samedi 30 juin 2018

Michel Decastel retour au source après avoir été champion de Tunisie avec CS Sfaxien et Espérance Tunis

FootballPour l'ancien international suisse c'est un retour aux sources. Il a en effet été formé à Neuchâtel Xamax dans les années 1970 et y a terminé sa carrière de joueur lors de la saison 1988-1989.

 

Michel Decastel dirigera l'équipe jusqu'au terme de la saison, avec une option d'un an en cas de maintien en Challenge League.Image: Keystone

 

 Neuchâtel Xamax FCS a trouvé son nouvel entraîneur: c'est Michel Decastel qui dirigera l'équipe jusqu'au terme de la saison. Son contrat comporte une option d'un an en cas de maintien en Challenge League.

Decastel remplace Roberto Cattilaz, qui a démissionné mardi. Pour l'ancien international suisse (19 sélections), qui aura 60 ans jeudi, c'est un retour aux sources. Il a en effet été formé à Neuchâtel Xamax dans les années 1970.

Il a porté le maillot des rouge et noir jusqu'en 1979, avant de tenter une expérience à l'étranger avec Strasbourg (1979-1981). Ensuite, il a évolué avec Servette (1981-1988) avant de terminer sa carrière de joueur à la Maladière avec Neuchâtel Xamax lors de la saison 1988-1989.
Sa carrière d'entraîneur a débuté en 1re Ligue avec Colombier. Il a ensuite dirigé Yverdon, Sion (une victoire en Coupe de Suisse) et Delémont avant de partir en Afrique dès 1999, où il a connu de nombreux succès, dont la Coupe d'Afrique des clubs en 2007 avec le CS Sfaxien.
Il a aussi été champion en Tunisie (CS Sfaxien, Espérance Tunis) et en Côte d'Ivoire (ASEC Mimosas). En 2013, il a effectué un bref retour en Super League sur le banc du FC Sion, mais l'expérience n'a duré que deux mois. (si/nxp)
Créé: 21.10.2015, 19h07


mercredi 27 juin 2018

Recherche et innovation : développer la coopération tuniso-suisse




« C’est ma première visite en Tunisie, et je suis sincèrement impressionné par le potentiel de recherche scientifique et la qualité des travaux engagé. C’est une filière importante de coopération à promouvoir entre la Tunisie et la Suisse.» C’est ce qu’a déclaré le secrétaire d’Etat suisse à la formation, à la recherche et à l’innovation, Mauro Dell’Ambrogio, à l’issue d’une visite de deux jours qui s’est achevée mardi. Conduisant une importante délégation scientifique composée de représentants des hautes écoles ainsi que d’Agroscope, le centre de compétences suisse pour la recherche agricole, de l’Institut tropical et de santé publique suisse (Swiss TPH) et du Fonds national suisse (FNS), il a eu une série d’entretiens de haut niveau et visité nombre de hautes écoles et institutions de recherche. Le programme soigneusement préparé par l’ambassadeur de Suisse à Tunis, Rita Adams et son équipe a été aussi intense que productif.

C’est ainsi qu’avec le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Slim Khalbous, il a passé en revue les projets de collaborations scientifiques existants et esquissé les contours de futures coopérations. Aussi, il a été reçu par le secrétaire d’Etat des affaires étrangères, Sabri Bachtobji.
Cette visite fait suite à la déclaration d’intention sur le développement des relations dans les domaines de la formation, de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’Innovation, signée à l’occasion de la visite d’Etat du président Caïd Essebsi en Suisse en février 2016. L’objectif principal de la mission suisse et des membres institutionnels de sa délégation est d’éclaircir les possibilités de collaborations futures avec des partenaires tunisiens dans le cadre des instruments d’encouragement existants de part et d’autre.
Les relations entre les deux pays dans le domaine de la recherche sont bonnes mais demeurent jusqu’ici plutôt modestes en termes de quantité. La collaboration entre des chercheurs suisses et tunisiens s’inscrit essentiellement dans le contexte des programmes-cadre de recherche européens. Dans a perspective de l’horizon 2020, la Tunisie est ainsi le pays partenaire le plus important d’Afrique du nord pour les chercheurs suisses. 
Par ailleurs, plus de 100 jeunes chercheurs tunisiens ont bénéficié depuis 1961 de bourses d’excellence de la Confédération (candidats doctorat et post-doctorat)

dimanche 24 juin 2018

En Gruyère, une poya autoroutière gérée par le chef d'orchestre Hafedh Alaya

L’été, ils triment pour vos vacances. Mais qui sont les garants de votre farniente? Le temps d’un jour, Mehdi Atmani a pris leur place comme employé. Ce jeudi, il goûte au stress de la plus grande aire de repos du canton de Fribourg



Un œil dans vos vacances (4/5)

Je suis en retard. J’ai beau avoir prévenu, mes justifications sur le bouchon autoroutier entre Lausanne et Vevey seront vaines. Hafedh Alaya n’aime pas les retardataires. Je m’imagine déjà que dans d’autres conditions, le patron de l’aire de repos de la Gruyère se serait bien passé de mes services pour le reste de la saison. Il n’en est rien. Le patron me charrie. Hafedh Alaya est comme ça: ferme, mais très sympathique.

Lui est sur le pont depuis 5 heures du matin. Voilà six ans que ce Suisse d’origine tunisienne de 47 ans est le chef d’orchestre de l’aire de repos de la Gruyère, soit la plus grande halte autoroutière du canton de Fribourg, avec un restaurant, un motel de 35 chambres, une cafétéria, des salles de conférences, un kiosque, une station-service, sans compter les deux terrasses extérieures. Le tout en continu. De 5 heures à 23 heures, Hafedh Alaya déborde d’énergie pour gérer son équipe et parer à l’imprévisible. Alors quand un journaliste en immersion vient gripper cette organisation, il n’est pas content, d’autant qu’il gère en parallèle un autre établissement à Avry.

Mon patron d’un jour n’est pas contrarié bien longtemps. Sur la terrasse qui domine le lac de la Gruyère, il s’apprête à donner le coup d’envoi de la saison estivale. Nous sommes le 26 juin. Jusqu’à la fin de septembre, le personnel de l’aire de repos ne va plus toucher terre. Hafedh Alaya vient d’engager cinq saisonniers pour l’été. Ils rejoindront les 70 employés fixes que compte le site, dont 45 rien que pour le motel et le restaurant.

C’est au restaurant, justement, que commence ma journée. L’équipe du matin part en pause reprendre quelques forces avant le coup de feu de midi. Un restaurant sur une aire d’autoroute, c’est un coup de feu permanent. Les 13 personnes au service aujourd’hui doivent gérer les repas de 400 personnes en continu. En cuisine, la brigade de 12 personnes, dont cinq cuisiniers, assure jusqu’à quatre services. En Gruyère, on cuisine non-stop, 7 jours sur 7, du matin au soir. Avec une donne importante: «On ne peut jamais prévoir la fréquentation», souligne Hafedh Alaya.

Ce midi, nous attendons un groupe de 47 touristes espagnols: «Entrée, plat, dessert, café, il faudra aller vite. Ils n’ont qu’une heure de pause au programme.» Le gérant s’éclipse. Un des sept lave-vaisselle est tombé en panne. «Quand je vous disais qu’il fallait gérer des imprévus…» Il file discuter avec le réparateur. A 11 heures, le restaurant du 1er étage connaît un calme relatif.

