samedi 26 octobre 2019

Tunisie-Un médecin tunisien résident en Suisse fait don de trois ambulances au profit des hôpitaux tunisiens

Le directeur régional de la Santé à Tozeur, Nabih Ben Thabet a déclaré, ce mardi 22 octobre 2019, que “Najeh Farah”, un médecin tunisien résident en Suisse et originaire de la délégation de Metlaoui dans le gouvernorat de Gafsa, a fait don de trois ambulances et d’équipements médicaux au profit des hôpitaux de la région de Tozeur.




Lors de son intervention sur les ondes de Jawhara Fm, le responsable a fait savoir que les équipements médicaux seront répartis sur l’ensemble des établissements hospitaliers de la région en fonction des besoins.

Ecrit par Laameri Dorsaf le 22 octobre 2019


samedi 31 août 2019

La Tunisie serait la Suisse du Maghreb selon un grand responsable français

Par W.J. le premier février 2018



A l’occasion du forum économique France-Tunisie, le président de l’Association des Investisseurs européens en Tunisie, Alexandre Ratle a déclaré ce jeudi 1er février 2018, que la Tunisie serait la Suisse du Maghreb.

« Ce forum est extrêmement important. La transition démocratique tunisienne est réussie. Aujourd’hui, il faut œuvrer pour une transition économique, c’est à dire il faut donner une nouvelle impulsion à l’économie tunisienne et nous pensons, nous! investisseurs français avec nos 1490 entreprises que c’est notre rôle et notre devoir d’aider la Tunisie à franchir ce cap et à passer cette transition économique, c’est pour cela d’ailleurs que nous avons lancé un appel aux entreprises françaises pour qu’elles viennent investir en Tunisie.
Malheureusement les Tunisiens sont plus déprimés que les Français mais nous on a de l’espoir sur la Tunisie et lorsque vous avez un grand patron, qui vous dit que la Tunisie serait la Suisse du Maghreb, c’est une personne qui a une vision globale, une vision mondiale de ce qui se passe en économie, je crois qu’il faut la croire.

Il y a des participants de très très haut niveau à ce forum. Le panel que vous allez voir à la fin du forum, réunit Stéphane Richard, Jacques Séguéla, et Xavier Neil, même en France on aurait pas été capable de les réunir. Ils sont réunis aujourd’hui pour la Tunisie. C’est un vrai message d’amitié et de fraternité qu’on veut donner à tous les Tunisiens.« a-t-il exprimé.

Source

samedi 24 août 2019

Faouzi Mellah ecrivain tunisien installé en suisse

Par Mhamed Hassine Fantar le 17 mars 2014.

Histoire et littérature francophone de Tunisie: Avec Faouzi Mellah et la Reine vagabonde

HISTOIRE - Nous sommes toujours en compagnie de Fawzi Mellah qui nous raconte l'aventure d'Elyssa, la reine vagabonde. Le premier panneau se termine par une escale à Chypre qui constitue l'objet du second panneau de notre triptique. Nous voilà dans l'île de Chypre pour nous réjouir de ses merveilles et nous laisser aller au rêve.


