Un élaborateur tuniso-suisse qui élabore depuis 2001 la série très abordable Jour et Nuit dans les trois couleurs – des vins de bonne facture pour le prix – et quelques cuvées plus élaborées comme Château Maria, Clos de Carthage, et le haut de gamme Didona. Les raisins proviennent de partenariats avec des vignerons locaux. La cave souterraine est équipée de matériel moderne et performant.
Source
Avec CEPTUNES, le vent du renouveau souffle sur le vin tunisien !
Par : Tallel 11 juillet 2007
En prélude à sa participation au Salon international d’agriculture, du
machinisme agricole et de la pêche (SIAMAP), nous avons rencontré M. Ludovic Pochard, Directeur général de la société CEPTUNES –la Cave Viticole d’El Karmia, située entre Tunis et Hammamet, près de Grombalia. Petite par sa taille, CEPTUNES n’en constitue pas moins le renouveau du vin tunisien qui n’arrivait pas à trouver sa place dans le concert des nations vinicoles mondiales. Il faut dire que CEPTUNES a vite parié sur la modernité et surtout élevé la qualité au rang de priorité absolue, un pari vite récompensé puisqu’elle a déjà récolté trois distinctions internationales obtenues en 2005, 2006 et 2007. Entretien et visite guidée avec le patron de cette entreprise émergente qui fait déjà parler d’elle ! Pour commencer, pourriez-vous nous faire un état des lieux de votre entreprise ? Ludovic Pochard : La société Ceptunes, de ‘’Cep’’= pied de vigne, et Tunes= ancien nom de Tunis à proximité de Carthage, le tout signifiant ‘’la vigne de Tunisie’’, a été créée en 2002 -exactement le 26 juillet, presque 5 ans jour pour jour- suite à projet de partenariat tuniso-suisse. Mais une restructuration du capital a permis d’avoir, aujourd’hui, 95% tunisien et 5% suisse.
Je précise également
que Ceptunes n’a pas de domaine ; nous avons deux hectares de terre, mais nous avons arraché la vieille vigne de Carignon et en lieu et place nous sommes en train de faire des céréales d’ici 5 ans pour aseptiser et dépolluer un peu le sol, avant de replanter de nouveau la vigne. Dans ce cas, comment vous approvisionnez votre usine ?
Actuellement, nous
avons des contrats avec les viticulteurs qui nous fournissent les raisins ; on les conseille depuis la taille jusqu’à la récolte, c’est-à-dire l’irrigation, les fertilisants, le traitement… et au moment de la récolte, nous ramassons les raisins et les ramenons à Ceptunes.
Toute la récolte se
fait uniquement dans des caisses plastiques, et le transport c’est 1H de route par camion… ce qui évite l’éclatement des raisins durant le trajet et donc l’oxydation du futur jus.
Dès leur arrivée, les
raisins sont directement acheminés sur la table de tri, où une vingtaine de femmes travaillent pendant la saison pour faire le tri, comme son l’indique (tous les raisins non mûrs, ceux abîmés par les oiseaux et insectes vont être mis de côté) afin de faire rentrer uniquement les raisins propres et sains.
Puis, une machine de
séparer la partie végétale appelée la ‘’rafle’’ -qui contient de l’eau et le fruit- dont la présence fait que le vin est dilué, donc entraîne la diminution du taux d’alcoolémie.
Par ailleurs, toutes
les cuves (une quarantaine au total) sont équipées avec du matériel italien, parce que nous avons été financés avec une ligne de crédit italienne ; et l’investissement a coûté environ 7 millions de dinars.
Elles sont à 100%
inox, c’est la pointe de la technologie dans l’industrie agroalimentaire, ce qui a permis d’avoir une bonne hygiène de nettoyage. En tout cas, pour le traitement des vins, c’est très efficace.
La cave se trouve à 4
mètres sous terre afin de bénéficier de la fraîcheur, car tout au long de l’année, la température n’y dépasse pas 20° -et l’hiver, on est beaucoup plus bas. De plus, toutes les cuves sont thermo-régulées , c’est-à-dire qu’on peut aussi bien refroidir que chauffer les vins, sachant que le blanc et le rosé sont fermentés entre 16 et 18°, alors que le rouge l’est entre 20 et 28°. C’est donc important de varier entre les températures. Combien de litres vous produisez-vous par an ?