On m’expédie alors au rez-de-chaussée. A la cafétéria, mes collègues du jour enchaînent les sandwichs et les paninis. On ne compte plus les va-et-vient entre la cuisine et la terrasse. «Ici, tout est préparé devant le client, m’explique ma formatrice. Les produits frais sont livrés tous les matins à 5 heures.» A la réception, 10 mètres plus loin, Laetitia tapote énergiquement sur son clavier d’ordinateur, le combiné de téléphone coincé entre son oreille et son épaule droite. La jeune femme doit gérer la comptabilité des restaurants, les réservations du motel, ainsi que des quatre salles de conférences occupées ce midi par des entreprises. Comme à chaque fois, c’est la course. «Il faut faire vite, bien… surtout mieux», pour combler les pertes liées au franc fort.

L’aire d’autoroute de la Gruyère réalise un chiffre d’affaires annuel d’environ 5 millions de francs. Depuis plus de trente ans, elle est un trait d’union entre la Suisse alémanique et la Suisse romande. Une réputation qu’elle revendique malgré la concurrence engendrée par l’autoroute A1, qui passe par Yverdon-les-Bains. Avec le temps, elle est devenue une halte clé pour les touristes en transit. Mais depuis plusieurs mois, avec la baisse de l’euro face au franc, les Allemands et les Italiens hésitent à traverser la Suisse. Hafedh Alaya n’a pas adapté ses prix, mais il redouble d’effort pour attirer et garder cette clientèle de passage.

Le patron déboule de son bureau: «Atmani! En cuisine.» Il est 11h30. Le gérant passe en revue ses troupes. Il donne les dernières consignes. La réception téléphone. Les 47 Espagnols arriveront finalement à 13 heures. Plus le temps de revoir le dispositif, car autant de touristes chinois débarquent à l’improviste. Et ils ont faim. Deux d’entre eux sont arrivés avec leur pique-nique. Hafedh Alaya leur demande gentiment de ne pas le consommer sur place. Derrière lui, une petite brigade de cinq serveuses prend les commandes en bloc. Tout s’orchestre dans le calme et l’efficacité. Au milieu de ce bal, je suis perdu et me résous à suivre le patron, mon seul repère.

En bon formateur, il m’invite à déjeuner. «Nous avons trente minutes avant la prochaine vague.» Nos assiettes arrivent. Je mangerai la mienne tout seul. Les 47 Espagnols ont débarqué plus tôt, accompagnés d’une sortie d’entreprise alémanique. Mon patron a quitté la table précipitamment pour donner un coup de main en cuisine. Derrière la console, il expédie les cordons-bleus-frites et dirige les cuisiniers.

Une aire de repos, c’est un microcosme à part. D’abord la clientèle: pressée, fatiguée, qui attend un service rapide, des plats de qualité mais au bon prix. Une clientèle de passage qu’il faut évidemment choyer pour qu’elle reste le plus longtemps possible sur le site. Puis, en coulisse, il y a le personnel astreint à des horaires difficiles, mais qui doit sans cesse masquer la pression pour satisfaire un client de plus en plus exigeant. «La qualité du personnel, c’est la base pour gérer ce type d’établissement, confie Hafedh Alaya. Un employé au service peut être amené à travailler au motel si la fréquentation du jour l’exige.»

Je termine ma pause sur la terrasse de la cafétéria. A ma droite, deux touristes de Delhi partagent le café avec des Allemands. Ils admirent la vue sur le Moléson, parlent mousson et Bollywood. On en oublierait presque le flot de voitures sur l’autoroute A12. Dans le parc, le jardinier João passe la tondeuse, puis arrange transats et parasols devant les 35 chambres du motel attenant. Cette nuit, celui-ci sera plein aux trois-quarts. Plus loin, des Japonais photographient les vingt vaches grandeur nature – et relookées par des artistes – qui garnissent la pelouse. Une des missions de l’aire de repos est de servir de vitrine touristique pour la Gruyère.

Je retrouve mon patron en cuisine. Les 47 Espagnols règlent la note. C’est l’heure du débriefing. Après le coup de chaud du service, la tension est palpable. Devant sa brigade, Hafedh Alaya revient sur les quelques fausses notes. Une mauvaise communication a suscité un mot de trop entre deux commis. Mon chef désamorce et félicite son équipe. Il n’a guère le temps d’en dire davantage. Les commandes suivantes arrivent. Lara quitte la cuisine pour partir en pause. Comme moi, c’était son premier jour au restaurant. Avant, elle officiait au service de la cafétéria. «C’est plus speed, hein?»
Au rez-de-chaussée, je croise les touristes chinois. Repus, ils tournicotent chez Geneviève Page et Patricia Vuitel, qui gèrent la fromagerie. Elles aussi ne chôment pas: double crème, meringues, fondue, les deux femmes vantent la gastronomie fribourgeoise aux touristes de passage. En plusieurs langues, qui plus est: «C’est une obligation si l’on travaille sur cette aire d’autoroute.» Des qualifications qui paient, puisqu’elles écoulent jusqu’à 200 kg de Gruyère par semaine. Soit quatre fois plus que dans une fromagerie en ville de Fribourg.

Il est 15 heures lorsque Hafedh Alaya me rattrape. L’aire d’autoroute a retrouvé un calme temporaire. Mon patron en profite pour aller s’enfermer dans son bureau pour de l’administratif. Pour combien de temps? «Jusqu’au prochain coup de feu.»

Demain, votre journaliste prend de la hauteur en Valais pour y garder la cabane du Trient
Ce midi, nous attendons un groupede 47 Espagnols: «Entrée, plat, dessert, café, il faudra aller vite. Ils n’ont qu’une heure de pause au programme.» Ils arriveront finalement à 13 heures. Plus le temps de revoir le dispositif.

Publié le 8 juillet 2015 par Mehdi Atmani

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jeudi 21 juin 2018

Tête-à-tête avec Soraya Ksontini: "A 5 ans, je m’enregistrais déjà"

Publié le avril 2017 par Jean-Blaise Bezençon

Chaque semaine, L'illustré rencontre une personnalité au coeur de l'actualité culturelle romande. Aujourd'hui: la chanteuse Soraya Ksontini, qui sort un second CD électro-délicat.