Nous sommes toujours en compagnie de Fawzi Mellah qui nous raconte l'aventure d'Elyssa, la reine vagabonde.
Le premier panneau se termine par une escale à Chypre qui constitue l'objet du second panneau de notre triptique. Nous voilà dans l'île de Chypre pour nous réjouir de ses merveilles et nous laisser aller au rêve. Pour une princesse phénicienne, l'île de Chypre n'est point une contrée inconnue. Les marins de Tyr et des autres cités cananéennes la connaissaient depuis toujours. Ils y avaient établi une fondation, Kition, bien connue par les auteurs des écrits bibliques et les archéologues qui ont dégagé les vestiges.
Aux navigateurs phéniciens, Kition servaient d'escale, de refuge, de pied-à-terre et de comptoir pour le commerce des métaux, notamment le cuivre dont leurs métallurgistes faisaient du bronze. L'expédition d'Elissa ne manqua pas de s'enrichir. Elle se dota de femmes nécessaires à la multiplication et à l'équilibre du groupe.
Cet épisode, tel que décrit par le mythe, est incontestablement retouché: Dans le palimpseste, des vierges, qui se trouvaient au bord de la mer, furent enlevées par les compagnons d'Elissa. Fawzi Mellah a préféré y voir un don offert par les Chypriotes pour garantir la pérennité des migrants. En outre, il y a, une omission. La lettre conçue par l'auteur d'Elissa, la princesse vagabonde, passe sous silence l'apparition du grand prêtre de Chypre qui, dans le récit originel, se montra généreux à l'égard de la reine fugitive: d'après Justin, il vint accueillir la reine vagabonde. Pourquoi cette omission?
Au lieu de se perdre dans les méandres des explications gratuites, laissons les compagnons de la Princesse Vagabonde reprendre la mer en direction du couchant, vers les côtes d'Afrique, où, jadis, les Phéniciens installèrent un comptoir auprès de la population autochtone: c'était Utique dont le nom reste une énigme. Et le troisième tableau du triptique de se déployer pour nous introduire dans de nouveaux paysages naturels et ethnoculturels. On peut titrer ce panneau: Elissa au pays du roi Hiarbas. Au cours de cette longue traversée, on fit escale à Sabrata et à Hadrumète avant d'atteindre la Colline Parfumée, où la reine décida d'élire pied-à terre. La population accourut sous la houlette du roi Hiarbas, non point hostile mais inquiète et interrogatrice. Sur la scène se déroulent des palabres chargées de convoitises, de passions, de ruses, qui aboutissent à la naissance de la ville Neuve, Qart Hadasht, sur un terrain, qui livre aux fondateurs d'abord une tête de taureau et puis une tête de cheval, deux signes, dont il fallait pouvoir faire le décryptage. Le tableau se termine par le feu, qui offre à la reine la possibilité de poursuivre sa chaste fuite et de rejoindre, sans doute, l'âme de son mari, Acherbas. La vie de Carthage en dépendait; elle accepta de se donner la mort.
Voilà donc le récit de la fondation de Carthage, remodelé et instrumentalisé par Fawzi Mellah. Comment faut-il justifier les modifications introduites sur les versions les plus courantes, notamment celles de Timée de Taormine, qui vivait au IIe siècle avant J.C., et de Trogue-Pompée, un historien gaulois, contemporain d'Auguste, dont le récit fut adopté et transmis par Justin, entre le IIe et le troisième siècle de l'ère chrétienne.
Ces modifications touchent certains faits et leur interprétation comme par exemple l'affaire des vierges Chypriotes. La tradition classique parle de leur rapt, alors qu'elles vaquaient à l'accomplissement de leur devoir de jeunes filles envers la déesse Ashtart, dont le culte relevait de la prostitution sacrée: c'était une pratique religieuse bien établie en Mésopotamie et en Méditerranée. Des textes en parlent et des faits archéologiques en témoignent. Fawzi Mellah semble avoir estimé plus simple de justifier leur présence au sein du groupe par le don. Ainsi, il évita les méandres de la prostitution sacrée. Il fallait du temps et de la patience pour instruire ce dossier. Gustave Flaubert l'aurait sûrement fait; féru d'érudition, il n'aurait pas hésité de s'y investir. Parmi les modifications relevées, on relève l'absence du prêtre du temple de Junon à Chypre. Dans les deux plus grandes traditions, il est dit que la reine fut bien accueillie par le prêtre de Junon, lequel accepta de l'accompagner à condition que la magistrature sacerdotale lui fût reconnue et resta l'apanage de sa descendance. Pourquoi Fawzi Mellah a préféré écarter ces données pourtant admises par les principales versions disponibles du mythe, sachant que le fait religieux ne saurait être absent quand il s'agit d'une communauté humaine?
En revanche, il a jugé nécessaire d'inventer deux épisodes étrangers au récit de base : il s'agit des deux escales que nous avons déjà évoquées: l'une à Sabrata et l'autre à Hadrumète. Je ne veux pas croire qu'il s'agirait d'un acte gratuit. Mais il me serait difficile de trouver une justification convaincante si non celle qui offrirait à l'auteur l'opportunité de nous faire le portrait de chacune de ces deux villes telles qu'ils se les représentait et de dire ce qu'il voulait nous dire. Sabrata serait d'origine libyque. Elle représente l'altérité, un peuple différent, dont l'auteur fait un portrait laudatif. Fawzi Mellah se montre berbérophile. C'est la découverte d'un monde nouveau. Le maître d'œuvre et de l'ouvrage donne libre cours à son imagination : il crée un univers, qu'il anime en se référant à son propre cru, voire à ses fantasmes, tant pour le profane que pour le sacré. Mais là aussi, il tord le cou à l'histoire en faisant de Magon un Libyen de Sabrata au grand dam de Carthage et de l'histoire.
Quant à Hadrumetum, la rencontre ne semble pas avoir été heureuse. A tort, Fawzi Mellah la reconnaît antérieure à Carthage sur les côtes libyques. Il la présente comme l'incarnation de la laideur. Des erreurs sont commises tant pour les faits que pour leur interprétation, sans que l'on puisse savoir si elles sont volontaires ou inconscientes. Pourquoi un portrait si réducteur, voire répulsif ? Serait-ce pour le contraste? La beauté de Sabrata ferait ainsi le pendant à la laideur d'Hadrumète. Peut-être faudra-t-il fouiller dans les rapports de Fawzi Mellah avec Sousse, la perle du Sahel.
Mais là aussi, c'est à l'auteur de rendre compte ou de justifier ses assertions. Les Hadrumétins se montrent méprisants à l'égard des immigrés, "Gens venus de l'horizon": Aurions-nous déjà la semence de ce chauvinisme que l'on attribue aux Soussiens?
L'auteur rappelle une vieille expression que les Tunisois utilisaient naguère pour désigner, non sans orgueil, ceux qui venaient de la Tunisie profonde le terme d'afaqioun c'est-à-dire ceux des horizons lointains qui sont sensés être "gens grossiers et barbares". Pour le Soussien désignaient ceux qui n'étaient de Sousse par le terme péjoratif Zran, dont j'ignore l'étymologie.

samedi 17 août 2019

Le ministère du Tourisme prépare un nouveau projet baptisé ” la Tunisie est notre destination “




Le ministère du Tourisme et de l’artisanat prépare, actuellement, en coopération avec l’Union européenne (UE) un nouveau projet portant le nom de ” la Tunisie est notre destination “.
La période de réalisation de ce projet, financé à hauteur de 50 millions d’euros, s’étalera sur 5 ans à partir de 2019, a indiqué la directrice générale de coopération internationale au ministère Mouna Mathlouthi Glis.

Ce projet vise la mise en valeur d’un ensemble des éléments dont le musée de Carthage et le secteur de l’artisanat, ainsi que la révision des textes juridiques aptes à faciliter l’action des intervenants dans le secteur du tourisme.
Le projet vise à encourager les projets touristiques dans les régions intérieures pour assurer leur développement, ainsi que l’emploi des jeunes et de la femme, tel que le projet ” Jebel Daher “, réalisé dans le cadre de la coopération tuniso-suisse et qui regroupe des intervenants des gouvernorats de Tataouine, Médenine et Gabès.
Le projet ” La Tunisie est notre destination ” s’inscrit dans le cadre du tourisme balnéaire alternatif, qui rassemble l’artisanat, le tourisme culturel, les arts culinaires, le sport et autres ainsi que l’incitation de la création des emplois.