Nous produisons
pratiquement 5.000 hectolitres par an –on a une capacité d’en faire un plus, mais pour l’instant on se contente de faire cette quantité-, soit entre 750 et 800.000 bouteilles par an. Tout est destiné au marché local ?
Non, on exporte 70% de
notre production, et le reste, soit 30% pour le marché local. Ceci dit, on voudrait faire un peu plus pour le marché local, mais malheureusement nos critères d’exportation ne nous permettent pas d’en faire davantage. Sur quels marchés exportez-vous ?
Nous exportons
essentiellement sur la France, Belgique, Suisse, Russie, Sénégal, Italie, et peut-être bientôt le Canada (notamment le Québec). Comment est apprécié le vin tunisien par les ‘’consommateurs’’ étrangers ?
Excellente question.
Je dois d’abord préciser que nous assistons au renouveau du vin tunisien, car même si celui-ci existe depuis fort longtemps, il n’avait pas d’image –ou une mauvaise image en tout cas. Donc, depuis l’an 2000, avec la privatisation des terres étatiques, des partenariats tuniso-étrangers se sont installés, et cela a permis une forte amélioration des vins tunisiens qui trouvent maintenant une bonne place sur le marché mais qui restent très concurrentiels, puisqu’on prend de plein fouet la concurrence, d’une part, des vins européens, mais également ceux d’Amérique du Sud avec les vins chiliens, argentins, et autres asiatiques (néo-zélandais, australiens…). Car ces pays ont des coûts de production très faibles par rapport à la Tunisie, ce qui fait que, pour avoir sa place sur ces marchés, il faut faire de gros efforts sur les prix. Sur le marché local, quels sont vos concurrents ?
Il faut savoir que,
sur le plan local, Ceptunes est une petite entreprise comparée à l’UCCV, par exemple, laquelle produit à elle seule presque la moitié de la production nationale. Il faut savoir qu’on produit en Tunisie environ 400.000 hectolitres par an, dont environ 200.000 par UCCV. Viennent ensuite SICOV –qui appartient à M. Boujnah-, la Cave vinicole de Bouargoub. A eux trois, ils représentent quelque 80% de la production nationale. Et les 20% restants se partagent entre tous les autres. Combien de marques sont produites par la Cave vinicole CEPTUNES ?
Nous produisons 6
marques (‘’Clos de Carthage’’, ‘’Château Maria’’, ‘’Clos Mornag’’, Salammbo, ‘’Jour et Nuit’’ et ‘’Didona’’) en trois couleurs, Rouge, Blanc et Rosé. Il paraîtrait que vous prévoyiez de construire un restaurant panoramique à côté de l’usine. Pourquoi ?
Tout à fait, nous
envisageons de construire, dans une prochaine étape, un grand restaurant panoramique, dont le but est de développer le tourisme et le vitivinicole en Tunisie. Les travaux devraient démarrer dès la fin de la saison des récoltes de cette année. Combien d’employés comptez-vous ?
Entre 45 et 50
personnes, entre la cave, les commerciaux, les chauffeurs, les administratifs. La société Ceptunes possède-t-elle des points de vente propres à elle ?
Malheureusement non.
On aimerait en avoir et pouvoir développer des petites boutiques de vin, mais jusqu’à présent nous n’avons pas obtenu l’agrément. Malgré les difficultés, tout de même trois distinctions internationales … Ce n’est pas mal non ?
Tout à fait. CEPTUNES
a obtenu cette année 2007 la ‘’Médaille d’Argent’’ à l’occasion du 15ème concours de Sélection Mondiale des Vins Canada qui s’est déroulé au Québec (Canada) du 3 au 9 février 2007, avec son Grand Cru «Didona Blanc» (d’appellation contrôlée ‘’Sidi Salem’’).
Lors du
SIAL (du 22 au 26 octobre 2006 à Paris), qui avait rassemblé les plus grands pays producteurs vinicoles du monde, Ceptunes a été sélectionnée et primée parmi les 33 vainqueurs du ‘’BEST BUY 2006’’, le concours des vins ayant le meilleur qualité/prix pour son Premier Cru ‘’Jour et Nuit’’ (d’appellation contrôlée «Sidi Salem»).