Jean-Blaise Besençon
La voix douce, vive et sensuelle de Soraya Ksontini devrait conquérir le public
En 2012, la chanteuse avait confié à Maxime Steiner la réalisation de son premier EP, Soraya and Me, quatre titres de chansons folk, dont une ballade belle à pleurer, Ya Weldi. Le nouveau a été réalisé avec la complicité d’un autre magicien du studio, Christophe Calpini; mais Soraya Ksontini signe cette fois toutes les compositions et tous les textes, «sauf un parce que je n’écris pas en arabe».
Joliment, le disque s’appelle Monsieur. «Monsieur tout court, dit-elle en riant! C’est un disque porté par des figures masculines, celle de mon père bien sûr, dont je suis très proche, mais aussi d’autres hommes que je vois comme des muses, des inspirateurs. On dirait des chansons d’amour, mais ce qu’il y a vraiment derrière, ce sont des quêtes personnelles.» Ainsi vont Les fantômes de l’exil, chanson clé de l’album, qui pose la question: «Est-ce que l’on peut vivre un exil heureux?» «Ça m’intéresse énormément, explique Soraya, née en Suisse en 1982 de parents tunisiens. Ce n’est pas un hasard si je me suis orientée vers l’anthropologie, qui recouvre tout ce qui me passionne.» Et maintenant qu’elle a achevé ses études par un master, elle se réjouit d’avoir davantage de temps («un grand luxe») à consacrer à la musique. Quinze ans de cours de piano au Conservatoire ont formé sa culture classique et chanter semble aussi naturel que son rire: «A 5 ans, je m’enregistrais déjà, sur minicassette! J’aime davantage faire de la musique que d’en écouter.» 
Douée d’une voix douce, vive et sensuelle, Soraya s’était retrouvée en 2007 en finale de la Star Academy Maghreb. «Une aventure extraordinaire même si, côté médiatique, face à cette célébrité immédiate qu’apporte l’émission, je me sentais un peu décalée…» L’univers de la chanteuse est sans doute plus personnel, moins formaté. «Je ne veux plus chanter en anglais, ce que je fais, c’est de la chanson arabo-française, avec un petit peu d’électro pop. Pour la production, j’aime bien le son des Anglais.» Côté inspiration, «je compose dès que j’ai une idée, tout par oral, je fredonne une musique, une phrase, mon téléphone est un grand puits plein d’idées. En réécoutant je me dis: là il y a une chanson, parfois c’est le premier jet.»
Avant les concerts prévus à l’automne, Soraya Ksontini se réjouit de voyager toujours à la découverte d’une moitié de sa culture. «A Beyrouth, à Rabat, il se passe plein de choses musicalement. Et puis j’ai envie d’améliorer ma lecture de l’arabe et ma connaissance de cette musique aussi. Je veux vraiment enrichir ma culture arabe. La création, c’est une recherche de liberté.» 
Monsieur, sortie et vernissage de l’album le 12 avril, au Bourg à Lausanne.

Source 
 

mardi 19 juin 2018

Riadh Sidaoui, politologue tunisien et suisse, directeur du centre arabe de recherches et d'analyses politiques à Genève

« Les choix économiques actuels sont contre-révolutionnaires »

 

Fin observateur du paysage politique tunisien, plume acerbe à l’égard des monarchies des pétrodollars, Riadh Sidaoui, politologue, spécialiste du Monde arabe et notamment de l’Algérie et des mouvements islamistes ne se contente pas d’analyser la crise politique en Tunisie en rejetant la faute sur la scène politique.Il affirme, qu’au-delà du blocage politique, se cache une classe marginalisée, défavorisée, qui a constitué « le noyau dur de la révolution tunisienne » et qui est capable d’exploser et de provoquer une nouvelle révolution dont le seul slogan serait : travail, rien que du travail. Synthèse.

La Tunisie n’est pas uniquement l’affaire des Tunisiens

Analysant le contexte géopolitique de la Tunisie et les points de vue de nos voisins sur la situation actuelle dans le pays, il nous dit que ce qui se passe en Tunisie n’est pas seulement l’affaire des Tunisiens. « Plusieurs partenaires étrangers agissent afin de mettre fin à la crise », nous confie-t-il; avant de préciser : « L’Algérie, cette grande sœur de la Tunisie, et à sa tête le président Bouteflika, a reçu Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi à maintes reprises afin de favoriser l’entente et le consensus. C’est dans le cadre du contexte géopolitique que l’Algérie suit ce qui se passe chez nous, mais elle a d’autres soucis : ses frontières avec la Libye, qui est complètement instable, le Mali, le Polisario et aujourd’hui le Maroc ».

Evoquant le rôle des Etats-Unis, M. Riadh Sidaoui nous précise : « C’est un autre acteur, invisible pour le peuple tunisien. Ce pays pousse la Tunisie vers le modèle politique américain, c’est-à-dire une démocratie fondée sur deux grands partis politiques et qui ne discutent pas l’économie du marché : un parti républicain conservateur (Mouvement Ennahdha) et l’autre démocrate libéral (Nidaa Tounes). Les États-Unis n’optent pas pour le Front populaire à cause de son choix économique ».
La crise reste tunisienne et le pays reste dans l’impasse. « Il est très difficile de faire admettre aux médias internationaux que la Tunisie n’organisent pas les élections, deux ans après sa révolution », affirme-t-il.

Une crise économique renforcée par des choix politiques erronés

Selon lui, la Tunisie n’est pas soutenue par les Etats riches. L’Algérie, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis ne regardent pas d’un bon œil l’idéologie du mouvement Ennahdha. Quant à l’Union européenne, s’agissant du dossier tunisien, elle est guidée par la France.

Le Qatar lui « n’a malheureusement pas investi sérieusement en Tunisie et cela est dû à l’impopularité de la troïka et au fait que le mouvement Ennahdha soit membre des Frères musulmans. Bien entendu, l’Arabie saoudite ne veut pas de cet organisme ni de ses appendices », avance-t-il; avant d’ajouter : « Ce refus, on le perçoit à travers certains articles parus dans la presse saoudienne qui parle de « diplomatie de la mendicité ».

Le spécialiste s’attaque aussi aux choix économiques de la troïka : « Les choix économiques tunisiens sont erronés. Ils sont contre-révolutionnaires car il s’agit de choix ultralibéraux », avant de rappeler : « le noyau dur de la Tunisie s’est révolté à cause du chômage et de la précarité. Les jeunes des régions défavorisées espéraient un Etat social, voire un Etat-providence, un secteur public fort, un Etat capable de répondre aux aspirations des jeunes ».

Rupture totale entre l’élite politique et les citoyens tunisiens

Sur ce point, M. Sidaoui n’épargne pas l’élite politique et la considère comme « aveugle » avant de souligner que celle-ci ignore la crise économique et sociale. Selon lui, les politiciens ne voient que l’aspect politique de la crise, c’est-à-dire le pouvoir, tout en ignorant les attentes des régions défavorisées, celles qui ont déclenché la révolution.

D’ailleurs, il rappelle que, selon des statistiques officielles, 95% des blessés et des martyrs de la révolution sont soit des chômeurs, soit des ouvriers. « Pourquoi pas une nouvelle révolution sociale en Tunisie, dont l’unique slogan serait le travail », s’interroge-t-il. « Nous avons peur, dit-il, que ces gens marginalisés attaquent les administrations, les symboles de la souveraineté. Si cette révolution a lieu, elle surprendra l’élite politique qui doit comprendre que la crise est multiple : économique, sociale et sécuritaire ».

Pour cette raison, il demande aux partis politiques de penser à proposer un contrat social pour unir tous les citoyens, un Etat où tous les citoyens vivraient dignement. Cet Etat serait financé par les impôts qui seraient prélevés proportionnellement aux gains, dans le cadre de l’équité fiscale. « Si on n’instaure pas l’Etat-providence en Tunisie, nous ne connaitrons pas la paix », indique-t-il.

Que d’ambigüité politique !!!

Au niveau politique, le politologue regrette qu’il n’y ait pas de clarification au sujet de la séparation des pouvoirs. « Nos citoyens n’ont pas exercé la démocratie locale puisque c’est la capitale qui nomme les gouverneurs, les délégués et les maires.

Mais revenant sur le sujet du calendrier électoral, M. Riadh Sidaoui rappelle que depuis les élections du 23 octobre 2011, celui-ci n’a jamais été respecté. « Au départ, la date du 23 octobre 2012 était proposée, puis ce fut janvier 2013. On se rappelle aussi que le Premier ministre avait parlé de la fin de l’année 2013 et, cerise sur le gâteau, le président de la République Moncef Marzouki annonce, lors d’une interview accordée récemment à un quotidien jordanien, que les élections pourraient se tenir dans six mois ».