Le ministère du tourisme œuvre à élaborer une stratégie de promotion et de commercialisation de la destination tunisienne sur le marché américain dans le cadre de la coopération tuniso-américaine.
par African Manager - 

samedi 10 août 2019

Réaction d’une Tunisienne en Suisse : La Tunisie est une et indivisible

Publié le 7 Septembre, 2016 - 07:37



J’entends et je lis par ci par là des appels à la division, à la séparation, au partage des richesses du sol tunisien, chacun dans sa région, je ne sais pas si ces gens sont conscients? Il est certes inscrit dans l’histoire de ce pays que ses frontières n’ont fait que se rétrécir au fil des siècles, mais La Tunisie était déjà un état, elle était déjà une république même sous forme de principauté, sous forme beylicale, et sous toutes les formes! Ceux qui appellent à la déchéance de ce viel état, ceux qui prétendent que Kasserine ferait mieux de revenir à l’Algérie, je rappelle que le sang des Frechichs est en Tunisie et en Algérie et que des frontières n’ont jamais rompu les liens familiaux et cela ne risque pas d’arriver. Ceux qui appellent à la séparation du sud, je rappelle que le sang des gens du Djerid est partout en Tunisie. Je rappelle à ceux qui appellent à la déchéance de La Tunisie, qu’ils disparaîtront, mais elle pas! L’unicité du sol tunisien est intouchable, et c’est une « firchichia » qui le dit! Car je sais ce que la terre veut dire et je sais ce que patrie veut dire! Kasserine sans Gabes ne serait rien, et Tunis sans Tataouine perdrait sa beauté. Le Kef sans Medenine ce ne serait pas possible et Béjà sans Remada serait  inconcevable! Tout est dépendant de tout dans ce pays si singulier!
Je suis heureuse d’aller partout en Tunisie, je suis heureuse de me baigner où je veux, je suis heureuse de vivre où je veux, et surtout très heureuse de savoir qu’une assemblée nationale où sont présents, les gens du sud, du nord, de l’est et de l’ouest de La Tunisie, décident des lois bonnes et moins bonnes pour presque 12 millions de tunisiens.  
La Tunisie c’est tout cela, c’est ce beau panel de couleurs et caractères, et si vous voulez qu’un changement soit, il faut d’abord changer votre manière de penser et réfléchir à tête reposer sur ce qui est possible et ce qui ne l’est pas, et La Tunisie est intouchable dans son unicité et unité !
Ibtissem Bonvin

samedi 3 août 2019

«Je n’ai pas d'avenir là-bas, j'y serai en danger»

par Marine Guillain le 23 mars 2015 - Un délinquant né en Suisse doit être expulsé en Tunisie, pays qu'il ne connaît pas mais dont il a le passeport. Il lui reste une dernière chance pour obtenir le droit de rester.


Chaque jour, depuis le centre de détention administrative de Frambois (GE), Medhi voit passer les avions au-dessus de sa tête. Il sait qu'il peut se retrouver dans l'un d’eux n'importe quand, direction Tunis. «J'avais pris une fausse route, la prison m'a servi et je ne referai pas les mêmes erreurs», promet le jeune homme, les yeux brillants.
Medhi (à gauche) entouré de ses trois frères, au mois de février à Frambois. (Photo: dr)
Entre 17 et 22 ans, il a cumulé les délits dans le canton de Vaud, où il a grandi: vols, dommages à la propriété, bagarres, conduite sans permis. Medhi a passé plus de 3 ans en prison à cause de diverses condamnations. Au bénéfice d'un permis C, le multirécidiviste d'origine tunisienne, aujourd'hui âgé de 24 ans, a reçu un avis d'expulsion. Il dort à Frambois depuis fin décembre.
«Notre pays doit assumer ses responsabilités»
«Mais il n'a aucun lien avec la Tunisie, toute sa famille vit ici. Il avait commencé un apprentissage de peintre en bâtiment. Il est Suisse!» s'insurge sa mère, établie à Lausanne depuis 25 ans. Pour Medhi, qui connaît mal l'arabe, «aucun avenir n'est possible là-bas. Je serai en danger, ce pays n'est pas sûr, surtout ces temps.» Il a déposé un recours au Tribunal fédéral, mais il a été débouté.
Seul espoir désormais: ses avocats vont saisir la Cour européenne des droits de l'homme à Strasbourg: «Notre client a commis plusieurs infractions, aucune d'elles particulièrement grave, soutiennent Me Bayenet et Me Peter. Il est né et a grandi en Suisse, notre pays doit donc assumer ses responsabilités à son égard et ne peut pas s'en décharger sur la Tunisie. Par ailleurs, c'est ici que se trouvent sa famille, sa compagne et tout son réseau social. Son renvoi vers la Tunisie, qui est pour lui une terre inconnue, viole ses droits fondamentaux.» La Cour, surchargée, ne traite que peu de demandes. Une réponse négative tomberait en quelques mois, une procédure positive prendrait plusieurs années. Medhi demande à être libéré dans l’attente du verdict.
Le cas de Medhi est «extrêmement rare»
Des personnes étrangères nées en Suisse ont déjà été expulsées, à la suite de décisions de révocation de permis C prises au motif de condamnations pénales pour infractions graves, indique le Département de la sécurité à Genève. Il souligne que «ces situations exceptionnelles sont très rares». Même son de cloche dans le canton de Vaud: «Si la personne est née en Suisse, il faut que le crime soit particulièrement grave ou l'accumulation de délits très forte, avec un risque de récidive élevé», explique Frédéric Rouyard, du Service de la population. Vaud décide du sort des étrangers condamnés au cas par cas, en fonction de la menace qu'ils représentent pour la société et du contexte: l'âge de l'arrivée en Suisse, la durée de séjour, la gravité des actes, les risques de récidive, le lien avec le pays d’origine.
Tour de vis validé la semaine dernière
Le Parlement a accepté lundi dernier la révision du Code pénal mettant en œuvre l'initiative de l’UDC sur le renvoi des criminels étrangers, votée en 2010. L’expulsion automatique pour 5 à 15 ans sera en principe réservée aux crimes passibles d'au moins 3 ans de prison. Le juge pourra exceptionnellement renoncer à une expulsion si cela met l'étranger dans une situation personnelle grave et que les intérêts publics à l'expulsion ne l'emportent pas sur les intérêts de l'intéressé à demeurer en Suisse. Il devra aussi tenir compte de la situation particulière d'une personne née et ayant grandi en Suisse.
Statu quo malgré les attaques terroristes
Les attentats qui ont causé la mort de 21 personnes, dont 20 touristes, la semaine dernière au Musée du Bardo, à Tunis, ne devraient pas avoir d'incidence sur la décision de renvoi de Medhi. Lors d'une demande d'asile, les autorités fédérales tiennent compte de la situation et du potentiel danger dans le pays d'origine. Mais lors de l'expulsion d'un criminel étranger, du ressort des autorités cantonales, «ce sont la situation et la dangerosité de la personne en Suisse qui sont appréciées, indique Frédéric Rouyard. La licéité du renvoi et le risque personnellement encouru dans le pays de destination (par exemple le risque de condamnation à la peine de mort) sont également vérifiés». Le risque d'attentat ne pèse pas plus sur la personne concernée par le renvoi que sur l'ensemble des habitants ou voyageurs présents.

