Portrait Marie-Rose Fernandez, présidente de l’Espérance Sportive de Pully.
Image: VANESSA CARDOSO
Mme la présidente de l’Espérance Sportive Pully
sonne les cloches à ses ouailles à la moindre incartade. Qui, parmi ses
protégées (une centaine aujourd’hui), n’a jamais effectué des tours de
salle pour s’être présentée en retard à l’entraînement? Marie-Rose ne
sourit pas beaucoup, sauf peut-être lorsque l’une de ses formations
s’illustre sur le parquet. On aurait presque peur de lui adresser la
parole si on ne savait pas qu’elle cache bien son jeu. Car, sous ses
airs parfois renfrognés, Marie-Rose Fernandez possède un cœur gros comme
ça. Jean, son mari depuis quarante-quatre ans, le constate tous les
jours. «Il faut la connaître, assure-t-il. Elle est toujours prête à
rendre service. Pour cette raison, et pour bien d’autres, je suis
toujours fou amoureux de ma femme.»
Doux souvenirs de jeunesse
Tout
comme son mari, Marie-Rose Fernandez est nostalgique de l’époque où
elle coulait des jours heureux à Nabeul, ville située à une soixantaine
de kilomètres au sud-est de Tunis, où elle est née. «Mon père, Eugène,
d’origine saint-galloise, était à la tête d’une entreprise chargée
d’électrifier le nord-est de la Tunisie. Tout le monde le connaissait.
C’est lui qui a lancé le basket et la natation à Nabeul, en 1930. Ce
n’est pas par hasard si je fonctionne comme lui.»
Marie-Rose se
souvient des matches de basket qu’elle allait suivre en compagnie de son
père. «A l’époque, Jean était une star au sein de l’Avant-garde de
Tunis, s’emballe-t-elle. Toutes les filles étaient folles de lui. Il
faut dire qu’il était beau gosse.»
Marie-Rose a traversé la
Méditerranée à contrecœur. «Après avoir décroché mon bac français en
Tunisie, je me suis inscrite à l’Université de Lausanne en fac de
biologie. J’ai vécu brièvement à Paudex avant de m’installer à Pully. Le
contraste a été saisissant pour moi. En Tunisie, mon frère et moi
avions un chauffeur et trois bonnes à disposition. En Suisse, j’ai dû me
débrouiller toute seule. Je devais gérer mon budget. J’ai été surprise
par la difficulté de nouer des contacts avec les gens. Les portes me
claquaient souvent au nez.»
Le club est fondé le 6.9.69
Le
basket lui a permis de rebondir. «En biologie, explique Marie-Rose,
nous n’étions que trois filles sur un nombre impressionnant de garçons.
Jouer au basket nous intéressait, mais il n’était pas facile d’intégrer
une structure. J’ai songé à rejoindre Pully Basket. Les filles n’y
étaient malheureusement pas les bienvenues. M. Rochat, le président de
l’époque, m’a alors montré le chemin à suivre pour créer un club. Voilà
comment est né Espérance Sportive Pully Basket Féminin, en référence
avec Espérance Sportive de Tunis.»
Le 6 septembre 1969, l’affaire
était dans le panier. Plusieurs titres de champion de Suisse de LNA et
de vainqueur de la Coupe ont égrené l’histoire du club dans les années
80. Aujourd’hui, Espérance Sportive Pully occupe le ventre mou du
championnat de LNA. Qu’importe, Marie-Rose Fernandez poursuit son chemin
sans sourciller. «Si je continue, c’est pour les plus jeunes. Ce sont
elles qui me poussent à garder les rênes du club.»
«La Tunisie, ce n’est plus celle que j’ai laissée»
Pendant
de nombreuses années, Marie-Rose et Jean Fernandez se ressourçaient en
Tunisie, l’été venu. Aujourd’hui, ils se contentent d’une
thalassothérapie à Hyères, entre Noël et Nouvel-An, en compagnie d’amis.
«A Pully, il y a toujours quelque chose qui me ramène au basket,
déplore-t-elle. Dans le sud de la France, je ne suis joignable qu’en cas
d’urgence, et encore, je n’ai pas de téléphone portable. C’est Jean qui
s’y colle. Quant à la Tunisie, ce n’est plus celle que j’ai laissée.»
Qui
se douterait que Marie-Rose aime faire la fête et danser à perdre
haleine avec son mari? Devant le petit écran, elle se jette volontiers
sur toute émission consacrée à la recherche médicale. Cela lui rappelle
l’époque (trente-deux ans tout de même) où elle travaillait à
Vers-chez-les-Blanc pour le compte d’une multinationale bien connue.
Elle en avait profité pour créer un club de sports et de loisirs destiné
à ses collègues. Cela n’étonnera personne. (24 heures)
Cinq dates importantes
1968 Quitte la Tunisie pour étudier la biologie à l’Université de Lausanne.
1971 Mariage avec Jean, qu’elle a connu à 16 ans en Tunisie.
1972 Naissance de Mathias, futur international suisse de basket.
1976 Décès de son père, Eugène Graf, avec lequel elle avait beaucoup d’affinités.
1997 Décès de sa mère, Grâce, qui trouvait toujours une solution à tout et savait rester positive dans n’importe quelle circonstance.
Carte d'identité
Née le 13 mars 1947 à Nabeul (Tunisie).Cinq dates importantes
1968 Quitte la Tunisie pour étudier la biologie à l’Université de Lausanne.
1971 Mariage avec Jean, qu’elle a connu à 16 ans en Tunisie.
1972 Naissance de Mathias, futur international suisse de basket.
1976 Décès de son père, Eugène Graf, avec lequel elle avait beaucoup d’affinités.
1997 Décès de sa mère, Grâce, qui trouvait toujours une solution à tout et savait rester positive dans n’importe quelle circonstance.
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