Et d’ajouter : « Tous ces reports font que les Tunisiens perdent confiance dans le calendrier électoral qui, faut-t-il encore le rappeler, est sacré dans d’autre pays. « Nous sommes l’unique démocratie au monde où les citoyens ne savent pas quand les élections se tiendront », signale-t-il.

Comment aboutir au consensus ?

Le seul moyen pour mener la barque à bon port est le consensus. D’ailleurs, il propose de tirer la leçon de l’expérience suisse qui, en 1959, a opté pour un gouvernement de coalition entre les différents partis (gauche et droite) durable, afin d’éviter la déchirure politique. Autrement dit, gauche et droite gouvernent ensemble depuis des décennies.

Publié le 10 décembre 2013, par l'Economiste Maghrébin

samedi 16 juin 2018

Qui finance Al Magharibya TV ?

Notre fil rouge c’est Rafik, fraichement diplômé de la LSJ, « The London School of Journalism ». Hargneux et amer et prêt à mordre, tellement déçu par la chaîne de télévision londonienne Al Magharibya TV auprès de laquelle il a postulé pour une place d’animateur mais selon son ami déjà employé par la chaine, Rafik ne serait pas assez présentable.

« Je suis pourtant beau gosse ! » grogne-t-il.  Il s’est mis à son compte comme il aime à le répéter à chaque début de phrase. Pour Rafik, se mettre à son compte veut dire, créer un compte « You tube », s’installer en face d’une caméra pour dénoncer tous azimuts les dérives du système algérien.

Derrière Al Magharibya, une immense toile d’araignée 

Rafik s’est penché sur le profil d’Al Magharibya TV et « … sans le vouloir vraiment, je suis devenu insatiable », affirme-t-il. « …Plus j’apprenais sur la chaîne, plus j’en voulais». Dans ses récits, il ne s’autorise pas de porter atteinte aux personnes employées par la chaîne avec lesquelles il entretient d’excellentes relations, alors à défaut d’être tout à fait rationnel, il est raisonnable, voire essentialiste pour ne se focaliser que sur le système des  réseaux et des ramifications de la télévision algérienne qui émet de Londres. Une véritable toile d’araignée, s’indigne-t-il et d’ajouter : « A toute chose malheur est bon, …je suis heureux qu’ils ne m’aient pas embauchés ».

Lui, l’excessivement prude, la bégueule, il est troublé pas sa première découverte : Al Magharibya n’existe plus, a – t-elle été dissoute ? Pour être tout à fait précis, c’est plutôt El Magharibia, avec un « E » au lieu d’un « A » et un « i » au lieu d’un « Y » qui a été dissoute. La différence est de taille : El Magharibia Press Ltd est le nom juridique de la société. Al Magharibya TV est le nom commercial de la chaîne.

El Magharibia Press Ltd a été créée le 26 septembre 2011 par une seule personne, son statut juridique est ce qu’on appelle dans le jargon du droit commercial, une SARLU, société à responsabilité limitée unipersonnelle. En clair, les parts sociales se retrouvent entre les mains d’une seule personne,   en l’occurrence Oussama Abassi de nationalité allemande, résident à Londres.
En sa qualité de fondateur, Oussama Abassi désigne deux directeurs tout court et un directeur exécutif (un rédacteur en chef). Respectivement, lui-même, un certain Mohammed Lassaad Malki, de nationalité belge (Gardez ce nom en mémoire, on y reviendra) et enfin, Salim Salhi, journaliste vivant en Angleterre depuis une bonne quinzaine d’années.

Est-il légal que la société soit dissoute mais que la télévision continue de tourner ? 

Rafik, notre journaliste londonien, n’est pas au bout de ses surprises. Il découvre que Le 23 octobre 2012, Oussama Abassi a introduit auprès du tribunal de commerce britannique une « compulsory strike-off » c’est une procédure obligatoire qui consiste à informer l’autorité compétente de la dissolution de la société dans un délai de 3 mois.  Le 5 février 2013, la société El Magharibya Press LTD est officiellement dissoute.  Est-il légal que la société soit dissoute mais que la télévision continue de tourner ?  S’interroge Rafik. Nous reviendrons à cette question un peu plus loin.
Le 13 décembre 2014, Salim Salhi annonce sa démission du poste de rédacteur en chef de la télévision Al Magharibya TV, mais il ne disparaitra pas des écrans de la chaîne pour autant.  S’agit-il d’une manœuvre qui augure d’un quelconque éventuel nouveau projet ? Pour le savoir, Rafik va embrayer sur un autre nom : Mohammed Lassaad Malki, le fameux deuxième directeur d’El Magharibia Press LTD.

Al Magharibya est-elle l’arbre qui cache la forêt ?  

Rafik manœuvre la pédale de débrayage afin d’établir la relation entre l’arbre moteur et l’arbre entraîné. Il va apprendre que quelques jours avant la création de la société El Magharibia Press LTD, une autre société a été créée pour les mêmes fins, c’est-à-dire lancer une chaîne de télévision. En effet, Le 16 août 2011, de son côté, Mohammed Lassaad Malki naturalisé belge, peu avant la création de la société d’Oussama Abassi, va créer à Londres une société au nom Juridique de « NEWINC Incorporation company » et au nom commercial d’ « Aurès TV ».

Le 16 août 2011, le jour même, il est nommé directeur de la société et le 17 août 2011, il désigne Adel Djebali (gardez ce nom en mémoire aussi, on y reviendra) au poste de directeur exécutif de la société « NEWINC Incorporation company ».

Le 2 mars 2012, Mohammed Lassaad Malki désigne pour Aurès TV deux directeurs : lui-même et Adel Djebali.

Le 12 novembre 2012, Mohamed Lassaad Malki lance la procédure de compulsory strike-off. Le 12 mars 2013, la société « NEWINC Incorporation company » est légalement dissoute. Pourquoi tant de sociétés écrans ? Pourquoi tant d’hommes de paille ?  Pourquoi tant de ramifications ?  Pour ne pas s’embrouiller, notre journaliste va suivre une seule piste avec un fil conducteur : Oussama Abassi, le noyau dur autour duquel tout semble tourner.

Les choses s’enchevêtrent, se compliquent, s’imbriquent quand Rafik découvre qu’Oussama Abassi avant de créer El Magharibia Press Ltd le 16 août 2011, qu’il a fini par dissoudre le 5 février 2013, il avait créé le 22 juin 2011 El Magharibia Ltd. Et boom ! Rafik commence à voir clair : En fait, contrairement à El Magharibia Press Ltd, El Magharibia Ltd est toujours active mais les associés ne sont plus tout à fait les mêmes, on retrouve Oussama Abassi avec comme associé non plus Mohammed Lassaad Malki mais Adel Djebali.

Souvenons –nous, Adel Djebali était aussi l’associé de Mohamed Lassad Malki auprès d’Aurès TV et de NEWINC Incorporation company» dissoutes le 12 mars 2013 mais ils vont anticiper la renaissance de la company le 1er septembre 2013 avec un autre nom : Awrass TV Ltd.  Adel Djebali y est maintenu comme membre associé mais Mohamed Lassaad Malki est remplacé par un certain Adel Mardassi, un suisse d’origine tunisienne. La société Awrass TV va être dissoute le 31 août 2014 mais ressuscitera sous un autre nom mais pour d’autres missions. Rafik a voulu s’en tenir à une seule piste et par voie de conséquence, il n’a pas souhaité s’attarder ici sur l’avenir de la société ressuscitée car il s’est avéré qu’elle dépend désormais d’une autre ramification.  « Ça sera pour une prochaine fois peut –être », lancera Rafik avec assurance.