samedi 27 juillet 2019

Tunisie – Suisse : la couleur de l’argent

Les montagnes suisses, les vaches suisses, le fromage suisse, le chocolat suisse, les montres suisses, la ponctualité suisse, la propreté suisse, et j’en oublie, mais pas l’essentiel : le fameux système bancaire suisse qui est tout, sauf un cliché et c’est tout naturellement, que j’en arrive aux fonds placés chez nos amis helvètes, par le clan de l’ancien président Zine El Abdine Ben Ali.

Après quatre années d’attente et d’accusations à peine voilées de laxisme, voire de double langage à l’endroit des autorités helvétiques, ces fonds vont-ils enfin être restitués à l’Etat tunisien? Le bon peuple va-il enfin voir la couleur de biens mal acquis qui se chiffrent en milliards de dollars? Deux questions et non des moindres, auxquelles il va falloir trouver des réponses et vite si on veut calmer une opinion publique gonflée à bloc et qui en est toujours à se demander jusqu’à quand le clan maudit va-t-il continuer à profiter des sommes colossales volées aux contribuables?
Une grosse colère mêlée à une certaine lassitude et un message clair que le président de la République, avec le tact qu’on lui connait, a sans doute transmis à ses hôtes suisses, chez qui il était en visite d’Etat.
Aura-il réussi à faire bouger les lignes dans un dossier qui n’a pas échappé à une pesanteur bureaucratique évidente dont on peut deviner les motivations. En tout cas, on peut se réjouir, qu’après avoir longtemps affirmé que la demande d’assistance juridique fournie par la partie tunisienne était sommaire, les autorités à Berne soient revenues à des sentiments allant dans le sens de l’assouplissement et de la facilitation des procédures en cours, combien même on sait leur souci tatillon à ce sujet.
Le fait que le procureur général de la Confédération Michael Lauder ait été en 2015 dans nos murs, peut laisser supposer que la gestion du dossier des avoirs spoliés est sur la bonne voie, d’autant que ce dernier a parlé de la possibilité de restituer d’ici peu et dans un premier temps, quelque 60 millions de francs suisses appartenant à la famille élargie de l’ancien président.
Comme pour rassurer ses interlocuteurs tunisiens devenus circonspects par la force des choses, le magistrat suisse a tenu à souligner que le dossier était actuellement en phase décisive et que la progression des enquêtes était importante. On veut d’autant plus bien le croire sur parole que jusque là, c’est le langage diplomatique bien huilé qui a prévalu. Je ne sais pas, si dans la foulée, le chef de l’Etat et son ex-ministre des Affaires étrangères Taïeb Baccouche qui l’a précédé à Berne, ont réussi à convaincre leurs hôtes de la nécessité d’envoyer un signal au peuple tunisien qui attend un geste. Je ne sais pas non plus si les autorités confédérales vont tenir leurs promesses et accélérer les choses, même si on sait d’avance que la tache est rude pour déverrouiller un système bancaire dont on dit qu’il n’a pas son pareil pour accueillir et recycler à l’abri des regards indiscrets, les capitaux étrangers suspects.
Faut-il rappeler dans ce contexte qu’à l’origine, la fortune du clan déposée dans les banques suisses était estimée à environ 60 millions d’euros, un chiffre revu à la baisse pour atteindre les 43 millions d’euros, après le blanchiment par la justice suisse de certains membres de la famille?
Faut-il également rappeler que le seul pays à avoir restitué à ce jour les avoirs de la famille du président déchu (Son épouse Leila Trabelsi en l’occurrence), a été le Liban? Cela, sans oublier de mentionner que la plupart des procédures, engagées par les gouvernements tunisiens successifs, n’ont pas bougé d’un iota, ce qui décuple le mérite des autorités libanaises qui ont affiché dés le début leur entière disposition à coopérer et on a vu le résultat, même si l’ancien président provisoire Moncef Marzouki en a fait honteusement un usage détourné dans le cadre d’une mascarade qui a complément occulté le rôle de notre mission diplomatique à Beyrouth et celui de la Banque centrale, et que personne n’a oublié.
Cela dit et tout angélisme mis à part, je trouve extrêmement dommageable le fait qu’un Etat qui n’a eu cesse, et c’est à son honneur, de dénoncer avec vigueur les dérives totalitaires et mafieuses de l’ancien régime, quitte à provoquer une crise diplomatique qui a abouti à une rétrogradation du niveau de la représentation diplomatique à celui de chargé d’affaires ( Votre humble serviteur en sait quelque chose), et qui par la suite a applaudi, puis encouragé la révolution, en vienne aujourd’hui à s’embarrasser de questions procédurales pour retarder la restitution de biens spoliés, en ajoutant au ressentiment du citoyen lambda qui ne comprend pas qu’un pays démocratique comme la Suisse puisse s’en tenir à de tels scrupules.
On verra bien si après le passage à Berne du président Béji Caid Essebsi, toutes les appréhensions vont être levées ou pas.
Par Mohamed Fawzi Blout, le 19 février 2016

