Quand les opérateurs veulent accéder à une zone difficile, ou un marché lointain, ils viennent vers nous et expriment leur volonté de s’y implanter. Avec aujourd’hui l’adhésion de notre pays au COMESA (Marché commun des pays d’Afrique de l’Est et australe, NDLR), ils peuvent, grâce à notre appui logistique, y développer leurs activités tous seuls ou via des partenariats.
il nous faut, en tant que Tasdir+, atteindre le chiffre de 600 entreprises parrainées par notre programme qui s’étale sur 5 ans.
Qu’il s’agisse de l’appui individuel ou de l’appui par filière, il nous faut, en tant que Tasdir+, atteindre le chiffre de 600 entreprises parrainées par notre programme qui s’étale sur 5 ans.
L’enjeu ou le défi pour nous est de prouver, par A + B, que les entreprises soutenues par Tasdir+ ont été performantes. C’est-à-dire qu’elles ont fait plus d’exportations que d’autres et ont réussi leur politique de diversification en accédant à des marchés qui sont difficiles.
Il s’agit pour nous de les accompagner de manière à ce qu’elles deviennent plus compétitives et qu’elles occupent des positions honorables sur les marchés conquis. Il y a une cellule export qui a pour unique mission de les accompagner à tous les niveaux.

Est-ce que vous avez des programmes spécifiques PME/PMI et d’autres grands groupes ?
Nous traitons de la même manière tous les acteurs économiques concernés par notre programme. Nous adoptons une approche qui nous est propre : actuellement que nous sommes à mi-parcours, nous réalisons que le programme est un succès grâce aux évaluations régulières auxquelles nous procédons.
Les entreprises appuyées par Tasdir+ durant les deux premières années réussissent mieux que d’autres qui ne le sont pas. Et là je parle chiffres à l’appui. Mais nous pouvons mieux faire, et c’est la raison qui nous a incités à revoir notre process et à procéder à la restructuration du programme.
au terme de l’achèvement du contrat de partenariat, les entreprises font une baisse sur les marchés où elles se sont implantées, ça n’a pas de sens, car au cœur du programme il y a le principe de la pérennisation de l’œuvre entrepreneuriale.
Nous tenons à maximiser nos résultats, or diagnostic établi, nous avons réalisé qu’il y a deux volets importants à prendre en considération : l’accompagnement ne s’est pas fait sur le long terme. Conséquence, au terme de l’achèvement du contrat de partenariat, les entreprises que nous avons soutenues font une baisse sur les marchés où elles se sont implantées. Cela n’a pas de sens, car au cœur du programme il y a le principe de la pérennisation de l’œuvre entrepreneuriale.
L’autre volet c’est celui de l’instauration, au sein de nos propres institutions tunisiennes, des bonnes pratiques en formant notre administration à être plus imaginative, plus souple, plus réceptive et moins procédurale
Le FAMEX (Fonds d’accès aux marchés extérieurs, NDLR) ou Tasdir+ n’étant pas éternels, nous avons donc conçu un modèle d’accompagnement intelligent de manière à ce que nos entreprises ne soient pas durablement dépendantes des appuis du programme et de ses fonds pour exister sur les marchés conquis ou convoités lorsque notre partenariat, avec elles, prendra fin.
L’autre volet c’est celui de l’instauration, au sein de nos propres institutions tunisiennes, des bonnes pratiques en formant notre administration à être plus imaginative, plus souple, plus réceptive et moins procédurale pour faciliter autant qu’elle le peut le travail de nos opérateurs.