La Fondation saoudienne « Confluence » 
                   
Cet imbroglio a une maison mère et c’est Adel Mardassi, le suisso-tunisien qui va nous y conduire. Nous voici enfin nez à nez avec une de ses filières, agissant en tant que financeur de la chaîne d’Oussama Abassi. La filière s’appelle « Fondation Confluence », créée tout à fait légalement à Genève. Dans ses statuts, il est mentionné que sa principale mission est de « soutenir des chaînes de télévision communautaires en Europe afin de promouvoir le dialogue intercommunautaire et culturel ».  Parmi les membres de son Conseil d’Administration, on retrouve le fameux Adel Mardassi, suisse d’origine tunisienne et Alghammas Hamad, Saoudien résident à Djeddah. Le wahhâbisme d’Al Saoud est bien la source qui irrigue la chaîne où la liberté d’expression n’a pas de limite ! Voilà comment ça se passe dans l’espace comme dirait Ghani Mahdi, l’animateur vedette d’Al Magharibya TV.

Publié le 4 mai 2016 par Cnpnews

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mercredi 13 juin 2018

Salim Khelifi a faim de jeu

de Marc Fragnière, publié le 13 janvier 2015

Le milieu de terrain inter­national suisse M21 espère emmagasiner des minutes sur les pelouses, ce printemps. (Photo EQ Images)  

Transféré de Lausanne à Brunswick lors du mercato hivernal 2014, le Vaudois entend désormais s'établir en Basse-Saxe.

Après avoir vu sa progression perturbée par une blessure en 2014, Salim Khelifi a repris lundi le chemin de l'entraînement, avec la ferme intention de s'installer dans une position de titulaire, alors que son club, actuel 4e en 2e Bundesliga, se battra pour réintégrer l'élite allemande, un an après l'avoir quittée.

Salim, quel bilan tirez-vous de votre première année en Allemagne?

Il est mitigé. En arrivant ici en février 2014, j'avais d'autres ambitions. Tout ne s'est pas passé comme je l'aurais voulu. Ma progression a été perturbée par des blessures, mais j'ai confiance en mes ­moyens. Maintenant, je suis OK physiquement: la situation va évoluer dans le bon sens.

Il n'a pas été approché par la Tunisie
A l'instar d'autres membres des sélections juniors suisses, Salim Khelifi possède une autre nationalité. Alors que le Cameroun avait tenté de recruter le Bâlois Breel ­Embolo pour disputer la Coupe d'Afrique des Nations 2015 dès ce week-end, la Tunisie n'a pas fait le forcing auprès de Khelifi. «Je suis l'actualité de la sélection et j'ai des contacts avec des joueurs, mais il n'y a pas eu d'approche officielle et, de toute manière, mon absolue priorité, c'est mon club », a dit le Vaudois. 

Que peut-on vous souhaiter pour 2015?

J'espère petit à petit m'installer comme titulaire lors du deuxième tour. J'ai discuté avec l'entraîneur et les dirigeants de ma situation, de mon envie d'obtenir plus de temps de jeu et ils m'ont assuré de leur soutien et de leur confiance.

«Notre religion, ce n'est pas ça!»

De confession musulmane, ­Salim Khelifi n'a, comme beaucoup de ses coreligionnaires, pas été insensible à la vague d'attentats qui ont frappé la France la semaine dernière. «En tant que musulman, je suis choqué. Ces terroristes n'ont rien compris. Notre religion, ce n'est pas ça!» s'est indigné le Suisse d'origine tunisienne. 

Il vous reste trois ans de ­contrat à Brunswick...

Oui, et on m'a redit qu'on comptait sur moi à l'avenir.

Une bonne nouvelle puisque vous semblez enchanté par votre nouvel environnement...

Clairement, tout me plaît ici. Les gens, la ville, le football allemand, l'ambiance au stade, je suis vraiment heureux ici.

Vous qui avez connu l'anonymat de la Pontaise, cela doit vous changer d'évoluer régulièrement devant plus de 20'000 spectateurs...

Oui, c'est fantastique! A ­Brunswick, les gens vivent pour le football. Le statut de footballeur se vit de façon complètement différente ici par rapport à Lausanne.

A Brunswick, il y a d'autres Suisses dans le contingent. Quelles sont vos relations avec Ohran Ademi et Saulo Decarli, que vous côtoyez aussi en équipe nationale M21?

Ohran vient d'être prêté à Ahlen. Pour des raisons de langue, j'étais moins proche de lui que de Saulo, qui parle très bien français et que je connais depuis les sélections juniors suisses.

Comme vous, Decarli navigue entre l'équipe première et la 2...

Comme moi, il a commencé la saison comme titulaire, puis a été blessé. Mais si tout se passe bien pour lui, je pense qu'il va retrouver son ancien statut ce printemps.

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dimanche 10 juin 2018

Moncef Genoud: «La musique occupe toute ma vie»

Harmonie Avec son nouvel album «pop songs», le pianiste de jazz genevois veut toucher le grand public. Rencontre avec un homme sensible et sûr. 







«

J'écoute là où je mets les pieds »

Entre seulement», lance Moncef Genoud en ouvrant la porte de son chalet de Chermignon, au-dessus de Sierre. Son tutoiement spontané résonne comme de la générosité: faire simple, ne pas s’encombrer. Allons-y donc pour le «tu». «Attention il y a un meuble ici», prévient-il en le pointant du doigt. Lui est non-voyant. Ce n’est pas avec les yeux, dit-on, que l’on voit le mieux.

Moncef, c’est quoi la musique pour toi?
C’est toute ma vie. Elle est dans ma tête tous les jours, à chaque instant. J’ai toujours une oreille attentive à la musicalité. Un oiseau chante, quelqu’un rigole: ha ha ha ha hao ha ha ho! Ce sont des notes. On peut en faire quelque chose.

Les bruits aussi te parlent?
Oui, par exemple mon morbier devient un métronome: tic-tac, tic-tac… (il claque des doigts en même temps). C’est du quatre temps. On peut s’amuser à faire des rythmes de batterie dessus.

Et le silence?
La nuit, dans cette pièce très haute qui résonne bien, c’est un truc incroyable d’écouter le silence. Je n’y trouve pas de musique, mais de la réflexion. Ou parfois rien. Juste penser à rien et être comme ça, être là.



Moncef Genoud improvise au piano dans son chalet de Chermignon, au-dessus de Sierre, pendant que le photographe Adrian Streun le "mitraille" pour Coopération.

Qu’est ce qui influence ta musique?
Les promenades à pied ou à ski au grand air. Tu ne parles pas, tu es centré sur ta respiration. J’écoute là où je mets les pieds. Après une balade, je joue de manière plus flottante ou volante.

Pourquoi reprendre des tubes de Police ou de John Lennon dans ce nouvel album?
Je voulais m’essayer à cet exercice, et aussi toucher le grand public. Tout le monde reconnaît l’air de Message in a Bottle, de Police, ou Imagine, de John Lennon. Du coup, ça initie les gens au jazz. Ils aiment bien ce disque.

C’est uniquement pour plaire aux gens?
Non, j’aime ces chansons. Certaines comme Smells Like Teen Spirit, de Nirvana, ce sont mes élèves du collège qui me les ont fait découvrir. J’écoute beaucoup de musiques, du jazz bien sûr – Chick Corea, Brad Mehldau, Bill Evans – mais aussi du classique – Mozart, Ravel – et du rock, de Pink Floyd à Supertramp en passant par Memphis Slim et AC/DC. Partout, il y a des trucs à piquer.

Et la musique folklorique suisse?
Oui et non. J’aime bien le son du cor des Alpes. Et certaines fanfares en Valais où il y a d’excellents musiciens. Mais le folklore typique, pas plus que tant!

Comment «jazzéifie»-t-on une chanson?
Il faut se l’approprier en la jouant différemment. En triturant la mélodie, la rythmique, les harmonies… Mais avant, il faut apprendre à la jouer telle quelle. Ensuite on peut en faire ce que l’on veut!

Comment se passe ton travail avec les jeunes?
Je travaille au collège à 80% avec des 16–20 ans. Plus jeunes, je n’aime pas trop. Je suis directif ou sympa avec eux. Le programme scolaire est assez rigide. Mais j’aime bien les sensibiliser à ma vie un peu allumée de musicien. Je leur raconte des anecdotes de tournées. Ça leur plaît bien.

Et côté famille: tu as des enfants?
Oui, trois. Mais je n’ai pas vraiment de vie de famille. Ils viennent me voir au chalet à Chermignon. Pendant quinze ans j’étais en tournée entre le Canada, les USA, l’Afrique, le Japon… À 35 ans, j’ai pu me stabiliser grâce à ce boulot au collège qui me laisse pas mal de temps libre. Mon père adoptif m’avait forcé à terminer un papier d’enseignant en musique. Ça a finalement servi!

Par rapport à ta cécité, la musique t’a-t-elle été utile?
C’est un moyen de communication, mais ça l’est tout autant pour un voyant. La musique m’a ouvert des portes. Mais c’est idem pour tous: celui qui n’a rien pour se démarquer passe inaperçu.



Tu as quand même eu de la chance!
La musique m’a aidé à surmonter des moments de tristesse. Elle fait passer le temps aussi. Quand je suis au piano, je ne le sens plus. Pour quelqu’un qui n’a pas de passion, peut-être le temps est-il plus long?

Quel regard portes-tu sur ton parcours?
Je suis content d’avoir pu apporter quelque chose aux gens. Je remercie mes parents adoptifs de m’avoir donné accès au savoir suisse, au sport, à une vie bien agréable!

En concert avec Gabriel Scotti (basse) et Valentin Liechti (batterie): 21 mars, Ferme Asile, Sion; 28 mars, Chorus Club, Lausanne; 10 avril, Cully Jazz Festival. «Pop Songs» sur iTunes ou Discoclub à Genève. www.moncefgenoud.com

4 dates importantes pour le pianiste

1961 Naissance à Tunis. Non-voyant, il est adopté à 2 ans par une famille genevoise.
1989 Premier disque. Il se fait remarquer dans les milieux du jazz et jouera partout dans le monde.
2010 Il rencontre son amie avec qui il partage sa vie. Moncef a trois enfants. Le premier est né en 1988.
2015 Sortie de son 12e disque «pop songs», où il reprend du Police, Jimi Hendrix, The Doors, Nirvana…

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jeudi 7 juin 2018

Rachid Hamdani prié de verser 140'000 dollars à son avocat

 Par Christine Talos, publié le mardi 29 janvier 2013

 

 Rachid Hamdani devant sa maison de Crans-près-Celigny en avril 2010. (Photo: Keystone)

Ex-otage en Libye Le Suisse d'origine tunisienne, retenu en otage durant 19 mois en Libye avec Max Göldi durant la crise entre Berne et Tripoli, est traîné devant la justice à Nyon par l'avocat des deux hommes. 

Saleh Zahaf, l'avocat libyen des deux hommes arrêtés en juillet 2008 puis retenus en otage durant la crise entre la Suisse et la Libye suite à l'arrestation d'Hannibal Kadhafi à Genève, réclame 140'000 dollars à l'un deux, en l'occurrence Rachid Hamdani, selon le site de la RTS mardi. Le cas sera tranché par le juge de paix du district de Nyon jeudi.

Rachid Hadmani avait reçu un commandement de payer de la part de Saleh Zahaf, qui le représentait en Libye durant la période où il était pris en otage. Mais il avait immédiatement fait opposition. Son avocat, Me Nicola Meier, a expliqué à la RTS «que la procédure n'était pas fondée et était immorale, compte tenu de ce que son client avait subi en Libye».

Menaces en Libye

De son côté, Saleh Zahaf a justifié sa demande en affirmant que les deux ans où il a représenté les otages suisses ont été «les années les plus dures de sa vie» et qu'il avait reçu des menaces pour les avoir défendus. En outre, il a affirmé avoir reçu de l'argent d'ABB, la firme qui employait à l'époque Max Göldi, l'autre otage.

L'avocat libyen a présenté toute une série de documents à la RTS dont un texte, signé par Rachid Hamdani, dans lequel celui-ci s'engage «à payer les montants des factures susmentionnées pour les services juridiques rendus» par Saleh Zahaf. C'est ce document qui a provoqué la mise aux poursuites de l'ex-otage.

Mais selon l'avocat de Rachid Hamdani, celui-ci a été contraint de signer le document. Il a également relativisé le rôle joué par l'homme de loi libyen. Selon lui, c'est surtout la Confédération qui a permis la libération des deux hommes, en février 2010 pour Hamdani et en juin 2010 pour Max Göldi.

lundi 4 juin 2018

Fonds ben ali : La liste noire

Publié vendredi 21 janvier 2011 à 23:39.

Mohamed Sakhr El Materi y figure. Son père Moncef El Materi, aussi. Ou encore Belhassen Trabelsi. L’ordonnance du 19 janvier du Conseil fédéral qui prône le gel des avoirs du clan Ben Ali comprend une liste d’une quarantaine de noms. A part l’ex-président Ben Ali et sa femme Leila Trabelsi, y sont notamment cités leurs enfants Nesrine et Halima, les trois enfants issus d’un premier mariage de Zine el-Abidine Ben Ali, ses frères et sœurs, de même que le clan Trabelsi et des membres de grandes familles proches du couple présidentiel. Moncef El Materi, président du Conseil d’administration de Nestlé Tunisie depuis 2006, a quitté ses fonctions au lendemain de la publication de la liste noire, a révélé le Blick. Nestlé confirme. Et affirme qu’il a démissionné «de son plein gré». PDG de Adwya, leader des industries pharmaceutiques en Tunisie, Moncef El Materi est un ami de promotion de Zine el-Abidine Ben Ali à l’Ecole militaire de Saint-Cyr. Et a surtout été l’un des organisateurs de la tentative du coup d’Etat contre le président Habib Bourguiba en 1962, pour lequel il avait été condamné à mort, puis gracié. Autre personne visée: Belhassen Trabelsi, frère de Leïla, propriétaire de compagnies aériennes, d’hôtels et de chaînes radio-TV. WikiLeaks le décrit comme «le membre le plus connu de la famille, qui serait impliqué dans un grand nombre de faits de corruption». Sofiane Ben Ali , neveu du président déchu, y est également. Selon des Tunisiens, il aurait été aperçu en début de semaine à Genève, près d’une banque HSBC.

Ridha Ajmi, avocat suisse d’origine tunisienne, a, dans sa dénonciation pénale au Ministère public de la Confédération, établi sa propre liste. Très différente. Il juge celle du Conseil fédéral «incomplète, car elle exclut notamment les hommes politiquement engagés pendant la période de la dictature». La sienne vise aussi des ministres encore au pouvoir. Et comprend le nom de Mohamed Ben Ali , né en 2005. Un enfant du couple présidentiel que le Conseil fédéral n’a pas inscrit sur sa liste. 

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vendredi 1 juin 2018

SwissLeaks : que révèlent les listings tunisiens ?

Enquête

Le scandale de l’affaire HSBC Private Bank Suisse touche aussi la Tunisie. Une liste de 256 clients a pu être établie dont des membres du clan Trabelsi et Ben Ali, des traders, des hommes d’affaires.


La banque suisse HSBC a compté parmi ses clients des membres influents du clan Trabelsi-Ben Ali. 

L’argent ne connaît pas de frontières. Un nouveau volet dans l’affaire SwissLeaks permet de mesurer l’ampleur des informations contenues dans les listings fournis par un informaticien de la banque, aux autorités françaises fin 2008. En tout, 203 pays sont concernés et un montant de 250 milliards de dollars est en jeu. La Tunisie en fait partie. Une liste de 256 clients détenant un total de 679 comptes a été établie. 142 noms de personnes physiques et 32 noms de sociétés offshore, toutes en lien avec la Tunisie ont été identifiés par les autorités françaises. Ces informations ont été obtenues par Le Monde.

C’est une liste de personnes ordinaires au milieu de laquelle les noms d’hommes d’affaires importants apparaissent. Parmi eux, on retrouve aussi les noms de membres du clan Ben Ali-Trabelsi. Petite sélection des noms tunisiens du SwissLeaks. L’affaire SwissLeaks éclate en 2008, quand un ancien informaticien de la banque, Hervé Falciani, remet aux autorités françaises des listes de noms de clients de la HSBC Private Bank (Suisse). En tout, une liste de 106 458 clients dans 203 pays. Une partie des clients sont en règle avec la loi, d’autres sont des évadés fiscaux.

L’affaire et les chiffres en Tunisie

Pour la période d’activité 2006-2007, on décompte un total de 256 clients en lien avec la Tunisie : de part leur nationalité, leur lieu de naissance ou leur résidence. Au total, 679 comptes sont reliés à la Tunisie. Une liste de 230 comptes contenant de l’argent, de 142 noms de personnes physiques et de 32 sociétés offshore a été dressée. La somme totale s’élève à plus de 554 000 000 dollars.

Pour les personnalités tunisiennes, la somme totale s’élève à plus de 52 000 000 dollars. Les profils des clients sont divers : femme au foyer, retraité, commerçant, bijoutier, manager, employé de banque, médecin, négociant en diamant, journaliste, étudiant en pharmacie… Si les comptes concernent des Tunisiens vivant en Tunisie et à l’étranger, la majorité est reliée à des personnes de nationalité française ou autre, nées en Tunisie, ce qui explique leur lien avec les listings tunisiens. La première ouverture de compte recensée dans les listings tunisiens date de 1969. Certains comptes ont été fermés depuis. Pour d’autres, aucune date de clôture n’est indiquée, ce qui laisse penser que les comptes étaient toujours en activité en 2007.

Le clan Ben Ali-Trabelsi

Au milieu de la liste d’anonymes, une poignée d’individus ressort : cinq personnes proches de l’ancien régime et qui sont toutes concernées par une ordonnance du Conseil fédéral suisse. Cet organe exécutif de la Confédération suisse s’occupe, entre autres, de la politique étrangère de son pays. Il a gelé les avoirs d’une liste de ressortissants tunisiens, proches de l’ancien régime. En janvier 2011, quelques jours à peine après le départ de Ben Ali, le Conseil fédéral suisse a pris une mesure coercitive, afin de geler les avoirs et les ressources économiques de « certaines personnes originaires de Tunisie » . Cette ordonnance n’avait effet que jusqu’en janvier 2014. Belhassen Trabelsi est en tête du groupe des membres du clan de l’ancien régime, mentionnés dans la liste. Le frère de Leila Trabelsi est un homme d’affaires, fondateur du groupe Kartago, un groupe d’entreprises dans les secteurs de l’aviation, de l’hôtellerie, du secteur bancaire ou encore de la communication… Son compte est le deuxième plus fourni de la liste des clients de nationalité tunisienne. Belhassen Trabelsi a ainsi ouvert un compte, en juin 2006. Sur la période couverte par les fichiers, et qui s’étend jusqu’à l’année 2007, le crédit du compte a atteint jusqu’à 22 083 648 dollars.



Son nom est également lié aux comptes de deux trusts : Kaffal Trust et The Kassar Trust, pour lesquels aucune indication d’ouverture de compte ou de montant n’est mentionnée. Difficile d’avoir des réponses, son avocat Me Hédi Lakhoua, joint par téléphone, a refusé de répondre à des questions concernant son client, évoquant un droit de réserve. Jusqu’à aujourd’hui, nos recherches ne nous ont pas permis de domicilier ces trusts. Belhassen Trabelsi a fait l’objet de poursuites judiciaires en Tunisie.
Le nom de sa femme, Zohra Jilani, se trouve également dans le listing avec un compte à son nom, mais sans indication de date d’ouverture et de montant. Elle est la fille de Hédi Jilani, ex-président de l’Utica, lui aussi concerné par la mesure suisse. Autre membre du clan, touché par les mesures coercitives, présent dans la liste : Montassar Maherzi, époux de Samira Trabelsi, sœur de Leila Trabelsi. Là aussi pas de mention de date d’ouverture ni de montant et impossible d’entrer en contact avec l’intéressé ou avec un représentant de la famille. Moncef Mzabi, homme d’affaires, PDG de nombreuses sociétés du groupe Mzabi, notamment en charge de la représentation officielle du groupe Renault-Nissan en Tunisie, est également présent dans le listing. Un site Web à son nom décrit l’homme, sa carrière et ses réalisations. Moncef Mzabi y est présenté comme un « homme d’affaires hors pair ». Il est lui aussi concerné par l’ordonnance du Conseil fédéral suisse.



En janvier 2004, un compte est ouvert à son nom. Le montant le plus haut sur le compte atteint les 9 684 403 dollars. En « voyage » depuis des semaines M. Mzabi n’a pas pu entrer en contact avec nous directement. Pourtant, il semblait enclin à répondre aux questions afin de « défendre son honneur », comme nous l’a expliqué le représentant légal d’Artes, société du groupe Mzabi, qui a confirmé avoir transmis nos questions à l’intéressé. Autre membre du clan touché lui aussi par la décision de la justice suisse, Moncef el Materi. Ancien haut officier de l’armée tunisienne, condamné à mort, puis gracié, lors d’un procès très médiatisé, pour tentative de coup d’Etat sous Bourguiba, cet homme d’affaires est le père de Sakher el Materi, l’époux de Nesrine Ben Ali, fille du président déchu. Il a créé, avec son frère, une entreprise pharmaceutique, Adwya, avant d’être évincé de la direction générale, en 2011, pour « mauvaise gestion ».

Il est en fuite en France à la suite d’un jugement par contumace qui l’a condamné à huit ans de prison et 31 millions de dinars d’amende pour possession d’armes et trafic de pièces archéologiques. Un compte a été ouvert au nom de Moncef el Materi, en novembre 2006 à la HSBC Private Bank. Mais le listing ne comporte aucune indication quant à la somme. Nous avons essayé d’entrer en contact avec un avocat ou un membre direct de la famille après avoir discuté avec Tarek el Materi, neveu de Moncef el Materi. Il explique transmettre la demande à l’un des descendants de Moncef El Materi, mais nous n’avons jamais reçu de retour.

Les hommes d’affaires

Les membres du clan Trabelsi-Ben Ali ne sont pas les seuls présents dans la liste des comptes de la HSBC Private Bank. L’homme d’affaires Tarek Bouchamaoui, ancien président de la commission d’arbitrage de la Confédération africaine de football (CAF) arrive en tête de liste. Le frère de Wided Bouchamaoui, à la tête de l’Utica (syndicat des patrons), possède un compte ouvert à son nom, en juillet 2004, et qui enregistre un dernier mouvement en mai 2007. Le plus haut solde s’élève à 48 862 484 dollars. Selon le listing de la banque, M. Bouchamoui est domicilié en Égypte. Il est présenté, dans le listing de la banque, comme le directeur général du groupe familial du même nom.



Tarek Bouchamaoui a en réalité quatre comptes clients reliés à son nom. En plus de son compte personnel, deux comptes sont attachés à une filiale du groupe familiale, Hédi Bouchamaoui and Sons (HBS International Ltd), dont l’un des deux a été ouvert en juin 1996 et un quatrième compte pour une société offshore, le trust Mellow Trust. Selon les listings, ces trois sociétés sont hébergées aux Bahamas. Aucune information sur la somme exacte déposée n’existe pour ces trois comptes. Malgré plusieurs tentatives pour entrer en contact avec lui, nous n’avons pas pu le joindre.

Finalement seules deux des personnalités dont le nom apparaît dans la liste ont accepté de nous recevoir. Elles témoignent toutes les deux des pratiques de la banque. Youssef Zarrouk est un homme d’affaires, aujourd’hui à la retraite. Son nom a été médiatisé après une enquête journalistique. Il y fait état de commissions perçues en tant qu’intermédiaire dans le cadre d’un marché remporté par le constructeur Gautrain, pour la construction d’un train, en Afrique du Sud. M. Zarrouk reçoit et répond aux questions sans difficulté, mais après s’être assuré, de « l’honnêteté de la démarche ». Tout comme Moncef Mzabi, il prétend avoir subi des tentatives d’extorsion. Quand il se présente, il explique son métier sans embarras. « Je me mets entre une entreprise et un acheteur » et il prend de l’argent pour ses services. Il est intermédiaire et ne s’en cache pas.

Ses liens familiaux ont sans doute aidé : oncle de Zohra Jilani, femme de Belhassen Trabelsi et fille de Hédi Jilani, l’ex président de l’Utica. Questionné sur l’existence d’un compte à l’étranger, il rétorque : « J’ai en même plusieurs. Je suis résident à l’étranger depuis mes 20 ans, en France et au Koweït. »
Il a effectivement eu un compte à la HSBC Private Bank ouvert en juin 2006 et dont la somme maximale a atteint 3 299 278 dollars. Son compte a été fermé en 2009 ou 2010, il ne se rappelle pas exactement : « C’était à l’époque où la banque se débarrassait de nous, les Arabes, qui n’avaient pas assez d’argent ». Autre nom sur la liste, celui de Samir Abdelli, avocat d’affaires, travaillant sur des contrats pétroliers et ex-candidat à l’élection présidentielle 2014. Il reçoit tout sourire dans son cabinet, aux murs duquel sont encore accrochées quelques affiches de campagne.
Selon la liste, il détient un compte à son nom à la HSBC Private Bank. Ouvert en juillet 2006, il ne semble avoir servi que dans le cadre d’une transaction bancaire unique d’un montant de 80 000 dollars. L’avocat commence par prétendre ne pas être au courant de l’existence de ce compte. Seule possibilité selon lui : un client l’aurait ouvert afin d’y déposer des honoraires, sans doute lorsqu’il était résident à Dubaï, comme il l’est toujours actuellement. « Il n’y a ni fraude ni évasion fiscale, car même si ces fonds étaient rapatriés ils ne seraient pas imposables », finit-il par expliquer.



« En tout état de cause, étant non-résident et mes activités d’avocat international dans le contentieux, l’arbitrage, négociation et cautionnement de marché d’audit légal, pouvant être la raison d’instauration d’un compte d’attente avec des montants similaires à la demande d’un confrère ou d’un client étranger, nous ne pouvons pas vous confirmer l’existence d’un tel compte sans vérification avec la clientèle de l’époque », explique Samir Abdelli, dans un e-mail envoyé le lendemain de notre rencontre. Mais là encore, d’après les informations du listing, M. Abdelli est enregistré avec un document tunisien et donc comme résident en Tunisie. L’avocat affirme le contraire et prétend qu’il était déjà résident à Dubaï à l’époque, comme il affirme l’être encore aujourd’hui.

Le démarchage de la banque

Youssef Zarrouk explique rapidement le système de démarchage de la banque : « Une femme de la banque est venue me voir pour ouvrir des trustees. Ce que j’ai fait, au nom de mes enfants, mais sans jamais mettre un sou dessus. C’était une arnaque ». Sa fille et son fils sont également sur la liste. Pour Kmar, il s’agit d’un numéro de compte différent mais comportant exactement la même somme que le compte de son père. Mahmoud, le fils, n’est pas au courant de l’affaire. Sur la défensive, il refuse de répondre. Son père coupe court : « C’est moi qui ai ouvert ce compte ». La somme déposée est dérisoire en comparaison aux autres, le compte, ouvert en septembre 2006, affiche un solde de 3 415 dollars.

Youssef Zarrouk explique que la banque essayait d’approcher les clients tunisiens fortunés, elle proposait des cartes de paiement « platinum », une approche qui collait avec le « show off que les Tunisiens apprécient » et la banque « faisait même des trafics de change » en récupérant des dinars tunisiens qui étaient ensuite convertis. Interrogé sur la légalité de son compte, il explique ne pas être résident en Tunisie et n’être assujetti ni au fisc tunisien, ni au fisc français. M. Abdelli explique être également au courant du système des montages financiers complexes proposés par la banque, pour mettre les avoirs, des clients approchés, à l’abri des autorités fiscales de leur pays.

D’autres noms

D’autres comptes existent sur les listings avec des sommes importantes comme le compte de Saber Daboussi, trader tunisien basé en Suisse, et dont le plus haut montant enregistré en 2007 avoisine les 20 000 000 dollars. Ou encore Temimi Kablouti, Algérien naturalisé Tunisien en octobre 1998, travaillant dans le secteur audiovisuel. Son compte, ouvert en novembre 1998, présente un solde de plus de 5 000 000 dollars. M. Kablouti a expressément demandé à la banque de ne pas le contacter en Tunisie comme on peut lire dans la case destinée aux commentaires du chargé du compte sur ses clients.

Salaheddine Bashir Gherfal, de nationalité libyenne, possède un compte personnel de plus de 3 000 000 dollars et est également représentant légal de deux sociétés, basées dans les Iles Vierges britanniques. Le montant présent sur les comptes n’est pas indiqué. Il est également relié à la société Assicom Sarl, domiciliée au 22, rue Alain Savary à Tunis et dont le compte, ouvert en septembre 2004, affiche un solde de 1 596 069 dollars. Le Franco-Tunisien Slim Bourricha, fabricant de yacht, est également cité dans le listing pour un compte ouvert en novembre 2002 et qui présente un solde de 957 806 dollars. Pour d’autres comptes, présents sur les listings tunisiens, il n’a pas été possible de remonter jusqu’aux propriétaires.

Par Inkyfada.com, partenaire du Monde Afrique, publié le 11 févvrier 2015. 
Crédits photos : ARND WIEGMANN / REUTERS