samedi 20 juillet 2019

Tunisie : Amaris recrute 200 jeunes diplômés d’ici la fin de l’année

Tout juste installé dans la capitale tunisienne en vue d'un développement sur le continent, le cabinet de conseil en management et technologie recherche en majorité des profils IT mais aussi des fonctions support.
Le bureau tunisien d’Amaris, spécialisé dans le conseil en management et technologies, recrute 200 jeunes diplômés locaux d’ici la fin 2018 pour des contrats en CDI.
Technopark El Ghazala. © Mohamed Ramzi Ben Youssef/2016.

Finance et RH

Le groupe international suisse recherche des profils en technologies de l’information (IT) et télécommunications, notamment des chefs de projets, des ingénieurs support production ou encore des spécialistes de la fibre optique. La société embauche aussi dans le domaine de la finance et des RH. Amaris pourrait également avoir recours à des stagiaires rémunérés dans le domaine IT pour des projets de fin d’études.
Pour la formation de ses futurs salariés, Amaris a ciblé quelques établissements clés, sans toutefois s’y limiter : Ecole Polytechnique, Ecole nationale des sciences informatiques (ENSI), ESPRIT, Ecole nationale d’ingénierie de Tunis, Institut supérieur des sciences appliquées et de la technologie de Tunis et Sousse, Ecole nationale d’ingénieurs de Sousse, etc.

Ambition continentale

Au-delà de la bonne réputation de ces écoles tunisiennes dans le domaine de l’IT et de la télécommunication, Amaris, installé au sein du pôle Elgazala à Raoued, a choisi de développer son activité dans le pays pour des raisons de stratégie de développement continental : « Nous avons souhaité nous concentrer sur le pays car il possède tous les critères pour devenir une plateforme de services IT, indique-t-on au siège. Une telle plateforme représenterait l’opportunité pour le groupe de créer de nouvelles synergies entre ses bureaux africains et, par conséquent, de faciliter son développement sur le continent ».
La société est partenaire du programme Smart Tunisia issu d’un partenariat public-privé, qui, grâce à des incitations fiscales et juridiques, les sociétés offshore à s’implanter dans le pays. L’objectif de ce programme est la création de 50 000 emplois d’ici à 2020.

En Afrique, Amaris est présent au Maroc (Casablanca), en Côte d’Ivoire (Abidjan), en Afrique du Sud (Le Cap) et à l’Île Maurice (Phoenix). Ses principaux clients sont des entreprises de la télécommunication européenne. La société n’exlut pas de se lancer sur le marché local.Créé en 2007, l’entreprise compte 3 650 employés répartis sur tous les continents et a réalisé un chiffre d’affaires de 190 millions d’euros en 2017.
Par Mathieu Galtier, le 03 juillet 2018

samedi 13 juillet 2019

La gastronomie tunisienne au rendez-vous en Suisse

A l’occasion de la Fête Nationale de la Tunisie, l’Ambassade de Tunisie en Suisse avec l’appui de l’Agence de Promotion des Investissements Agricoles et de l’Office National du Tourisme Tunisien ont mis sous le feu des projecteurs les produits médaillés du Concours Tunisien des Produits du Terroir.
L’événement s’est déroulé du 16 au 19 mars 2019 où les adeptes de la gastronomie internationale suisse  étaient au rendez-vous.

Des plats typiquement tunisiens, concoctés par le chef Mounir Arem ont trôné à l’hôtel Bellevue à Berne. Le Concours Tunisien des Produits du Terroir a pu voir le jour grâce à un projet de coopération tuniso-suisse et qui s’est inspiré dans sa méthodologie du Concours Suisse des Produits du Terroir.
Durant quatre jours, Mounir Arem a enchanté les Suisses avec un menu typiquement tunisien. Les Bernois ont pu découvrir toute la richesse de la cuisine tunisienne. Au menu, des entrées comme la salade blankit, la salade de poulpe, la Mechouia, la Houria, la chorba hout, les bricks, le couscous et les pâtisseries tunisiennes.
L’objectif: valoriser le savoir-faire des régions de la Tunisie pour mieux promouvoir le développement durable.
Il est à noter que la deuxième édition du Concours Tunisien des Produits du Terroir se tiendra bientôt en juin 2019.

Par ailleurs, des représentants de l’APIA ont participé aux journées gastronomiques tunisiennes à Berne pour présenter les produits médaillés de la première édition du concours et pour communiquer sur les résultats obtenus.
Selon une enquête, les 76 produits médaillés tunisiens ont pu enregistrer en moyenne une augmentation des ventes de 30 à 50%.
Il est clair que l’impact positif de promouvoir des produits de terroir en Tunisie montre une nouvelle dynamique grâce au concours dans notre pays. Ce qui  marquera certainement le démarrage d’une stratégie nationale de valorisation des terroirs de Tunisie, fortement influencée par le modèle suisse, ayant déjà fait ses preuves.
De ce fait, les projets menés dans le cadre de la coopération tuniso-suisse ne cessent de se développer. La Tunisie met en valeur des avantages concurrentiels importants, notamment en matière d’exportation.
Par Nadia Dejoui, le 23 mars 2019

samedi 6 juillet 2019

Quinze ans de prison pour avoir égorgé sa femme

Canton de Berne Les juges de Berthoud ont condamné vendredi un Tunisien de 35 ans pour le meurtre de son épouse en 2016.


Le condamné avait poignardé et égorgé sa femme par jalousie.Image: Keystone

Un Tunisien âgé de 35 ans a été condamné vendredi à Berthoud (BE) à quinze ans de prison. Il avait assassiné sa femme en février 2016. Les juges ont souligné la cruauté et le caractère particulièrement répréhensible de son acte, même s'il ne l'a pas prémédité.
Le Ministère public avait requis 17 ans de prison. Le condamné a tué sa femme, une Suissesse de 38 ans, par jalousie, la suspectant de le tromper. Il lui a asséné plusieurs coups de couteau avant de lui trancher la gorge au domicile commun. (ats/nxp)
Créé: 17.05.2019, 18h16

samedi 29 juin 2019

Trois artistes suisses en Tunisie : Entre sculpture, céramique et poésie

Par Hatem Bourial - 17 juin 2019 - 12:02

La présence culturelle suisse est toujours fort visible en Tunisie avec un flux d’échanges qui se déploie sur plusieurs niveaux. Ces derniers jours, les activités sont intenses avec le chevauchement de trois visites d’artistes suisses réputés.
L’artiste plasticienne Antoinette Deley est ainsi parmi nous et expose actuellement et jusqu’au 30 juin, ses tableaux et sculptures à la galerie Essaadi à Carthage.
D’autre part, la céramiste Anne Francey est à l’origine d’un projet monumental qui prendra la forme d’une fresque sur la façade de la Maison Ibn Rachiq. Cette fresque sera dévoilée le 25 juin prochain.
Enfin, le poète suisse Philippe Rebetez vient de participer à une rencontre littéraire à Sidi Bou Said. Une coincidence de calendrier qui souligne le dynamisme des programmes culturels suisses en Tunisie.
Antoinette Deley

samedi 22 juin 2019

Des maires tunisiens à l’école de la démocratie directe

Article paru le 25 juin, écrit par Isolda Agazzi

Huit maires tunisiens sont venus à Genève découvrir le système fédéral suisse. Dans le but, non de le copier, mais de s’en inspirer pour asseoir le processus de décentralisation et relever les nombreux défis de la jeune démocratie, à commencer par la gestion de l’environnement et la faiblesse de la participation citoyenne.
«Genève a été à la pointe de l’opposition à l’ancien dictateur Ben Ali», s’enthousiasme Jalel Matri, président de l’association Le Pont qui promeut des échanges citoyens entre la Suisse et la Tunisie. L’ONG a invité en Suisse 8 maires tunisiens de différentes sensibilités politiques pour rencontrer les autorités communales et fédérales, dans le but de les aider à mieux gérer leurs municipalités.
Jalel Matri poursuit: «Les défenseurs tunisiens des droits humains venaient aux réunions des organisations internationales et nous les avons soutenus et accompagnés dans leur combat. Depuis la révolution de 2011, nous aidons à construire la jeune démocratie depuis Genève.»
Membre de l’exécutif de la ville, Rémy Pagani abonde: « La Ville de Genève a une attache très forte avec la Tunisie car elle a toujours soutenu les opposants. Lors de sa première venue en Suisse, Moncef Marzouki, le premier président démocratiquement élu, est venu nous remercier personnellement.»
Le 12 juin, les maires – quatre hommes et quatre femmes – étaient invités au Palais Eynard (mairie) pour assister à une conférence du professeur de droit François Bellanger portant sur la décentralisation et la démocratie directe.
Premières élections municipales de l’histoire de la Tunisie
D’emblée, la décentralisation a été inscrite dans la nouvelle constitution tunisienne de 2014. En avril 2018, le parlement a adopté le code des collectivités locales et les premières élections municipales libres et démocratiques ont eu lieu le 6 mai 2018. Les conseils municipaux ont été élus pour cinq ans et ils ne sont donc pas concernés par les élections législatives et présidentielles qui se tiendront à la fin de cette année. Fiscalement, les communes tunisiennes sont partiellement autonomes: elles se financent en prélevant certains impôts, comme les taxes locatives et celles sur les terrains non bâtis, et en recevant des transferts de fonds de l’Etat. «Mais nous comptons avoir plus d’autonomie fiscale dans les années à venir», précisent les maires.
«Le code des collectivités locales n’est que le premier pas sur le chemin de la décentralisation. Une trentaine d’actes législatifs sont en cours de préparation pour le mettre en œuvre et transférer les compétences au niveau local. Nous ne sommes pas ici pour copier le modèle suisse, mais pour nous en inspirer dans notre transition démocratique», nous confie Faouzi Boussoffara, maire adjoint de Djerba Houmek Souk.
 « Processus irréversible », malgré la difficulté de faire participer la population
Son principal souci, c’est la gestion de l’énorme masse de déchets produits par le million de touristes qui visitent l’île de Djerba chaque année. «C’est un sujet de discorde, reconnaît-il. Il n’y a pas de solidarité au niveau du gouvernorat. On se dirige donc vers une structure intercommunale de gestion des déchets avec les trois communes de l’île à laquelle participeront es structures professionnelles, patronales et syndicales et les autres composantes de la société civile – une première en Tunisie.» Un souci largement partagé par les autres maires présents, très intéressés par la gestion des ordures en Suisse, où elle est du ressort des communes.
«Votre expérience de la démocratie directe est très jolie, mais notre problème, c’est le manque d’habitude des citoyens à participer à la prise de décisions, s’exclame Imen Sahnoun, maire adjointe de Al Ain, dans le gouvernorat de Sfax. Les citoyens sont réticents à participer aux élections. Le taux de participation est à peine de 30%. Dans les conseils municipaux, ils ne s’impliquent pas, même pour soutenir les élus. Quelle stratégie de communication adoptez-vous pour avoir des citoyens aussi avertis ?»
François Bellanger concède qu’en Suisse aussi, la participation aux élections tourne autour de 30 – 40%. «Mais ceux qui n’ont pas voté acceptent les décisions de la majorité. C’est la pratique qui va amener la participation démocratique, avec des débats dans les associations, les médias, en groupe… La liberté d’expression est le bien le plus précieux.»
Malgré tout, Imen Sahnoun est optimiste : «Le transfert de compétences vers les communes va se faire progressivement, mais rapidement. L’être humain aime le pouvoir, mais au niveau du gouvernement, ils n’ont pas d’autre choix que de décentraliser. C’est un processus irréversible. On sent une volonté de faire échouer cette tentative, mais nous avons une société civile extraordinaire qui travaille sur le terrain, observe, dérange. Et qui devient de plus en plus forte depuis la révolution.»
Maroua Dridi qui, à 26 ans, est la plus jeune maire de Tunisie, espère nouer des partenariats avec des communes suisses, comme cela a déjà été fait avec des communes françaises.
Dans une analyse qui vient de paraître, l’International Crisis Group relève que le processus de décentralisation tunisien est de plus en plus clivant. Vu l’austérité budgétaire, il appelle les bailleurs internationaux à augmenter leur soutien. A partir de 2021, la Direction du développement et de la coopération (DDC, coopération suisse) prévoit d’augmenter son soutien au processus de décentralisation en Tunisie.