Tasdir+ peut-il entreprendre des actions dans le cadre d’une politique plus agressive en matière de diplomatie économique ?
La diplomatie économique doit être portée par nombre d’institutions. Notre ministère des Affaires étrangères a mis en place toute une stratégie pour la développer, et c’est très bénéfique pour nos acteurs économiques à l’export. Tasdir+ est un programme avec une deadline et des objectifs à atteindre. Nous, nous sommes dans l’encadrement de nos entreprises, nous sommes leurs relais.
Si elles ont des problèmes au niveau du transport maritime, avec les administrations publiques ou avec la BCT dans le transfert de fonds, nous recueillons ces informations et nous nous adressons aux institutions concernées pour leur donner un coup de main. Mais notre mission ne consiste pas à résoudre leurs problèmes à ces niveaux. Nous ne voulons pas nous disperser.
Nous restons un programme de soutien à l’export, et c’est dans ce cadre que nous intervenons. C’est pour garantir une efficience maximale à nos actions.
Nous aurions aimé avoir ne serait-ce qu’un petit centre opérationnel regroupant les ministères du Commerce, du Transport, des Affaires étrangères, de la Coopération internationale, les Douanes et la BCT
Théoriquement, l’échange des informations existe au niveau de certaines institutions, et il y a des cellules dont la mission consiste pour chacune à faciliter le travail de l’opérateur, mais peut-être que ce qui nous manque est de savoir et de pouvoir orchestrer tout cela de manière harmonieuse et adaptée aux contextes national et international.
Nous aurions aimé avoir ne serait-ce qu’un petit centre opérationnel regroupant les ministères du Commerce, du Transport, des Affaires étrangères, de la Coopération internationale, les Douanes et la BCT pour plus de réactivité de la part de nos différentes administrations aux attentes des opérateurs privés.

Qu’avez-vous fait vous-même pour satisfaire aux exigences du contexte économique national, régional et international ?
Nous avons mis en place, en coordination avec le CEPEX, un système de vases communicants pour que la masse d’informations que nous recueillons sur les entreprises qui nous sollicitent et sur les marchés dans lesquels elles sont installées ou qu’elles convoitent soit bien structuré et ciblé. Aujourd’hui, nous avons une plateforme et un logiciel qui gère toutes les informations touchant au programme Tasdir+ : entreprises, marchés concernés, appui aux entreprises, mode d’appui, mode de sélection, produits, suivi des entreprises. Tout cela est digitalisé et est enregistré et archivé au CEPEX, ce qui n’a jamais été fait auparavant.
Deuxièmement, nous avons procédé à un nouveau mode de sélection pour ce qui est des entreprises et qui garantit une évaluation rigoureuse du programme. Nous nous sommes inspirés d’une méthode appliquée par la Banque mondiale qui consiste en un nouveau mode de sélection baptisé “Random Selection“. Il s’agit d’une méthode qui doit garantir une sélection aléatoire d’un échantillon d’opérateurs, soit des entreprises que nous choisissons au hasard pour faire partie du programme et nous procédons à une évaluation a posteriori.
Avant d’adopter cette méthode, il y avait des critères d’éligibilité. L’entreprise postule et nos experts se déplacent sur place et voient par eux-mêmes si elle répond réellement aux critères d’éligibilité
Avant d’adopter cette méthode, il y avait des critères d’éligibilité. L’entreprise postule et nos experts se déplacent sur place et voient par eux-mêmes si elle répond réellement aux critères d’éligibilité. Suite à cette première évaluation, nous décidons si nous devons l’appuyer ou pas.
Aujourd’hui, c’est totalement différent. Prenons l’exemple du secteur des services qui pourrait être appliqué à tous les secteurs. Supposons que dans ce secteur il y a 200 entreprises candidates et que parmi ces 200 entreprises, la moitié seulement est retenue par notre programme. La sélection n’est plus en fonction d’un scoring comme c’était le cas des appels à candidatures mais elle se fait par rapport à la pertinence opérationnelle du projet et son adéquation par rapport au potentiel et aux ressources de l’entreprise.
Supposons que parmi les 100 présélectionnées, il y a 50 petites entreprises, 30 moyennes, et 20 grandes entreprises. Grâce au système Random Selection, nous aurons deux groupes d’entreprises éligibles, dont 50% appuyées par le programme, et 50% non soutenues. Celles-là constitueront le groupe de contrôle.
Pourquoi, me diriez-vous ? Parce que ce sont des entreprises comparables au niveau de la taille, du volume des affaires, du savoir-faire, des performances et ainsi de suite. La moitié non bénéficiaire permettra au programme de comparer ses performances à l’exportation par rapport au groupe sélectionné. Ceci étant et quel que soit le groupe d’entreprises éligibles qui sont retenues pour la sélection, chaque entreprise est certaine qu’elle a une chance sur deux d’être sélectionnée quoi qu’il en soit.

Comment voyez-vous le rôle des entreprises dans la réussite du partenariat avec votre programme et quelle est leur responsabilité ?
Cela dépend de la qualité du management de chaque entreprise, de ses choix et de sa capacité à tirer le meilleur de notre collaboration et du programme Tasdir+.
La Random Selection est le Nobel en matière de programme d’accompagnement à l’entrepreneuriat ; il met fin à un procédé de présélection qui peut léser certaines entreprises pour des raisons non fondées.
La Random Selection est le Nobel en matière de programme d’accompagnement à l’entrepreneuriat
La Tunisie mène la première expérience dans le monde arabe et en Afrique en la matière. Il a fallu 6 mois de négociations avec nos partenaires historiques et nos institutions pour les convaincre de la justesse de notre démarche. Ils ont fini par comprendre que les moyens dont nous disposons ne nous permettent pas d’aider plus de 600 entreprises, sélection aléatoire ou pas.
Le message fort est qu’il s’agisse d’une entreprise basée à Regueb, à Metlaoui ou dans un quartier résidentiel de Tunis, Sfax, Sousse, Jendouba ou Tataouine ou Kébili, tout le monde peut bénéficier de ce programme. C’est très important et permet de mettre fin à la marginalisation des entreprises basées ailleurs que dans le centre et qui se considèrent comme ignorées et méconnues. Grâce à la Random Selection, tous les opérateurs savent qu’ils peuvent être dans le programme.
Grâce à la Random Selection, tous les opérateurs savent qu’ils peuvent être dans le programme
Nous visons également la minimisation de la paperasse, de manière à ce qu’à partir du moment où l’entreprise est intégrée dans Tasdir +, ses dépenses puissent être très rapidement remboursées dans un délai maximum de deux semaines.

Et est-ce que la Random Selection vous donne plus de garanties en matière de pérennisation des activités des entreprises dans les pays où elles se sont implantées ?
Eh bien, mise à part l’évaluation rigoureuse globale du programme, nous procèderons à l’examen rigoureux de chaque produit et de chaque action. Dans le business-plan, nous avons incorporé les composants développement du produit, participation aux salons et prime à l’export.
A titre d’exemple, cette prime peut profiter aux petits agriculteurs qui exportent à destination de l’Europe.

Quel impact de cette évaluation sur les futurs programmes d’appui initiés par le CEPEX?
Grâce aux critères d’évaluation précis que nous avons mis en place, le CEPEX ou le FOPRODEX pourront revoir leur appui aux entreprises en fonction de ces résultats qu’elles réalisent et à leurs performances. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Mais il y a plus important, nous estimons que l’approche Random Selection peut être généralisée à d’autres domaines d’activités socioéconomiques. Nous avons ouvert une brèche qui peut être bénéfique pour d’autres secteurs. Nous voulons instaurer une culture «d’opportunisme» économique dans le sens noble du terme.
Notre programme doit pouvoir, avec les variables existantes, aller de l’avant malgré les obstacles et écueils de tout ordre.
Nous avons choisi le chemin le plus difficile, le plus long, mais nous avons réussi à convaincre tous nos partenaires, et là nous avançons. Nous avons entamé, depuis deux semaines, le lot 3 de Tasdir+ en adoptant la Random Selection.