Mais cette aventure a
commencé en 2005, lorsque la Cave Ceptunes a participé aux Vinalies internationales 2005 (Les Vins du Monde), une édition au cours de laquelle la Médaille d’Argent lui a été décernée, avec son Grand Cru «Didona» (d’appellation contrôlée ‘’Sidi Salem’’.
Tout ceci pour saluer
le mérite, certes, d’une entreprise émergente, mais également une heureuse façon de d’offrir à la Tunisie une reconnaissance internationale. Comment faites-vous pour la promotion de vos vins à l’étranger ?
Nous avons participé
–et nous participons- aux plus importants salons… C’est ainsi que nous avons participé aux salons de Paris et Montréal (SIAL) en collaboration avec le CEPEX, et d’autres avec GIFRUITS (Groupement interprofessionnel des fruits)…
Enfin, en octobre
prochain, nous participerons bien entendu au SIAMAP 2007 (Salon international d’agriculture, du machinisme agricole et de la pêche) au Kram où nous sommes sponsors pour le dîner officiel qui sera offert aux invités et autres participants de marque du Salon. Maintenant, si vous nous parliez de la législation tunisienne concernant votre secteur…
Il est vrai que la
Tunisie reste un pays arabo-musulman –et donc tout le respect pour chacun-, mais il faut savoir qu’on produit en moyenne en Tunisie 400.000 hectolitres de vin, un produit issu de la vigne tunisienne, laquelle est exploitée par des agriculteurs tunisiens, autrement dit elle fait vivre de nombreuses familles. D’un autre côté, les fabricants de bière produisent 5, 10, 15 fois plus –l’un d’eux produirait à lui seul 1.200 hectolitres de bière par an, soit 3 fois plus pour l’ensemble de la production nationale de vin. Mais contrairement à la production de vin, on fabrique de la bière avec des céréales dont une grosse quantité est importée. Maintenant la question qui se pose est de savoir si ces derniers arrivent à nourrir autant de familles que les fabricants de vin. En tout cas je me pose la question.
Par ailleurs, la
formule du tourisme ‘’all inclusive’’ pose un autre gros problème. Nous avons bon an mal an plus de 5 millions de touristes par an, mais nos chers partenaires clients hôteliers, pour rentrer dans leur coût de production, nous demandent du vin à un prix qui ne peut acheter que la qualité moyenne de nos vins. Du coup, le touriste, en dégustant le vin, va sentir qu’il n’est pas de bonne qualité, alors que nous avons des très bons vins en Tunisie. De ce fait, c’est une image négative de la qualité des vins tunisiens qui est véhiculée à l’étranger, parce qu’à chaque fois que ces touristes vont rencontrer un vin d’origine tunisienne, forcément ils penseront qu’il s’agit du même vin qu’ils ont dégusté dans les hôtels tunisiens. C’est une contre-publicité. Et c’est dommage, puisque je suis persuadé qu’on peut exporter beaucoup plus de vin que nous ne le faisons actuellement. Dans ce cas, pour avoir un meilleur qualité/prix, à quel prix le vin devrait être vendu aux hôteliers/restaurateurs ?
Aujourd’hui, nous
vendons le vin à 1,116 dinar HT, c’est un prix qui a été plus ou moins conventionné avec la Chambre syndicale (qui fait parie de l’UTICA). S’il fallait proposer quelque chose de correct, il faudrait qu’on soit aux alentours de 1,6 ou 1,8 dinar, cela pourrait nous donner un très bon rapport qualité/prix. Est-ce que des négociations sont engagées dans ce sens entre les parties concernées… ?
Les hôteliers et le
ministère du Tourisme sont sensibilisés à ce problème, et ils sont en train de revoir la formule ‘’all inclusive’’, de passer davantage à des formules demi pension…, par exemple. Ceci étant, je comprends la concurrence à laquelle la Tunisie fait face en matière de tourisme, mais il est nécessaire de faire un peu d’effort en ce sens. |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire