mercredi 21 juin 2017

Agression en janvier à Genève sur deux hommes dont un tunisien

 Par Fedele Mendicino

Drame de Saint-Jean: un «miraculé» est entendu

Agressions L’état de santé de la seconde victime empire. L’étau se resserre autour des auteurs du tabassage.

Les enquêteurs, qui recherchent toujours les auteurs, espèrent que la récente audition de W. accélérera les investigations.
Image: DR

 

L’état de santé des deux hommes agressés sauvagement la nuit du 6 au 7 janvier à Saint-Jean évolue de façon très différente. Selon nos renseignements, W., entendu vendredi par la police, va mieux: «Je me considère comme un miraculé», dit-il aux inspecteurs. L’homme, âgé de 37 ans, a été opéré plusieurs fois en urgence après des hémorragies cérébrales.
Malgré des picotements récurrents et obsédants à la tête et aux pieds, il reste calme. Sans colère ni ressentiment, il prend ses antidépresseurs et suit chaque semaine ses séances de psychothérapie. Défendu par Me Laura Santonino, ce Suisse d’origine haïtienne peine à comprendre les raisons de ce tabassage: «Je ne pensais pas que quelque chose comme ça était possible à Genève.» Sur le contenu de son audition, rien d’autre ne filtre.

«Perspectives sombres»
La seconde victime a eu moins de chance. Ce Tunisien de 36 ans, également blessé à la tête, est au plus mal. Il ne se souvient de rien: «Les perspectives de guérison sont très sombres, confirme son avocat, Me Simon Ntah. Il ne pourra jamais vivre sans assistance.»
Le procureur Dario Nikolic planche sur cette double tentative de meurtre. Les premiers éléments de l’enquête indiquaient que plusieurs personnes s’étaient acharnées sur ces deux habitants du quartier. Vers 1 h, le duo s’apprêtait à rentrer après une fraîche soirée passée à discuter sur la tranchée couverte quand ont surgi les agresseurs.
Que s’est-il passé? Les deux victimes sont rouées de coups. W. a perdu connaissance. Le Tunisien, lui, a tenté de se réfugier, en vain, dans un immeuble. Ses assaillants l’ont alors rattrapé, le frappant encore à la tête. Avec des tessons et une barre de fer. Les secours l’ont retrouvé très grièvement blessé, devant le temple de Saint-Jean. Les malfrats, eux, se sont enfuis.
Les policiers ne se doutaient pas que W. avait été aussi attaqué. Ce dernier, qui gisait sur la tranchée couverte entourée de végétation, n’a été découvert que 3 h 30 plus tard, soit vers 4 h 45. Il garde aujourd’hui une longue cicatrice qui s’étire entre le haut de son crâne et son oreille droite. Ses mains sont également couvertes de balafres. Ces deux plaignants, sans antécédents pénaux, ne passent pas pour être des bagarreurs.

Les enquêteurs, qui recherchent toujours les auteurs, espèrent que la récente audition de W. accélérera les investigations. «La justice s’est donné les grands moyens, en ayant notamment recours à l’analyse de l’ADN familial, explique une source proche du dossier. Une telle analyse nécessite du temps, de sorte que ses résultats se manifestent au bout de semaines et de mois de travail. L’analyse de cet ADN est en cours à partir d’une trace trouvée sur le lieu du crime. Les enquêteurs espèrent pouvoir remonter aux auteurs d’ici à la fin de l’année au plus tard.» Les inspecteurs refusent pour l’instant de dévoiler la nature de cette trace et le lieu exact où elle a été trouvée (ndlr: par exemple sur les victimes, sur un objet, sur le sol).

(TDG)

L’ADN d’un membre de la famille

Grâce à l’ADN familial, l’étau se resserre autour des suspects. Quid de ce type d’ADN? Cette approche, inédite, repose sur une composante «familiale» de l’identité génétique: chaque enfant possède un allèle (c’est-à-dire une version d’un gène héréditaire) du père et un allèle de la mère. En se fondant sur ce point commun, les enquêteurs espèrent identifier non plus l’auteur, mais un membre de sa famille. Tout repose sur un pari: l’hypothèse que le père, la mère, l’oncle ou le frère aurait déjà eu affaire à la justice. Si la police y a recours, c’est qu’elle dispose du profil génétique de l’un des auteurs, mais que ce profil n’est pas dans le fichier ADN suisse, il n’a pas fait de «hit» comme on dit dans le jargon policier. Probablement parce que l’auteur n’y est pour l’instant pas fiché, peut-être en raison de son jeune âge. «Grâce à l’analyse de l’ADN familial, les policiers pourront remonter à l’auteur, à condition qu’un membre de sa famille soit répertorié dans le fichier ADN suisse», précise un agent spécialisé en criminologie.
F.M.
 
Créé: 20.06.2017, 19h12

 

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