Combien d’entreprises avez-vous appuyées à ce jour ?
278 entreprises et, comme je l’ai déjà spécifié, nous visons de faire profiter de notre programme 600. Mais nous pouvons faire plus surtout si nous devons appuyer les filières pour qu’elles arrivent à bien se positionner sur les marchés internationaux pérennisés.
Nous avons amorcé notre programme par la filière des TIC qui s’est imposée au Salon Mobile World à Barcelone ; un Salon de référence pour ce secteur. Nous avons réalisé que ce Salon est très pertinent pour que nos entreprises exportent en Afrique et dans le monde arabe.
Nous avons appuyé 70 entreprises et, aujourd’hui, il y a un retour sur investissement très important. Nous ne sommes pas encore dans l’évaluation qui se fera dans 6 mois. Les échos sont positifs et c’est rassurant.
Notre deuxième action concerne les marchés suisse et allemand sur lesquels nous voulons augmenter nos exportations en huile d’olive bio. La Tunisie a un quota de mille tonnes en suisse mais n’en exporte que 200 tonnes, alors qu’en Suisse il y a un programme public qui aide des pays comme la Tunisie à accroître leurs exportations sur son marché, il s’agit du Swiss Import Promotion Program (SIPPO).
Nous en avons discuté avec le CEPEX et nous avons invité un expert suisse à venir en Tunisie. Il a bien étudié la filière et le marché et a constaté que le potentiel tunisien est énorme et que nous pouvons bien nous positionner sur le marché de l’huile d’olive bio.
Nous allons lancer une action “vendeurs“ en Allemagne et en Suisse au mois de novembre prochain et ramener avec nous 6 ou 7 entreprises suisses pour établir le contact avec nos producteurs et faciliter l’exportation de l’huile d’olive bio vers ces pays.

Vous savez que pour ces deux pays, la labellisation et le respect des normes européennes pour tout ce qui touche à l’agroalimentaire sont indispensables.
Il y a deux types d’actions que nous pouvons entreprendre dans ce sens. Nous avons des entreprises qui sont d’ores et déjà prêtes et labellisées bio. Elles peuvent être rapidement opérationnelles.
Il y a celles qui auront besoin d’une aide pour la labellisation de leurs produits, et veulent l’appui de Tasdir+ pour certifier leurs produits ou les développer. Nous pouvons les aider et nous comptons tenir une série de réunions avec les groupements interprofessionnels de l’agroalimentaire, avec les Chambres mixtes pour voir ce que nous pouvons faire dans chaque pays et selon qu’il soit intéressé par un produit plutôt qu’un autre.
Nous avons remarqué, à titre d’exemple, que l’artisanat tunisien de luxe intéresse le marché britannique. Si jamais des opérateurs, ou 8 ou 9 artisans veulent créer un showroom, ou un point de vente sur place, nous sommes preneurs et nous donnerons notre appui technique et logistique. C’est pour cela que nous avons ouvert la brèche des actions transversales structurantes.