samedi 15 juin 2019

SUISSE IGNAZIO CASSIS REÇOIT SON HOMOLOGUE TUNISIEN

Créé le 28 février 2019

Ignazio Cassis et Khemaies Jhinaoui ont notamment évoqué la coopération internationale au développement et signé une déclaration d'intention.


Ignazio Cassis et son homologue tunisien Khemaies Jhinaoui ce 28 février 2019. Image: Keystone

Le conseiller fédéral Ignazio Cassis a reçu son homologue tunisien Khemaies Jhinaoui ce 28 février 2019 à la Maison de Watteville, où ils ont d'abord eu un entretien en tête-à-tête avant d'être rejoints par leur délégation, indique le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).
Dans son message de bienvenue, Ignazio Cassis a félicité Khemaies Jhinaoui pour les développements politiques enregistrés en Tunisie depuis la chute de l'ancien président Ben Ali en 2011. Il a encouragé les autorités tunisiennes à continuer sur cette voie.
Lors d'un point de presse, le ministre tunisien des affaires étrangères a salué les relations «exemplaires» entre les deux pays, qu'il souhaite encore davantage développer dans un échange «gagnant-gagnant». Il a par exemple souligné l'expérience suisse dans les hautes technologies.
Déclaration signée
Au niveau bilatéral, les deux ministres ont parlé de la coopération internationale au développement et signé une déclaration d'intention. La Suisse a en effet établi une stratégie de coopération avec la Tunisie.
Celle-ci comporte trois axes prioritaires: la transition démocratique, le développement économique, ainsi que la protection et la migration. L'enveloppe de la Confédération pour la Tunisie devrait avoisiner les 20 millions de francs pour 2019.
Durant l'entretien, Ignazio Cassis s'est également félicité de la coopération entre les deux pays dans le cadre du partenariat migratoire, qui «fonctionne bien». Il a notamment mentionné l'aide au retour et à la réintégration.
Augmenter les échanges
La nécessité d'intensifier les échanges économiques entre la Suisse et la Tunisie a aussi été évoquée. «Il s'agit d'augmenter les échanges et les investissements», a précisé Ignazio Cassis.
Ce dernier a par ailleurs annoncé le lancement d'un programme d'appui à la culture en Afrique du Nord. Il sera mis en oeuvre en collaboration avec le Arab Fund for Arts and Culture.
Au niveau politique, la Suisse s'engagera à nouveau pour la réussite des élections législatives et présidentielles prévues en Tunisie cette année. La Confédération soutient depuis 2011 l'organisation des élections, notamment par le biais des autorités électorales nationales.
Fonds bloqués
La question des avoirs de l'ex-président Ben Ali, gelés en Suisse depuis 2011, a également figuré au menu des discussions. Ce blocage, qui portait sur un montant initial de 60 millions de francs, a été prolongé à plusieurs reprises par la Suisse, la dernière fois en décembre dernier, pour un an de plus.
A ce jour, seule une petite partie des fonds bloqués en Suisse a pu être restituée à la Tunisie. «Nous avons versé 250'000 francs en 2016 et quelque 3,5 millions l'année suivante», a rappelé Ignazio Cassis lors du point de presse.
Pour de plus amples restitutions, il est nécessaire que les procédures judiciaires avancent en Tunisie et aboutissent à des jugements démontrant l'origine illicite des avoirs, a rappelé le conseiller fédéral. Pour l'heure, la procédure poursuit son chemin administratif.
«Nous souhaitons accélérer sur ce dossier», a confirmé Khemaies Jhinaoui, qui a salué «l'étroite coopération» avec la Suisse à ce sujet. Une issue positive est espérée d'ici à 2021, a précisé Ignazio Cassis. (ats/nxp)

samedi 8 juin 2019

«La burqa? L’interdire est contraire à la liberté»








Par Gabriel Sassoon 22.03.2019


ReligionLe Centre suisse islam et société, à, Fribourg lance un nouveau master. Questions d’actualité à son directeur, Amir Dziri.