Et si vous nous parliez des défis auxquels vous faites face ?
Ils sont en premier culturels. Nous devons expliquer aux entreprises qu’exporter est une démarche et un positionnement que nous devons gagner, maintenir et garder. Ce n’est pas parce qu’aujourd’hui la Libye s’est fermée que nous devons nous tourner vers l’Algérie. Chaque marché est important et a ses spécificités. Un business-plan n’est pas valable sur tous les marchés, ce n’est pas du copie/coller. Il faut travailler là où les opportunités se présentent et communiquer avec nos partenaires dans le respect des différences entre les uns et les autres.
Ce n’est pas parce qu’aujourd’hui la Libye s’est fermée que nous devons nous tourner vers l’Algérie. Chaque marché est important et a ses spécificités
Tasdir+ est dans la pérennisation de la présence de nos entreprises à l’international, nous ne sommes pas dans les actions ponctuelles. Nous sommes différents du CEPEX.
Un autre défi est celui de l’administration. Parce que pour pouvoir réussir la simplification des procédures, il a fallu batailler : il y a des lois et de la résistance. Quand un opérateur a une subvention, il lui faut des justificatifs, des documents et des cachets à n’en pas finir. Nous voulons changer cet état des choses et, dans certains cas, nous avons pu le faire, mais pas dans d’autres. Nous ne sommes pas encore dans l’administration numérique à 100% mais nous avons gagné la bataille de la standardisation de certaines procédures.
Par exemple : pour les frais de voyage, nous demandions le talon du billet d’avion, la facture de l’agence et le transfert de la banque, maintenant c’est plus simple, l’opérateur ramène une copie du passeport (sortie et entrée du pays en question), et nous avons les données sur les tarifs appliqués à la date où il s’est déplacé, il est automatiquement remboursé.
Les Turcs et les Chinois partent à l’étranger en conquérants et non en concurrents, chez nous le leitmotiv est celui du cavalier seul
Le troisième défi concerne le marché international, car concurrencer les produits turcs ou chinois, ce n’est pas facile du tout, et là c’est une question de mentalité. Eux, ils partent à l’étranger en conquérants et non en concurrents, chez nous le leitmotiv est celui du cavalier seul.
Dans d’autres pays, vous allez dans un pavillon espagnol ou turc, vous demandez après tel ou tel produit, si vous ne le trouvez pas sur place, on vous oriente vers un compatriote. Ils font en sorte que vous n’échappiez pas à leur réseau national, ce n’est malheureusement pas le cas pour la Tunisie, et c’est culturel. Au lieu de gagner des parts de marchés en étant ensemble, nous les perdons en les abordant individuellement ! Lorsque vous voyez l’agressivité commerciale des Croates, Brésiliens, Turcs ou Chinois -et je les ai vus à l’œuvre en Algérie, où j’ai représenté le CEPEX pendant des années-, c’est tout simplement époustouflant et admirable.

Justement, comment faites-vous pour réussir votre politique communicationnelle et sensibiliser sur ces questions?
Nous avons utilisé la stratégie communication du programme économique et qui doit être ciblée et percutante. Nous sommes en train de travailler sur notre site web, là où il y a des vidéos avec une simplification du programme Tasdir+ et comment y adhérer. En plus, il y a la communication institutionnelle de Tasdir+.  Et nous comptons y procéder à travers les médias, mais également des workshops, des séminaires et des tables rondes.
Notre communication doit toucher tous les acteurs économiques sur le territoire national d’une manière intelligente.
En somme, nous voulons être dans le corps à corps si vous me permettez l’expression. Nous nous déplacerons dans les régions, nous attaquerons les secteurs un par un ainsi que les filières. Notre communication doit toucher tous les acteurs économiques sur le territoire national d’une manière intelligente.
Nous avons une petite équipe mais nous croyons en l’intelligence collective. Je ne pense pas que, en organisant un grand séminaire et en y ramenant tout le monde pour parler pendant des heures, et gaver l’assistance de discours, nous réussirons à communiquer comme il se doit. Nous ne sortirons que quand nous avons des choses à dire sur le programme.
Si j’organise une table ronde avec l’Ordre des ingénieurs, je dois auparavant identifier ma population cible, découvrir ses attentes et mettre en place des propositions concrètes qui peuvent les intéresser immédiatement et les inciter à être réactifs.
Même approche pour les cliniques, les agriculteurs, les services, l’industrie, le BTP et j’en passe. Il faut une communication à la carte.
Nous devons également attaquer des secteurs comme le tourisme alternatif, le golf, ou ceux qui ne sont pas appuyés par le CEPEX, comme le marché boursier, les intermédiaires en Bourse, les assureurs. Nous allons frapper à leurs portes pour leur dire “venez, Tasdir+ peut vous appuiera pour aller sur des marchés étrangers et les conquérir“.


Entretien conduit par Amel Belhadj Ali

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