Le Centre suisse Islam et Société s’étoffe. Cet automne, l’institution rattachée à l’Université de Fribourg proposera un master complet sur l’islam, présenté comme unique en Europe. «Il est ouvert à toutes les personnes qui souhaitent interroger cette religion d’un point de vue académique, une demande particulièrement pressante de la part des musulmans de Suisse», expose Amir Dziri. L’Allemand de 34 ans, d’origine tunisienne et musulman, a suivi des études en islamologie outre-Rhin. Terrorisme d’extrême droite et islamiste, reconnaissance de l’islam, laïcité: Amir Dziri répond à nos questions.
Amir Dziri est directeur du Centre suisse Islam et Société, à Fribourg.Image: DR
Une attaque terroriste vient de frapper les musulmans néo-zélandais, à Christchurch. Vous êtes inquiet?
Je suis triste. Comme après les attaques du Bataclan ou contre la rédaction de «Charlie Hebdo», à Paris. Je fais le lien car il est important de montrer que ces actes ont un point commun: ce n’est pas une religion, une entité définie, qui crée la violence, mais une idéologie de haine globale qui gagne de l’ampleur. Pour justifier son existence, elle peut invoquer la supériorité de la race blanche, comme à Christchurch, mais elle peut aussi se baser sur une lecture restrictive du Coran. Dans ce dernier cas, il faut faire attention de ne pas se laisser aller à un discours essentialisant qui stipulerait que ce sont les religions qui mènent au terrorisme.

Vous évoquez une lecture sélective du Coran. Le fait est que ces textes existent. N’est-ce pas problématique?
Ces sources jouent en effet un rôle, un terroriste retiendra les passages qui correspondent à son idéologie. Mais celui-ci est secondaire par rapport au besoin de justification initiale. Il suffit de voir le quotidien de l’immense majorité des musulmans, qui mènent une vie pacifique.

Si elle ne trouve pas sa source dans la religion, d’où vient alors cette violence?
Des personnes elles-mêmes. Si on compare toutes les biographies de terroristes, les mêmes caractéristiques ressortent, comme la frustration ou des indices préexistants d’un potentiel de violence, visibles parfois dans un long passé criminel.

L’islam n’est pas une religion conquérante menaçant les valeurs occidentales comme le décrit le pasteur Keshavjee dans son dernier livre?
Cette question n’a pas de sens. À certaines périodes de l’histoire, des dynasties se sont basées sur des textes religieux pour justifier leurs ambitions hégémoniques, mais d’autres ont eu une lecture inverse pour soutenir des règnes paisibles. L’islam n’est pas un fait abstrait que l’on peut essentialiser. Au même titre qu’il n’est pas conquérant, on ne peut pas parler d’un islam de paix.

Que faire alors pour empêcher que des textes servent à justifier la violence?
Il faut contextualiser. Se confronter à des passages pour comprendre dans quoi ils s’inscrivaient. Les musulmans doivent s’y atteler. Si un passage semble appeler à tuer les infidèles, on trouvera plus loin un désir de promouvoir la paix. En examinant attentivement les sources, on arrive à des conclusions raisonnables.

La demande de reconnaissance de l’islam par l’État, notamment dans le canton de Vaud, se heurte à des résistances. Celles-ci invoquent un conflit de valeurs. Que leur répondez-vous?
On ne peut pas accuser des associations musulmanes de s’isoler puis refuser leur souhait de participer au pacte politico-social suisse. La majorité des musulmans se considère avant tout comme suisse et respecte les valeurs du pays. Pour eux, reconnaître la primauté du droit suisse par rapport à la charia n’est pas un problème. La situation est autre pour les groupes religieux fondamentalistes, et peut aussi poser problème pour des communautés avec une histoire d’immigration plus jeune.

Mais qu’en est-il de l’égalité entre les sexes? Le port de la burqa est mis en avant pour illustrer l’incompatibilité de valeurs.
Les sources islamiques essaient d’établir une relation équilibrée entre hommes et femmes. Mais il est vrai que les communautés musulmanes ont besoin de débattre sur les relations entre hommes et femmes et la sexualité. Les musulmanes font de plus en plus entendre leur voix, mais elles sont encore peu prises en considération. Comment leur donner une place dans leur religion quand ce sont les hommes qui dominent les discours religieux? S’agissant de la burqa, elle ne correspond pas à la culture européenne et même du point de vue religieux elle est fortement contestable, mais l’interdire est contraire à la liberté individuelle. Et le conflit n’existe pas puisqu’en Suisse ce vêtement est quasi inexistant.

Quel est votre avis sur la nouvelle loi sur la laïcité genevoise?
Je comprends la volonté d’établir une limite stricte à l’égard de tous les symboles religieux. Mais on constate que ces règles touchent principalement les minorités musulmanes. Le risque, c’est que des femmes voilées ne travaillent plus et se trouvent marginalisées. Une approche plus pratique consiste à essayer de déterminer si le voile est porté comme instrument politique servant à diffuser une idéologie, comme expression d’une identité culturelle ou religieuse. (24 heures)